GRINCEMENTS ET AUTRES BRUITS, Ce sont cinq courtes pièces sur la banalité, le quotidien. La banalité, oui, mais … Il y a quelque chose « qui cloche » dans cette banalité, quelque chose d’indéfinissable qui crée comme un malaise.
On pourrait dire « c’est la vie » — cela ressemble à la vie en tout cas — et ça ne parle que d’amour mais.
Parfois on se dit « mon dieu, comme ces gens ont l’air de ne pas s’aimer. »
Nous avons eu envie de faire ressentir ce malaise, en introduisant différents décalages dans l’esthétique du décor (des décors). Cela commence en noir et blanc, comme une photo banale, une vue de la ville, déformée par une trame à gros points (comme dans Le journal).
Peu à peu, des éléments se relèvent, à partir du sol, très colorés comme des parties de maison, mais à une échelle « trop petite », au milieu desquels les acteurs deviennent maladroits, trop grands, décalés.
Chacune des pièces de théâtre devient la pièce d’une maison et peu à peu on construit cette maison. comme un jeu.
À partir de cinq pièces de théâtre qui ont l’air de ne rien avoir à faire « ensemble », construire quelque chose, un semblant de maison — mais une maison trop petite.
Et dans cette maison trop petite, les acteurs sont représentés à plat, comme figés dans des instants du quotidien.
Les acteurs jouent avec eux-mêmes, avec leur réplique qui apparaît, peinte sur le décor et qui les éloigne d’eux-mêmes.
«À plat (la peinture), mais en perspective (l’illusion)».
Et il ne se passe rien, on pourrait dire, sauf qu’à la fin, ils s’aiment quand même, ils dansent devant la maison terminée mais oh combien fragile — illusoire.
« Elle m’a donné le goût de prendre un texte,de le triturer dans tous les sens pour le comprendre »
Témoignage de Nathalie Cornet
En 1994, Michèle Fabien écrit UNE LETTRE AUX ACTEURS ?IMPOSSIBLE !, lue à Bruxelles puis à Avignon par Janine Patrick…

