L’andante du Soleil

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Portrait

L’andante du Soleil

Le 16 Juil 2007
Duccio Bellugi-Vannuccini et Jeremy James dans LES ÉPHÉMÈRES, création collective du Théâtre du Soleil, mise en scène Ariane Mnouchkine, Cartoucherie Théâtre du Soleil, Paris, 2006. Photo Martine Franck, Agence Magnum.
Duccio Bellugi-Vannuccini et Jeremy James dans LES ÉPHÉMÈRES, création collective du Théâtre du Soleil, mise en scène Ariane Mnouchkine, Cartoucherie Théâtre du Soleil, Paris, 2006. Photo Martine Franck, Agence Magnum.

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Duccio Bellugi-Vannuccini et Jeremy James dans LES ÉPHÉMÈRES, création collective du Théâtre du Soleil, mise en scène Ariane Mnouchkine, Cartoucherie Théâtre du Soleil, Paris, 2006. Photo Martine Franck, Agence Magnum.
Duccio Bellugi-Vannuccini et Jeremy James dans LES ÉPHÉMÈRES, création collective du Théâtre du Soleil, mise en scène Ariane Mnouchkine, Cartoucherie Théâtre du Soleil, Paris, 2006. Photo Martine Franck, Agence Magnum.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 93 - Ecrire le monde autrement
93

LES TAMBOURS se sont tus et, de l’extérieur, on ne les entend plus ; c’est le silence qui règne dans le jardin de la Car­toucherie, silence du théâtre qui, chose rare pour le Théâtre du Soleil, tra­vaille sans réson­ner vers l’extérieur. Comme s’il s’était replié sur lui-même pour une recherche autre… Jean-Jacques Lemêtre a réduit le nom­bre des instru­ments et cette fois-ci, seul, sur­plom­bant les comé­di­ens, il alterne des musiques fines, des mélodies sere­ines ; il ne rehausse plus le jeu mais instau­re un cli­mat oublieux des exal­ta­tions de jadis, cli­mat imprégné d’une affec­tiv­ité incon­nue. Musique presque de cham­bre, rétive à tout déploiement épique, musique du témoignage, de tous ces témoignages que livre le spec­ta­cle ! Elle les encour­age autant qu’elle les accom­pa­gne, en douceur, de près, sans vio­lence aucune. Cette musique dirige, pour repren­dre une de ces for­mules étranges chères à Gro­tows­ki, vers « dedans-soi-même ». Pas à pas, sen­tier du cœur.

L’espace lui non plus ne ressem­ble plus à l’ancienne dis­po­si­tion frontale adop­tée il y a vingt ans déjà, au temps des SHAKESPEARE, lors du retour au texte. Point de plateau sur lequel évolu­ent les per­son­nages aux pris­es avec l’Histoire, agités et emportés par la fièvre des mots clamés autant que par les com­bats à men­er. Ici, per­son­ne ne s’avance désor­mais afin de s’exposer sur la scène, d’amorcer un con­flit, de livr­er bataille. Les gron­de­ments sonores se sont éteints et la frontal­ité a per­du de sa superbe, symp­tômes de muta­tion : le Soleil mon­tre un vis­age inédit que LE DERNIER CARAVANSÉRAIL annonçait et que LES ÉPHÉMÈRES con­fir­ment.

L’espace ren­voie plutôt à un paysage où les spec­ta­teurs se trou­vent dis­posés sur deux collines qui se font face et qu’une riv­ière sépare. Paysage pais­i­ble, paysage où, sans se con­fon­dre, acteurs et spec­ta­teurs s’inscrivent dans un lieu com­mun. Les uns regar­dent du haut de leur mon­tic­ule, tan­dis que les autres, sur­gis sur de petits plateaux poussés avec une évi­dente maîtrise choré­graphique par des « ser­vants de scène », kokens mod­ernes, parais­sent, racon­tent, dis­parais­sent, emportés par le flot de la vie. Tout se joue entre cette émer­gence des per­son­nages et leur efface­ment comme les feuilles qui épousent le mou­ve­ment de l’eau. Voilà des êtres qui se baig­nent dans la riv­ière de la vie, comme avait dit Hér­a­clite, mais plus d’une fois, car ici ils revi­en­nent pour tiss­er des his­toires, esquiss­er des biogra­phies. À force de réu­nir ces instants d’existence, le spec­ta­cle parvient à pro­pos­er non pas une tapis­serie lisse, mais plutôt un patch­work poly­chrome, com­plexe et var­ié.

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Écrivain, essayiste et universitaire, Georges Banu a publié de nombreux ouvrages sur le théâtre, dont...Plus d'info
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