« Toujours lutter contre la tentation de s’installer »
Entretien

« Toujours lutter contre la tentation de s’installer »

Läszlé Hudi et Zoltän Imely (Hongrie)

Le 27 Juin 2000

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L'Est désorienté-Couverture du Numéro 64 d'Alternatives ThéâtralesL'Est désorienté-Couverture du Numéro 64 d'Alternatives Théâtrales
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ALTERNATIVES THÉÂTRALES : Quels ont été à votre avis les change­ments essen­tiels dans le paysage théâ­tral hon­grois de ces dix dernières années ? 

Zoltán Ime­ly : Je ne con­state en vérité aucun change­ment essen­tiel. Il y a eu de petites trans­for­ma­tions, de légers change­ments, mais aucun n’est assez rad­i­cal pour renou­vel­er la struc­ture théâ­trale. 

A. T.: Mais par­lons sim­ple­ment de votre expéri­ence pro­pre. Quelles dif­fi­cultés ren­con­trez-vous au quo­ti­di­en ?

Z. I.: Il y a tou­jours le même fos­sé entre, d’un côté, les théâtres d’État et de l’autre, les com­pag­nies indépen­dantes. Elles ne sont d’ailleurs pas com­plète­ment indépen­dantes, parce qu’elles reçoivent des fonds du Min­istère de la Cul­ture. Mais la somme en est dérisoire com­parée à ce que reçoivent les struc­tures d’É­tat.
L’an­née dernière, l’ensemble des com­pag­nies indépen­dantes a reçu env­i­ron deux cents mil­lions de florins de l’état — peu importe com­bi­en cela représente — quand les struc­tures éta­tiques ont reçu plus de sept mil­liards. Nous sommes l’une des com­pag­nies indépen­dantes les plus recon­nues. Or quand on compte l’ar­gent que l’on reçoit, que l’on regarde le nom­bre de gens qui tra­vail­lent avec nous et qu’on le divise en douze mois, il ne reste plus grand chose. Cette année qui est celle où notre sub­ven­tion a été la plus impor­tante, nous avons reçu sept mil­lions et demi de florins pour l’année entière et dix-huit per­son­nes. En deux ans, nous sommes devenus une com­pag­nie pro­fes­sion­nelle, ce qui sig­ni­fie que nous n’avons ni le temps, ni l’énergie de gag­n­er de l’ar­gent en dehors. La com­pag­nie doit aus­si sub­venir aux moyens de ses mem­bres, et ce n’est pas évi­dent.
Notre but est de réus­sir à faire en sorte que les fonds de l’État soient acces­si­bles aux struc­tures indépen­dantes : nous avons besoin d’ar­gent pour con­tin­uer à tra­vailler et nous ne voulons pas pour autant devenir un organe de l’État. 

A. T.: Com­ment allez-vous vous y pren­dre ? Un tel sys­tème de sub­ven­tion reste encore à inven­ter. 

Z. I.: Oui, un tel sys­tème reste encore à inven­ter. Et mis à part nos activ­ités artis­tiques, l’un de nos prin­ci­paux objec­tifs est de réus­sir à influer sur la poli­tique actuelle de finance­ment de l’État. La Com­pag­nie Moz­go Haz est de plus en plus recon­nue à l’é­tranger, ce qui lui donne davan­tage de poids en Hon­grie. Sans vouloir être trop pro­fondé­ment impliqués dans la vie poli­tique, nous voudri­ons réus­sir à paver le chemin pour les autres com­pag­nies indépen­dantes, qui seront sans doute de plus en plus nom­breuses dans les années à venir. 

A. T.: Com­ment votre com­pag­nie Mozgо́ Ház est-elle née ?

Z. I.: La plu­part des mem­bres actuels de la com­pag­nie se sont ren­con­trés en répon­dant à une annonce. Après avoir tra­vail­lé ensem­ble toute une année en faisant du théâtre de rue en tant qu’a­ma­teurs, ils ont invité Lás­zlо́ Hudi et sa femme Lea Tol­nai à venir les diriger au cours d’un stage. Le stage s’est si bien passé, qu’ils ont décidé de con­tin­uer à tra­vailler ensem­ble après. C’é­tait en 1994. 

A. T.: Voy­ager à l’Ouest a‑t-il eu une inci­dence sur le lan­gage artis­tique de la com­pag­nie ? 

Z. I.: Je ne sais pas. Car Läs­zlé a tra­vail­lé en France pen­dant plusieurs années. J’ai moi-même beau­coup voy­agé depuis vingt ans. Ma ques­tion serait plutôt : avons-nous exer­cé une influ­ence sut les com­pag­nies de l’Ouest ren­con­trées lors de nos tournées ?

A. T.: Lás­zlо́ Hudi, quel a été votre tra­jet per­son­nel ? Com­ment et dans quelles cir­con­stances avez-vous quit­té la Hon­grie ? 

Lás­zlо́ Hudi : J’avais dix-neuf ans. Ma famille était dis­si­dente. Nous sommes par­tis en Alle­magne. Mais un an plus tard je suis retourné en Hon­grie, à Budapest, seul. Mon tra­jet est ponc­tué de ces voy­ages aller-retour entre la Hon­grie et l’é­tranger dont je n’ar­rive pas exacte­ment à saisir la cause. J’ai étudié le théâtre dès mon pre­mier retour à Budapest. J’ai com­mencé par la pan­tomime. Ensuite, j’ai un peu tout fait : du théâtre, de la danse. J’ai tra­vail­lé avec Andras Jeles et avec Joseph Nadj. C’est avec Nadj que nous avons créé le Théâtre Jel. Nous avons tra­vail­lé ensem­ble pen­dant huit ans. 

A. T.: Com­ment avez-vous appris ? avez-vous eu des maîtres ? 

L. H.: J’ai appris sans aller à l’école. En faisant des stages, en regar­dant des vidéos, en tra­vail­lant avec des gens. Je ne pour­rais appel­er per­son­ne « mon maître ». Ce qui m’a sans doute le plus for­mé, ce sont les stages aux­quels j’ai pu par­ticiper et qui met­taient l’ac­cent sur la créa­tiv­ité avant tout. 

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