L’exigence d’une pensée en acte
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L’exigence d’une pensée en acte

Le 31 Oct 2002
Henri Monin et Ariane Moret dans 1953 de Jean-Marie Piemme, mise en scène de Marc Liebens, Théâtre National de la Communauté française de Belgique, 1999, photo Alice Piemme, Archives et Musée de la Littérature.
Henri Monin et Ariane Moret dans 1953 de Jean-Marie Piemme, mise en scène de Marc Liebens, Théâtre National de la Communauté française de Belgique, 1999, photo Alice Piemme, Archives et Musée de la Littérature.
Henri Monin et Ariane Moret dans 1953 de Jean-Marie Piemme, mise en scène de Marc Liebens, Théâtre National de la Communauté française de Belgique, 1999, photo Alice Piemme, Archives et Musée de la Littérature.
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A l’image des pro­tag­o­nistes de TORÉADORS, Jean-Marie Piemme est ani­mé par la pas­sion d’argumenter. Avant qu’en 1986 il ne débar­que défini­tive­ment dans la fic­tion, sa pra­tique de la dra­maturgie, de longues années durant, avait fait de lui le dialec­ti­cien le plus remar­quable de notre paysage théâ­tral. C’est sans doute là que se trou­ve l’origine de la con­fi­ance qu’il sem­ble faire à l’intelligence du spec­ta­teur : il se méfie de la sim­plic­ité et pro­pose de nous emporter dans un univers de sub­til­ité faisant éclater les con­tra­dic­tions qui tra­versent ses per­son­nages. Avec une maîtrise du dia­logue théâ­tral et une jouis­sance de la langue sai­sis­sante, pour lui, chaque scène est un enjeu. Les phras­es se bal­an­cent au rythme de la pen­sée. Tout est rap­port de forces, même l’écriture. Héri­ti­er de Brecht, il manie avec aisance la com­péné­tra­tion du présent et du passé, faite d’identifications et de dis­tan­ci­a­tions, et brise en morceaux le réal­isme ordi­naire, illu­sion­niste, comme l’analyse de manière remar­quable Philippe Iver­nel. Ce lan­gage si maîtrisé est cepen­dant loin d’être dés­in­car­né. En pas­sant de la lec­ture cri­tique des textes à une écri­t­ure per­son­nelle, il n’a pas aban­don­né la prox­im­ité du plateau. Tra­vail­lant en lien étroit avec les met­teurs en scène, n’hésitant pas à remet­tre sans cesse l’ouvrage sur le méti­er, cette écri­t­ure s’est liée, au con­tact des acteurs, à la fan­taisie du théâtre et au jeu des pos­si­bles, comme le fait remar­quer Philippe Sireuil. Langue pour les acteurs, écri­t­ure « physique », écri­t­ure « du corps », « on sent tou­jours le corps à l’œuvre », affir­ment unanime­ment les col­lab­o­ra­teurs de ce numéro. L’œuvre de Jean-Marie Piemme nous ressem­ble, nous sur­prend, nous provoque. Elle est vio­lente comme l’est la société, cor­ro­sive et ironique, elle est aus­si drôle et ten­dre. Au fil des pièces se des­sine un pes­simisme joyeux comme l’écrit Patrick Ver­schueren, une énergie joyeuse qui sur­git des vérités et des para­dox­es qui nous sont pro­posés. Il y a aus­si, et ce n’est pas le moin­dre apport de Piemme au théâtre con­tem­po­rain, une capac­ité d’imagination et d’invention éton­nante. Isabelle Pousseur en a une con­science aigüe lorsqu’elle voit que chez lui le per­son­nage « n’est plus seule­ment l’objet d’une his­toire menée par un auteur : on lui donne tout à coup une espèce de respon­s­abil­ité nar­ra­tive, une respon­s­abil­ité de la forme de l’écriture mais en même temps une respon­s­abil­ité de son des­tin, de sa vie ». Elle pour­suit en nous rap­pelant que « le grand théâtre, c’est le théâtre où on ne sent pas une emprise de l’auteur qu’elle soit idéologique, de sens ou de con­duite ». C’est ce que con­firme Jean-Marie Piemme quand il écrit que « le plaisir est là, dans le mou­ve­ment infi­ni de l’appropriation », mag­nifique propo­si­tion à la lib­erté du spec­ta­teur. Ain­si nous est don­né un théâtre où l’exigence d’une pen­sée en acte et en mou­ve­ment s’allie à une pro­fonde human­ité.

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Bernard Debroux
Écrit par Bernard Debroux
Fon­da­teur et mem­bre du comité de rédac­tion d’Al­ter­na­tives théâ­trales (directeur de pub­li­ca­tion de 1979 à 2015).Plus d'info
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