Corps théâtral et corps dansant selon Odile Duboc
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Corps théâtral et corps dansant selon Odile Duboc

Entretien avec Odile Duboc réalisé par Anne Longuet Marx

Le 30 Juin 2010

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Couverture du numéro 105 - Théâtre-danse : la fusion ou rien !
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ANNE LONGUET MARX : Qu’en est-il de la rela­tion que vous avez posée entre la danse et la pein­ture et égale­ment avec la lit­téra­ture ?

Odile Duboc : Le rap­port à la pein­ture est une décou­verte récente pour moi. Bien qu’ayant dan­sé dès mes plus jeunes années et fait ma pre­mière créa­tion à l’âge de treize ans, ce n’est qu’en 2003, lors d’une créa­tion, TRIO 03, com­mande de l’Ir­cam, que je pense avoir décou­vert l’in­térêt d’une rela­tion à un autre art. L’idée de départ était un trio de garçons tou­jours en mou­ve­ment à l’im­age d’un banc de pois­sons, mais tou­jours en con­tact et dans une mal­léa­bil­ité de l’ensem­ble. Je voy­ais quelque chose de vif, avec des portées con­stantes, ver­ti­cales, hor­i­zon­tales, sans jamais se dessoud­er. C’est en revoy­ant par hasard une toile de Nathalie Gontcharo­va, LES LUTTEURS que j’ai com­pris ce que je cher­chais. La force que me ren­voy­aient ces corps en train de lut­ter, mélangée à la douceur appar­ente de leur étreinte, le tout baig­nant dans des col­oris graves de rouge, vert et gris som­bre, me touchaient pro­fondé­ment. J’ai désiré alors tra­vailler sur ce para­doxe du temps sus­pendu mais oh com­bi­en vivant. À par­tir de ce moment, j’ai com­pris que je pou­vais me nour­rir d’autre chose et ne plus seule­ment par­tir de la page blanche comme je le fai­sais aupar­a­vant. Pour ce qui est de la lit­téra­ture, je me réfère sou­vent au philosophe Gas­ton Bachelard parce qu’il a su dire de façon magis­trale des choses que je ressens et que je pense. La référence à Mau­rice Blan­chot avec THOMAS L’OBSCUR qui est à l’o­rig­ine de PROJET DE LA MATIÈRE que nous avons créé en 1993 est d’une autre nature. Ce roman a été à l’o­rig­ine de ce désir de tra­vailler sur l’a­ban­don, le ver­tige, l’en­vol, le poids du corps, la liq­uid­ité du corps, ce que j’ai appelé plus tard « le corps matière ». Dans cette pièce, le temps est infi­ni, En 2005, j’ai voulu renou­vel­er ce rap­port au corps matière avec RIEN NE LAISSE PRÉSAGER DE LÉTAT
DE L’EAU. On a tra­vail­lé à la transformation/ défor­ma­tion qu’on trou­ve chez Fran­cis Bacon, à ces fig­ures en devenir. On les perçoit par instants de façon très brève durant le spec­ta­cle. Mais j’ai tou­jours besoin en réal­ité de par­tir du vide, de cette page blanche. Je me nour­ris alors beau­coup de ma rela­tion avec les danseurs.


A. L. M. : Le danseur donne cette sen­sa­tion d’oc­cu-pation du corps, d’un corps juste, dans sa pos­ture, qui n’est pas dans la déperdi­tion. L’ac­teur va aujour­d’hui chercher du côté de la danse. Quelle est votre expéri­ence de spec­ta­trice ?

O. D. : Je pense effec­tive­ment que le « corps » théâ­tral se déplace actuelle­ment du côté du corps dansant. J’aime les spec­ta­cles comme ceux de Ludovic Lagarde dans lesquels le corps de l’ac­teur est au ser­vice du texte. Une écri­t­ure com­plexe comme celle d’O­livi­er Cadiot devient non seule­ment com­préhen­si­ble mais elle se voit mag­nifiée. Je n’en­tends pas pour autant défendre le mélange théâtre/ danse que je n’ap­pré­cie que rarement en tant que spec­ta­trice. Je n’ap­porte dans mes col­lab­o­ra­tions avec des met­teurs en scène aucune choré­gra­phie, seule­ment un tra­vail sen­si­ble sur le corps.

Georges Appaix, Odile Duboc, Anne Fournier, Céline Gruy­er, Pas­cale Luce (danseurs) et Denis Louba­ton, (comé­di­en) dans AVIS DE VENT D’OUEST, FORCE 5 À 6,
choré­gra­phie Odile Duboc, Théâtre de la Bastille, Paris, 1984.
Pho­to Chris­tiane Robin.

Brigitte Asse­lin­eau, Boris Char­ma­cz, Julia Cima, Frédéric De Car­lo, Bruno Dan­joux, David Drouard, Scé­fany Ganachaud,
Emmanuelle Huynh, Stéphane Imbert, Éric Lutz, Blan­dine Minot, Julie Nioche, Rachid Ouram­dane, Geneviève Pernin, Agache Pfauwadel, Luigia Riva, Odile Seicz, Philippe Riera, Françoise Rognerud, Sylvie Ton­nu et Christophe Wav­elec
dans TROIS BOLÉROS, choré­gra­phie Odile Duboc,
con­cep­tionOdile Duboc et Françoise Michel, La Filarure,
Scène Nationale de Mul­house, 1996.
Pho­to Flo­ri­an Tied­je

L’or­ganic­ité du geste


A. L. M. : Vous par­lez de l’or­ganique aus­si.

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Écrit par Anne Longuet-Marx
Anne Longuet-Marx est maître de conférences à l’université à Paris et auteur.Plus d'info
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