Complicité

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Entretien avec Suart B. Seide

Le 9 Jan 2006
Véronique Alain et Alain Rimoux dans MOONLIGHT de Harold Pincer, mise en scène Smart B. Seide, Théâtre du Nord, 2005. Photo Pidz.
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Les liaison singulières-Couverture du Numéro 88 d'Alternatives ThéâtralesLes liaison singulières-Couverture du Numéro 88 d'Alternatives Théâtrales
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Yan­nic Man­cel : Pour évo­quer une his­toire de com­plic­ité avec un acteur, vous avez choisi Alain Rimoux. Sauriez-vous retrou­ver votre pre­mier sou­venir ou votre pre­mier con­tact avec cet acteur ?

Stu­art B. Sei­de : J’avais dû le voir jouer, sans vrai­ment le remar­quer, dans le Tim­on d’Athènes mis en scène par Peter Brook, spec­ta­cle dans lequel Jean-Pierre Vin­cent, assis­tant à la mise en scène, avait impliqué plusieurs acteurs issus de la Com­pag­nie Vin­cent-Jour­d­heuil et du Théâtre de l’Espérance. Mais c’est dans les spec­ta­cles du TNS dirigé par Jean-Pierre Vin­cent, entre 1974 et 1983, que je l’ai pour la pre­mière fois iden­ti­fié, au milieu d’une « bande » où j’ai égale­ment décou­vert Alain Halle-Halle, Jean Dautremay et quelques autres. Je l’ai donc repéré, un par­mi d’autres, dans un ensem­ble d’acteurs dont la cohérence de jeu et la cohé­sion de troupe surtout m’impressionnaient beau­coup. La pre­mière fois que nous nous sommes par­lé dans un con­texte de tra­vail, ce fut à la Comédie-Française, à l’initiative de Jean-Pierre Vin­cent, alors admin­is­tra­teur, lorsque j’ai mon­té les pièces en un acte de Fey­deau : il jouait Adrien, le valet-domes­tique du den­tiste dans Hort­ense a dit j’m’en fous, et Toudoux, le mari, dans Léonie est en avance, face à Chris­tine Muril­lo. J’ai le sou­venir que nous nous posions les mêmes ques­tions, lui en tant qu’acteur, moi en tant que met­teur en scène, sur les enjeux et les dif­fi­cultés du texte. La ren­con­tre artis­tique et humaine a donc eu lieu là, en 1984 ou 1985.

Y. M. : Com­ment avez-vous décidé ensuite de pro­longer cette col­lab­o­ra­tion hors Comédie-Française ?

S. B. S. : À par­tir de cette pre­mière ren­con­tre, Alain est venu très régulière­ment voir mes mis­es en scène : nous en par­lions tou­jours après. Je sen­tais bien qu’il appré­ci­ait mon tra­vail, et l’occasion pour moi de le retrou­ver fut en 1993 avec Hen­ry VI de Shake­speare. J’avais engagé une équipe assez jeune, majori­taire­ment con­sti­tuée de cer­tains de mes anciens élèves du Con­ser­va­toire, que j’avais souhaité encadr­er de deux aînés, deux « piliers » : Thier­ry Bosc, et aus­si Alain Rimoux, que j’avais prin­ci­pale­ment dis­tribué dans le rôle du Car­di­nal. Dans cette aven­ture insen­sée regroupant une ving­taine de jeunes comé­di­ens, Rimoux jouait un rôle fédéra­teur, de force de propo­si­tions autant que de doyen ou de tuteur. Hen­ry VI cor­re­spon­dant avec ma nom­i­na­tion au Cen­tre Dra­ma­tique de Poitiers, j’ai pu très vite réen­gager Alain dans mes mis­es en scène suc­ces­sives de L’Anniversaire de Pin­ter, de Le Grain et la Balle — six pièces cour­tes de Beck­ett —, et du Régis­seur de la chré­tien­té de Sebas­t­ian Bar­ry. J’ai été notam­ment ému que pour cette dernière pièce, en dépit des pré­ten­tions qu’il aurait pu légitime­ment exprimer dès cette époque à jouer un rôle prin­ci­pal, il ait con­sen­ti sans arrière-pen­sée à accepter un rôle sec­ondaire rel­a­tive­ment mineur. J’ai alors com­pris com­bi­en lui importerait pour tou­jours l’aventure col­lec­tive et l’éthique de la troupe.

Y. M. : On a retrou­vé par la suite, dans La Tragédie de Mac­beth où il jouait Mac­duff, dans Roméo et Juli­ette où il jouait le père Capulet, dans Le Quatuor d’Alexandrie où il jouait Balt­haz­ar et dans Antoine et Cléopâtre où il jouait Aeno­bar­bus, ce rôle de grand frère atten­tif et généreux, heureux de trans­met­tre et de partager son savoir d’acteur et son expéri­ence de vie. Est-ce que la for­ma­tion que lui-même a reçue auprès de Hubert Gig­noux à l’École de la Comédie de l’Est est quelque chose qui compte pour vous ?

S. B. S. : Con­sciem­ment, je ne le pense pas. Je dirais même qu’a pri­ori, la for­ma­tion très poli­tique qu’Alain a reçue dans ce con­texte his­torique très par­ti­c­uli­er de la décen­tral­i­sa­tion, relayée dans les années qui ont suivi par un engage­ment résolu dans les avant-gardes brechti­ennes, était aux antipodes du théâtre que moi-même à cette époque je défendais. Pour­tant, je ne peux nier qu’il y ait une cer­taine cohérence à ce que l’ancien élève de Stras­bourg se retrou­ve aujourd’hui mem­bre act­if du con­seil péd­a­gogique de l’École supérieure d’art dra­ma­tique que je dirige à Lille. Là encore, s’opère à notre insu quelque chose qui est de l’ordre de la trans­mis­sion his­torique.

Y. M. : Vous n’avez ni l’un ni l’autre d’exigence d’exclusivité. Alain sem­ble très bien con­sen­tir à ce que, sur une dis­tri­b­u­tion pré­cise, vous passiez son tour, de même que vous, vous parais­sez accepter sans dépit de le voir jouer sous la direc­tion d’un autre met­teur en scène.

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Écrit par Yannic Mancel
Après l’avoir été au Théâtre Nation­al de Stras­bourg puis au Théâtre Nation­al de Bel­gique, Yan­nic Man­cel est depuis...Plus d'info
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