« Je trouve que toute écriture est à dire et à mettre en espace. Je n’ai aucune restriction là-dessus, je trouve que tout est à explorer et à tester. Je crois qu’une voie d’équivalence orale est possible pour chaque texte, c’est presque un postulat dans mon travail, je sens ça impérativement. »
Monique Dorsel.
Monique Dorsel, depuis plus de 30 ans, sort les mots de la page, de ces oubliettes où ils se fourrent le plus souvent. Au Théâtre-Poème, tout texte doit se mouvoir dans l’espace comme un être de chair, une substance à observer, à entendre. Monique traque le vivant, sans cesse sur les traces de l’actualité, de son bouillonnement d’où qu’il vienne. Cette effervescence, ce sont aussi les hommes, les femmes qui l’entourent, c’est une équipe qui parcourt avec elle toutes ces années, et assure par la voix, l’art du texte, sa subsistance. D’abord on passe sous un long porche où sont affichés visages, lettres annonces de conférences, de spectacles, rencontres…
Le passant de ce quartier distingue à peine le théâtre des autres maisons. On entre là comme chez soi. Après le porche, quelques pas à ciel ouvert, et puis un petit hall, et de part et d’autre de celui-ci, d’un côté, deux pièces en enfilade, — dont l’une, surélevée, peut servir de scène, espace-cabaret —, et de l’autre, un grand espace parsemé de tables, bancs, et à nouveau une scène, plus grande. Là, se déroulent les rencontres avec auteurs, philosophes, poètes, éditeurs… ainsi que des lectures, des repas-spectacles…
On est bien, là. On a envie de s’asseoir, boire un verre, entendre…
C’est le rez-de-chaussée d’une maison d’arrière-cour. (La maison de l’avant, ce sont les bureaux, les costumes, fourmilière qui permet à l’arrière de déployer la parole.)
Au dessus, à l’étage, sous les combles, c’est le théâtre. Un long plateau pour environ quatre-vingt personnes.
Antre noire que la parole en corps vient aviver.
Laurence Vielle et Gwenaëlle Stubbe.

