À la découverte de trente-deux auteurs contemporains … « du monde entier »

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À la découverte de trente-deux auteurs contemporains … « du monde entier »

vEntretien avec Valérie Lang

Le 1 Juil 1999

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Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
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ALTERNATIVES THÉÂTRALES : Com­ment est née la man­i­fes­ta­tion « Du monde entier » que tu as organ­isée au début de l’été 1998 ?

Valérie Lang : Nous sommes arrivés au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis avec deux pri­or­ités : faire un tra­vail de prox­im­ité avec les habi­tants de la ville de Saine-Denis, et pour­suiv­re notre tra­vail sur l’écri­t­ure con­tem­po­raine. La coupe du monde de foot­ball 1998 nous a per­mis de les mari­er : à cette occa­sion, la ville de Saint-Denis organ­i­sait un vaste pro­jet cul­turel et désir­ait nous y faire par­ticiper ; nous avons décidé d’u­tilis­er l’ar­gent qu’elle nous allouait pour organ­is­er autre chose qu’une man­i­fes­ta­tion de cir­con­stance. L’idée était de réalis­er une man­i­fes­ta­tion qui soit un événe­ment fore mais qui ait aus­si des réper­cus­sions sur le plus long terme. C’est ain­si que Stanis­las Nordey a imag­iné le pro­jet « Du monde entier ». Un pro­jet un peu fou, à réalis­er en six mois ; et comme j’aime les défis, je me suis dit : allons‑y. Trente-deux pays par­ticipent à la coupe du monde, nous trou­verons trente-deux jeunes auteurs, un par pays, nous les traduirons, nous les pub­lierons, et nous les don­nerons à enten­dre pen­dant la coupe du monde. Par jeunes auteurs nous enten­dions des auteurs qui inter­ro­gent
et réin­ven­tent des langues, c’est-à-dire des poètes. Car nous impor­tent avant tout les écri­t­ures, la façon donc les his­toires se racon­tent plus que les his­toires en elles-mêmes. Dans J’ÉTAIS DANS MA MAIS ON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE, par exem­ple, Lagarce décrit des sit­u­a­tions quo­ti­di­ennes, con­ven­tion­nelles presque. C’est son écri­t­ure qui donne à la pièce sa sin­gu­lar­ité, et de ce fait son uni­ver­sal­ité.

A. T. : Com­ment se sont déroulées les recherch­es dans les trente-deux pays ?

V.L.: Nous avions six mois pour trou­ver des auteurs de préférence inédits ; parce que nous pen­sons que seule l’édi­tion per­met à un auteur de ne pas rester dans le tiroir, nous voulions le plus pos­si­ble leur don­ner cette oppor­tu­nité-là. Dans ce pro­jet, l’au­teur était roi : il était au cen­tre absolu de notre tra­vail. Il fal­lait d’abord inven­ter des pistes pour trou­ver des textes théâ­traux inédits et de qual­ité, puis dans un deux­ième temps les lire, les choisir, les traduire, puis les con­fi­er à François Berreur, le directeur des édi­tions des Soli­taires Intem­pes­tifs auquel nous étions asso­ciés. Dans un troisième temps, il a fal­lu organ­is­er les lec­tures, l’ac­cueil des auteurs et du pub­lic. Et je dois dire que les lecteurs, les tra­duc­teurs, l’édi­teur, et toute l’équipe du théâtre Gérard Philippe ont fait un tra­vail for­mi­da­ble sans lequel cette man­i­fes­ta­tion n’au­rait pas existé.

Le pre­mier tra­vail de recherche, je l’ai mené avec mon intu­ition ; je suis . passée bien sûr par toutes les insti­tu­tions exis­tantes, par les ambas­sades, j’ai rebon­di le plus sou­vent de per­son­ne en per­son­ne pour enfin trou­ver le texte que je cher­chais. Pour chaque pays ou presque, j’ai dû inven­ter une nou­velle façon de procéder.

Cet événe­ment et nos parte­naires m’ont per­mis d’aller chercher des textes . dans des pays où nous n’al­lons que rarement : au Japon, en Corée du Sud, en Ara­bie Saou­dite par exem­ple1.

Quand je rece­vais des textes, nous avions à peine dix jours pour les lire. Les mem­bres du comité de lec­ture, Éric Didry, Sarah Chaumette, Valenti­na Fago, Rebec­ca Pauly, Serge Tran­vouez, Stanis­las Nordey, Josée Schuller, Robert Cantarel­la, Eli­she­va Mar­ciano, Françoise Thomas, Gérard Watkins ; lisaient avec une grande rigueur une quan­tité impres­sion­nante de textes : Éric Didry a lu cent trente textes en un mois, Robert Cantarel­la avalait trois qua­tre textes en une nuit. Je ne les remercierai jamais assez. Le comité de lec­ture était égale­ment com­posé de lecteurs bilingues . qui nous tradui­saient dix pages des textes jugés intéres­sants pour que nous puis­sions en sen­tir l’écri­t­ure. Je fai­sais ensuite cir­culer ces dix pages de tra­duc­tion aux autres mem­bres du comité qui don­naient leur avis. En fin de par­cours, s’il fal­lait tranch­er entre plusieurs textes, c’est en général Stanis­las Nordey qui s’en chargeait. Ce qui guidait nos choix était le désir. Le désir des lecteurs, le désir des per­son­nes desquelles nous nous sen­tons proches. Pour l’Alle­magne et l’Autriche par exem­ple, je me suis fiée au tra­duc­teur Mau­rice Tasz­man ; à Mike Sens pour les Pays-Bas ; à Ter­je Sind­ing pour le Dane­mark ; à Jacques Alvarez-Péreire et à Jean-Pierre Richard pour l’Afrique du sud : grâce à eux, nous avons trou­vé une pièce non pas sur l’a­partheid, mais sur la réc­on­cil­i­a­tion, EKHAYA de M. Man­a­ka (qui a trou­vé la more dans un acci­dent à son retour de France, deux semaines après que nous l’ayons ren­con­tré). En ce qui con­cerne l’Es­pagne, c’est à Sarah Chaumette, que je dois d’avoir décou­vert Rodri­go Gar­cia. Nous avions reçu une trentaine de textes de l’am­bas­sade, elle les a tous lus et n’é­tait ent­hou­si­aste pour aucun ; j’ai dit notre décep­tion à l’am­bas­sade, qui me rap­pelle quelques jours plus tard en la per­son­ne de Yolande Padil­lat. Celle-ci me par­le d’un auteur-met­teur en scène for­mi­da­ble : il don­nait une per­for­mance à Madrid, il fal­lait absol­u­ment aller la voir. Nous ne pou­vions pas. Mais nous pou­vions lire les textes, si elle voulait bien nous les envoy­er. Nous les avons reçu et Sarah Chaumette a eu le coup de foudre. L’au­teur s’ap­pelait Rodri­go Gar­cia. Il était incon­nu en Europe, sauf en Suisse par la com­pag­nie d’Oscar Gomez qui m’a d’ailleurs fourni des morceaux de tra­duc­tion. Il faut dire que mes recherch­es m’ont per­mis de tiss­er des liens incroy­ables, de ren­con­tr­er des gens pas­sion­nés qui font un tra­vail admirable de recherche de textes et d’au­teurs, et ce, sou­vent au sein d’am­bas­sades et de grandes insti­tu­tions. J’ai beau­coup tra­vail­lé avec la Mai­son Antoine Vitez — ils nous one four­nis tous les textes traduits des trente deux pays con­cernés -, avec l’In­sti­tut Inter­na­tion­al du Théâtre qui m’a menée, encre autres, à l’au­teur jamaïquain Jean Small ; j’ai con­tac­té en Ital­ie toutes les struc­tures alter­na­tives et reçu des cen­taines de textes ; pour l’É­cosse, j’ai décou­vert Kate Atkin­son, Jan­ice Gal­loway, Dun­can McLean grâce au Tra­verse The­atre ; l’au­teur roumais Savian Stanes­cu, je l’ai trou­vé grâce au Roy­al Coure de Lon­dres (les Roumains voulaient nous à tout prix nous impos­er leur auteur offi­ciel!); on a aus­si envoyé des gens en mis­sion, en Tunisie, au Maroc, en Écosse, en Bul­gar­ie, au Camer­oun et au Nige­ria ; Claire David qui dirige Actes Sud- Papiers m’a aidée pour les pays où j’avais de gros prob­lèmes : la Corée, l’Ara­bie Saou­dite, l’Afrique noire. Les réseaux étaient dif­férents selon chaque pays et les ren­con­tres mar­quantes.

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Valérie Lang
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