La tragédie — une forme artistique pour ceux qui aiment la vie
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La tragédie — une forme artistique pour ceux qui aiment la vie

Le 31 Oct 2025
Article publié pour le numéro
Howard Barker -Couverture du Numéro 57 d'Alternatives ThéâtralesHoward Barker -Couverture du Numéro 57 d'Alternatives Théâtrales
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LA TRAGÉDIE déteste la poli­tique. La tragédie déteste les bonnes inten­tions. Elle déteste tout ce qui démon­tre la solu­tion. Elle déteste donc l’in­dus­trie du plaisir, l’in­dus­trie des loisirs, l’in­dus­trie de l’har­monie et l’in­dus­trie de la réc­on­cil­i­a­tion. La tragédie est le spec­ta­cle de la douleur ren­due exquise par l’art. Par con­séquent, tout homme poli­tique, soci­o­logue, réfor­ma­teur social, tous ceux qui aspirent au plaisir et au bruit la détes­tent. Le son de la tragédie est le silence brisé par la voix humaine. La voix humaine n’est pas un bruit.

La vision de la tragédie est le corps humain empalé sur un axe de douleur. La danse n’est pas de la tragédie. La tragédie doit être la parole. Le bruit et la danse sont les rythmes alar­mants des démoc­ra­ties qui s’ef­fon­drent de par leur sim­ple ambi­tion absurde

LE CARNAVAL PERMANENT.

La tragédie restitue l’in­di­vidu à lui-même.

La tragédie com­mande le silence. Nous sommes proches d’une perte de silence. La tragédie rem­place le bruit par la res­pi­ra­tion. Elle ôte le voile de la mort et proclame donc la pre­mière de toutes les lib­ertés qui est la con­nais­sance de la mort. Elle rem­place les plaisirs du sexe par le sup­plice du désir. Par con­séquent, elle expose la futil­ité de la grat­i­fi­ca­tion, la pornogra­phie, l’e­scro­querie de !‘encu­lage démoc­ra­tique. La tragédie hum­i­lie le jeu télévisé, la comédie, le con­cours de beauté, l’émis­sion éduca­tive, les chaînes d’in­for­ma­tion, le rassem­ble­ment poli­tique, les par­ti­sans, les ter­ror­istes, tous ceux donc la seule ambi­tion absurde est de don­ner

LA SOLUTION A LA VIE.

La tragédie est donc une forme d’art pour ceux qui aiment la vie. Peut-être n’y en a‑t-il que peu qui aiment la vie ? Il ne faut pas faire cette pos­si­bil­ité. La tragédie nous oblige à con­tem­pler l’abîme de notre soli­tude.

Beau­coup d’en­tre nous ne la sup­por­t­ent pas. Selon eux, le plaisir est un refuge. La tragédie ne con­naît aucun plaisir mais con­naît beau­coup d’ex­tase. Que cette extase provient de la douleur, la tragédie seule le sait.

La tragédie nous fait pleur­er, et ces pleurs ne sont pas un pacte sen­ti­men­tal entre pub­lic et met­teur en scène, ce sont des pleurs non sol­lic­ités qui coulent du spec­ta­cle de la vie non résolue. La tragédie seule con­naît le secret de l’ex­is­tence. Ce secret est que la vie ne suf­fit pas.

Nous ne pou­vons tolér­er longtemps ce secret. C’est un secret que l’on décou­vre seule­ment dans un endroit dont le but exis­ten­tiel est le secret, qui est l’apothéose du secret, où tous ceux qui bougent et qui jouent sont con­sumés par le secret. Cet endroit, c’est

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Howard Barker -Couverture du Numéro 57 d'Alternatives Théâtrales
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