En porte-à-faux. Denis Marleau dans le contexte du théâtre québécois

En porte-à-faux. Denis Marleau dans le contexte du théâtre québécois

Le 30 Juil 2002
Carl Béchard, Bernard Meney et Pierre Chagnon dans CŒUR À GAZ ET AUTRES TEXTES DADA, d’après Tristan Tzara, Francis Picabia, André Breton, Serner, Kurt Schwitters et Hugo Ball, mise en scène de Denis Marleau, 1981. Photo Gabriel Lefebvre.
Carl Béchard, Bernard Meney et Pierre Chagnon dans CŒUR À GAZ ET AUTRES TEXTES DADA, d’après Tristan Tzara, Francis Picabia, André Breton, Serner, Kurt Schwitters et Hugo Ball, mise en scène de Denis Marleau, 1981. Photo Gabriel Lefebvre.

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Carl Béchard, Bernard Meney et Pierre Chagnon dans CŒUR À GAZ ET AUTRES TEXTES DADA, d’après Tristan Tzara, Francis Picabia, André Breton, Serner, Kurt Schwitters et Hugo Ball, mise en scène de Denis Marleau, 1981. Photo Gabriel Lefebvre.
Carl Béchard, Bernard Meney et Pierre Chagnon dans CŒUR À GAZ ET AUTRES TEXTES DADA, d’après Tristan Tzara, Francis Picabia, André Breton, Serner, Kurt Schwitters et Hugo Ball, mise en scène de Denis Marleau, 1981. Photo Gabriel Lefebvre.
Article publié pour le numéro
Modernité de Maeterlick-Couverture du Numéro 73-74 d'Alternatives ThéâtralesModernité de Maeterlick-Couverture du Numéro 73-74 d'Alternatives Théâtrales
73 – 74
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L’IRRUPTION de Denis Mar­leau et de son (futur) Théâtre Ubu au sein du milieu théâ­tral québé­cois en mai 1981 au Musée d’art con­tem­po­rain de Mon­tréal avec CŒUR À GAZ ET AUTRES TEXTES DADA évoque l’atterrissage bru­tal d’une machine à coudre sur une table de dis­sec­tion cou­verte de para­pluies tous plus ou moins sem­blables les uns aux autres. Et lorsque le spec­ta­cle, dûment éti­queté Ubu, prend l’affiche au Théâtre de Quat’Sous en févri­er de l’année suiv­ante, une ten­sion pal­pa­ble s’installe entre, d’une part, le milieu théâ­tral et, d’autre part, Denis Mar­leau et sa com­pag­nie.

Il faut saisir le con­texte : le théâtre au Québec est un art jeune dont l’organisation insti­tu­tion­nelle et artis­tique présente remonte, en fait, aux années quar­ante. Une par­tie impor­tante de l’institution théâ­trale s’est alors érigée à par­tir de mod­èles français, avec un mépris sou­vent très ouvert envers toute ten­ta­tive de théâ­tral­i­sa­tion de la réal­ité et de la langue par­lée québé­cois­es. La créa­tion des BELLES-SŒURS de Michel Trem­blay en 1968 crée une brèche dans laque­lle les jeunes créa­teurs vont s’engouffrer au cours des douze années suiv­antes. Oral­ité, spon­tanéité, émo­tions, « naturel », explo­rations de l’identité nationale, sen­si­bil­ité de gauche, voilà les signes qui guident la pra­tique d’une jeune généra­tion au dynamisme con­tagieux. Il y a cepen­dant un envers à ce théâtre très nord-améri­cain enrac­iné dans un réel jugé aupar­a­vant indigne des planch­es : un rejet des dra­matur­gies étrangères – en par­ti­c­uli­er de la dra­maturgie française –au nom d’une « décoloni­sa­tion » du théâtre. Avec de tels fonde­ments, il est inévitable que ce nou­veau théâtre québé­cois priv­ilégie l’émotion aux dépens de la pen­sée.

Mais lorsque Denis Mar­leau et Ubu entrent en scène au début des années qua­tre-vingt, ce mou­ve­ment dit du « jeune théâtre » com­mence à s’institutionnaliser, en même temps qu’il perd ses prin­ci­paux moteurs idéologiques ; en effet, la défaite du référen­dum de 1980 sur l’accession à la sou­veraineté du Québec et la dégringo­lade inter­na­tionale des idéaux de la gauche tra­di­tion­nelle privent cette pra­tique théâ­trale d’assises impor­tantes. Privées de leurs sens, les posi­tions esthé­tiques de cette généra­tion se rigid­i­fient, devi­en­nent rapi­de­ment académiques.

Henri Chassé et Christiane Pasquier dans ROBERTO ZUCCO de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Denis Marleau, 1993. Photo Josée Lambert.
Hen­ri Chas­sé et Chris­tiane Pasquier dans ROBERTO ZUCCO de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Denis Mar­leau, 1993. Pho­to Josée Lam­bert.

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Paul Lefebvre
Paul Lefebvre est traducteur, conseiller dramaturgique et metteur en scène. Après avoir été longtemps attaché...Plus d'info
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