Devant toi je me dévêts. Voilà. Viens et vois ma nudité. Je t’offre cette image de moi.
— Je viens. J’entre dans le cadre. Encore. Jusqu’au bout de l’abandon de toi.
– Je me perds en ton image pour l’avènement d’elle. Ne te retourne pas. Pénètre-moi.
— Oh je suis perdu. Tu es en moi. Reste.
— Je te regarde mais ne te vois. Je m’expose à épuiser ton regard. Prends-moi. Jouis de la vue.
— Tu me happes.
Repose-toi. Ferme tes yeux. Tu es dedans. Rien à voir au-delà ni en-deçà.
— Je m’abîme en toi. Retiens-moi. Tombe encore au tout fond de moi tombe.
– Te toucher je voudrais. Te tenir je voudrais. Je suis le lieu. Ça et pas plus. Le lieu de l’apparition disparaissante. Juste ça. Rien qu’en moi tu laisses. Rien. Ni traces même. Mais toi gros de ça de cette chose vue là. Va maintenant.
— Oh le leurre. Oh le piège à yeux. Mon corps si lourd que n’en puis plus avancer.
Va et pars. Va là-bas où verras. Tout là-bas verras ce que n’as pu voir ici. Dans l’abîme de nos chairs séparées verras aussi.
— Quoi verrais quoi.
Ma nudité donnée. Et mon corps refusé. Évidemment. Voilà. Je me revêts. Pfuit. Plus rien à voir.
(…)
entends tout (pas sourd pas) et même le reste mais vous criez non si tout de même vous criez ça et autre que criez que tout partout criez et même dans vos cris le criez et donc entends (pas sourd pas) entends mais vous vous vous criez encore que et le reste et ça surtout ce ce quoi ce désespoir que criez cet abandon aussi que criez cet abandon du mondé dans corps pourri-pourrissant que criez mais vous criez que pas entendez rien n’entendez mes cris aussi mes cris rentrés mais quoi criez-vous pourquoi de bois et pis criez-vous de bois non bois vit lui bois joue lui bois chante aussi lui entendez ça le bois et mes cris entendez aussi dans vos cris dans mes cris.
(…)
oh
elle s’est cassée
entre mes bras elle s’est
pas plus et ça juste
en mille mille mille morceaux
elle s’est
cassée
et moi
et moi aussi
oh
comme l’irréparable ils disent
toujours disent l’irréparable
et elle et moi
en mille mille et mille morts

