Les Halles de Schaerbeek : de fer et de verre

Les Halles de Schaerbeek : de fer et de verre

Le 15 Oct 1998

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Théâtre en images-Couverture du Numéro 58-59 d'Alternatives ThéâtralesThéâtre en images-Couverture du Numéro 58-59 d'Alternatives Théâtrales
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L’AUTEUR DE CES LIGNES a un rap­port par­ti­c­uli­er avec les halles de Schaer­beek. Sen­ti­men­tal, peut-être, comme toute per­son­ne qui, un jour ou l’autre, a été amenée à pénétr­er dans ce lieu, surtout lorsqu’il est vide et éclairé par la lumière du jour. De voisi­nage aus­si car, depuis vingt ans, il vit à quelques cen­taines de mètres de là. Pro­fes­sion­nel enfin car le dossier « Halles des Schaer­beek. Pro­jet d’aménagement du marché cou­vert » fut en 1973 le pre­mier qu’il eut à traiter comme fonc­tion­naire de la Com­mis­sion française de la Cul­ture, insti­tu­tion aujourd’hui dis­parue qui racheta peu après l’immeuble à la Com­mune de Schaer­beek avant de le céder dix ans plus tard à la Com­mu­nauté française.
Ce pro­jet était l’initiative d’une poignée d’individus par­mi lesquel­sJo Dek­mine qui se sen­tait de plus en plus à l’étroit au Théâtre 140 qu’il dirigeait. Dek­mine voy­ait les halles tout à la fois comme une tente berbère, une gare de triage ou une place publique cou­verte où s’organiseraient des fêtes, où l’on pour­rait manger des oranges en pleine nuit, où des chanteurs se pro­duiraient à l’improviste pen­dant que se cuiraient des omelettes ou des gril­lades. Bref, un « espace poly­va­lent » avec la poésie en plus. C’était le temps où la cul­ture mourait à petit feu à force de se con­tem­pler en vase clos dans des fau­teuils de velours numérotés et rivés au sol. La rap­procher de la vie et des gens sem­blait urgent à tous ceux qui red­outaient son naufrage.
L’auteur de ces lignes racon­ta sa pre­mière vis­ite des halles en ces ter­mes : «…il y a des choses dont on se sou­vient comme si c’était hier.Je vous fais grâce de la nomen­cla­ture de ces événe­ments dont le car­ac­tère privé… cadre mal avec un texte qui est celui d’un fonc­tion­naire. Mais ce que je peux dire avec cer­ti­tude, c’est que le moment pré­cis où je suis entré dans les halles fait par­tie de cette liste. Tout s’est passé comme si le car­ac­tère pub­lic de ma fonc­tion (instru­ire un dossier) rejoignait le car­ac­tère privé de son exer­ci­ce (ressen­tir des émo­tions) dans une osmose par­faite. Ce que je retiens, c’est pré­cisé­ment l’espace.Je par­le d’espace en terme d’étendue, comme quand on se trou­ve au milieu d’un désert et qu’on éprou­ve cette impres­sion d’immensité sans lim­ites… Prob­a­ble­ment en rai­son de la lumière dans laque­lle baig­naient les halles ce jour-là. Les rayons de soleil tra­ver­saient la ver­rière et éclabous­saient le sol. La struc­ture métallique et les vit­res brisées se dres­saient comme un décor qu’on aurait oublié de démon­ter pen­dant des années après le spec­ta­cle. Il y avait un vieux camion de pom­pi­er Min­er­va, une voiture hors d’usage et quelques con­struc­tions par­a­sites qui avaient dû abrit­er des bureaux. On évolu­ait dans ce décor comme sous des pro­jecteurs ani­més par la con­science d’une mis­sion à rem­plir : sauver ce bâti­ment et y faire quelque chose qui ren­con­tre sa voca­tion pre­mière…»
Des années de négo­ci­a­tions et de pal­abres insti­tu­tion­nelles, durant lesquelles se suc­cédèrent des min­istres remet­tant en cause les options de leurs prédécesseurs, s’écoulèrent alors avant qu’une pre­mière réno­va­tion des halles voit le jour le 26 octo­bre 1985. De 1973 à cette date, cet ancien marché cou­vert conçu en 1865, détru­it par le feu en 1898, recon­stru­it en 1901, désaf­fec­té en 1920 et recon­ver­ti en entre­pôt com­mu­nal, vaste chapiteau de fer, de verre et de pierre, joy­au de l’architecture indus­trielle, fut, en quelque sorte, « squat­térisé » par des créa­teurs ou des asso­ci­a­tions cul­turelles mul­ti­ples allant de groupe­ments immi­grés aux théâtres d’avant-garde en pas­sant par des cirques, des forums ou des ate­liers créat­ifs pour enfants du quarti­er. Cette occu­pa­tion n’avait de sauvage que l’apparence puisque, se déroulant dans l’inconfort de lieux où s’engouffraient tout à la fois le soleil et le vent, elle était régie par une équipe d’animation menée par Philippe Grombeer, directeur, agis­sant ellemême sous la férule du con­seil d’administration de l’asbl Halles de Schaer­beek.

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15 Oct 1998 — Julie Birmant: Tu m'as dit avoir choisi de faire du théâtre, avant tout parce que c'était un moyen de t'affranchir…

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