AXIOME, UN : que le théâtre lui-même soit toujours présent dans ce qu’on avance. Que chaque phrase dite ait sens dans le miroir du théâtre se disant lui-même. Fellini : « Il suffirait de se poster à un coin de rue et regarder ». Lui rêve de ça, d’une pièce qui le mettrait en position d’assister au spectacle du monde et de le refaire.
Axiome, deux : le dehors est contenu dans la phrase, mais suggéré par l’écart de la phrase avec le dehors qu’elle nomme, quand le roman le contient pour s’y appuyer. Ici le dehors est l’ouverture noire du plateau sur rien, mais un rien qui réfère cout, le rien évidemment peuplé.
Cervancès :Le Retable des merveilles. Les spectateurs sont convoqués sur le plateau, et sont eux-mêmes la pièce. Ce qui est dit a capacité de vrai surgissement depuis l’écran où ce qui est n’existe que par la parole, Reprendre ledispositif imaginaire.
La notion d’épuisement:imposer à l’acteur un chemin continu d’épuisement qui sera son repère aussi bien physique que mental, assurera la progression constante de la pièce. Marcher vers l’épuisement, l’organiser. La fin est en boucle : maintenant, tout est prêt pour commencer, commencer pour de vrai, et ce serait exactement ce qu’on vient de voir, une heure trente durant.
Axiome, trois : le nombre total des paramètres en termes de narrateurs, repères de temps, construction de récit, rapport à l’illusion de réel, serait le même que dans la prose narrative. Mais où la prose les convoque tour à tour par combinaisons de deux ou trois, pour les parcourir sur la totalité de surface du livre, la phrase de théâtre les convoque tous ensemble à chaque instant, on marche sur un fil.
Obstacle : préparer, et ne rien déperdre dans les notes de préparation qui serait du texte lui-même, augmenter la hauteur depuis laquelle on regarde le vide. L’écriture de théâtre sera dans ce vide, on écrit en temps réel, un temps de premier jet qui est presque le temps réel de jeu. Et puis rester des semaines s’il le faut, aussi longtemps qu’eux, les acteurs, répèteront ensuite, sur les répliques écrites.
Le secret de Koltès:un jour une réplique, et attendre lejour suivant pour laréplique qui suit. Que chaque phrase porte sur elle la totalité de l’affect dont on a pu soi-même entre-temps se charger, tout ce qu’on voudrait dire er qu’on ne dira pas, parce qu’on s’en tiendra à cette seule réplique.
Axiome, quatre : découle du précédent, que chaque réplique vaur comme totalité, et non pas comme lien thérorique à ce à quoi elle répond, ou ce vers quoi elle ouvre. Et combien ici chutent.
L’axiome Échenoz : « Le rire ne vient pas à première écriture. » Il recopie trois fois, quatre fois le texte intégral du roman en cours. Ce qui devient le rire, ou au moins le sourire, c’est la distance qu’on prend peu à peu de la phrase initiale, à l’intérieur d’elle.
Répétition : afficher d’emblée qu’il n’y a pas de situation qui serait s’envelopper faussement de réel. Il n’y a de situation que celle-ci : être devant le trou et jouer. Qu’il n’y a pas de grand théâtre qui échappe à cette balance. Toute convocation de situation jugée à cette aulne. Et pourtant, rien qui puisse être dit au théâtre qui ne soit pas d’abord ou aussi dans une assignation de situation. Ceci, maintenant, qui ne fut jamais, qui ne se reproduira pas. Qui ne dit pas, dans son instant, ce qui va lui succéder, hors ce que la parole même qu’on tient en produit.