Europa

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Le 10 Mar 1988

A

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Article publié pour le numéro
Kalisky-Couverture du Numéro 29-30 d'Alternatives ThéâtralesKalisky-Couverture du Numéro 29-30 d'Alternatives Théâtrales
29 – 30
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L’espace scénique

Au cen­tre de l’e­space scénique les 64 cas­es d’un échiquier : la sur­face de jeu. A gauche la pelouse d’un jardin : l’e­space vert.
A droite un salon style XVI­I­Ie siè­cle : le bureau.
Con­tiguë au salon, une por­tion d’au­toroute à deux ban­des délim­itées à la chaux.

Personnages

Jean Dan­thès, l’am­bas­sadeur ;
Mal­wina von Ley­den, la baronne ;
Eri­ka von Ley­den, la fille de Mal­wina ;
Putz zu Stern (Putzi), le baron ;
Jarde, le psy­chi­a­tre ;
Julio Amedeo Nitrati — le Fou noir, le maître chanteur ;
Le Roi blanc ;
Le Roi noir ;
Les fig­urines-per­son­nages du jeu d’échecs.

Scène 1

( Mal­wina, Eri­ka et le baron dans l’e­space vert )
Quand l’ac­tion com­mence, ils s’y trou­vent groupés dans une atti­tude héraldique. Mal­wina instal­lée dans un fau­teuil d’in­firme. Eri­ka couchée sur un transat­lan­tique, le vis­age au soleil,·des lunettes noires dis­sim­u­lant ses yeux. Le baron se tient der­rière Mal­wina.
Un silence pro­longé que trou­blent cepen­dant des chants d’oiseaux, des gril­lons.

MALWINA
( elle soupire:)
Dia­ble, qu’il fait chaud aujour­d’hui

ERIKA
Hmm …

( nou­veau silence, nou­veau soupir de Mal­wina, Eri­ka se redresse pour con­tem­pler sa mère)

MALWINA
Quand donc ces mouch­es cesseront-elles de m’a­gac­er ?

ERIKA
Tu as le vis­age tout moite.

MALWINA
( sans tourn­er la tête:)
Tu crois que ces sales besti­oles aiment ça ?

ERIKA
( se recouchant:)
Mais non, Ma.
( nou­veau silence, Mal­wina s’es­suye déli­cate­ment le vis­age à l’aide d’un mou­choir)

MALWINA
Ah, le bon soleil… ( un temps)
J’e­spère que tu en prof­ites ?

ERIKA
Oui.

MALWINA
Com­mence donc par retrouss­er tes manch­es, hein. J’e­spère que tu as les jambes nues ?

ERIKA
Oui.

MALWINA
( imi­tant le ton dés­abusé de sa fille 🙂
Oui… ( un temps)
Cet homme a beau être un esthète, il n’en appré­cie pas moins ce qui fleure bon la san­té. Un peu d’ex­ubérance, ma fille, un zeste de gai­eté par-ci, par-là.
Tu ne saurais croire com­bi­en cela compte dans les sen­ti­ments d’un homme mûr, la gai­eté d’une jeune per­son­ne …
( elle rit)

ERIK
Je suis gaie à mes heures.

MALWINA
Veille au moins à ce que ce ne soit pas à con­tretemps.
( une pause )
Est-ce que ça va, Putzi ?
( le baron répond par une légère pres­sion de la main sur l’é­paule de Maliv­ina, laque­lle à son tour lui touche la main mais d’une pres­sion encore plus légère )
Putzi va bien.
Qu’est-ce que tu vois ?
( sourire du baron, Mal­wina tourne la tête )
Ne me dis pas que sa vil­la est jolie ou con­fort­able car cela je le sais.
( elle braque une paire de jumelles vers un point imag­i­naire )

ERIKA
Et s’il se doutait de quelque chose ?

MALWINA
Il ne fera rien pour douter : sa con­science le lui inter­dit.

ERIKA
Pour­tant la voiture dans laque­lle il s’ex­hibe …

MALWINA
Dan­thès n’est qu’un fétichiste, tiens-toi le pour dit. Son His­pano 1927 c’es le car­rosse de ses amours.

ERIKA
De vos amours, Ma…
MALWINA
( très vite : )
What do you insin­u­ate, my dear ?

ERIKA
( sèche­ment 🙂
Das ist keine Antwor

LE BARON
Men­sch ! Eri­ka …

MALWINA
Quatsch nicht, Putzi !

ERIKA
La même voiture, Ma, et en ces lieux où toi et lui vous avez…

MALWINA
Rien n’est sacré, ma jolie. La preuve c’est que per­son­ne n’aime vivre et peut-être encore moins se sou­venir de ce qu’il a vécu à ses dépens.
Dan­thès ne vit et ne se sou­vient qu’à mes dépens, hein.

ERIKA
Après tant d’an­nées il t’est facile de penser à sa place.

MALWINA
He will look for his plea­sure where he got it, that’s the truth.

ERIKA
Tu y as trou­vé ton plaisir, et c’est de ton plaisir que tu te sou­viens
( elle ôte ses lunettes noires d’un geste nerveux)

LE BARON
Right, but…

MALWINA
Putzi, shut up !
(puis très vite 🙂
Tu tomberas sans te faire de mal. Que cela reste char­mant. Tu chuteras avec grâce.

ERIKA
Je ne tomberai pas : je feindrai.

MALWINA
La bicy­clette ?

ERIKA
Je n’ai rien oublié.

MALWINA
Au fond, je préfère la sim­u­la­tion

ERIKA
A cause de la robe, je parie.

MALWINA
( souri­ante 🙂
Ja, mein Schatz.

ERIKA
Tu devais être adorable dans tout ce blanc.
( elle quitte la posi­tion allongée, s’assied sur le bord du transat­lan­tique, fix­ant Mal­wina ;

MALWINA
Tu le seras davan­tage.

ERIKA
Et s’il ne s’ar­rê­tait pas ?

MALWINA
( vul­gaire et en riant:)
N’a jamais eu les yeux en poche, ce type.

ERIKA
( avec une répro­ba­tion amusée:)
Ma…

MALWINA
Tu pens­es si je le con­nais un peu… J’ai la pra­tique de ces grands bour­geois Leur âme porte mon­o­cle mais leur ven­tre, Eri­ka, leur ven­tre qui les fait se mou­voir sans ciller des yeux pour autant, c’est lui qui nous les rend sup­port­a­bles.

LE BARON
Jawohl, ganz recht.

ERIKA
Schweig !

MALWINA
Méfie-toi de Mozart, c’est un mani­aque de Mozart, oui, beau­coup moins de Beethoven, trop vio­lent par­fois, du moins à son gré. Il préfère le cati­mi­ni, les pointes qui don­nent du vague à l’âme.

ERIKA
( vul­gaire de la même façon que Mal­wina précédem­ment:)
Vous chantiez en duo, hein ?

MALWINA
Cer­to… mais on s’ac­com­pa­g­nait au clavecin.

LE BARON
Love­ly.

ERIKA
( tou­jours vul­gaire:)
Yeah !
( Mal­wina s’est mise à chan­ton­ner, et tout soudain — quoique d’une manière imper­cep­ti­ble — le cli­mat sonore de l’e­space vert se déglingue, on perçoit des réminis­cences des cli­mats sonores de la por­tion d’au­toroute, du salon XVIII• siè­cle et de la suiface de jeu ; nous pré­cisons d’une manière imper­cep­ti­ble car ces réminis­cences res­teront loin­taines, “nos­tal­giques”, et cesseront tout aus­sitôt que Maliv­ina recom­mencera à par­ler)

MALWINA
(riant:)
Ça cha­touille même si ma voix n’est plus que l’om­bre de ce qu’elle fut ..
( elle recom­mence à chan­ton­ner avec le même résul­tat)

ERIKA
C’est très beau.

MALWINA
Exci­tant, ma fille.
( elle recom­mence à chan­ton­ner avec le même résul­tat )

LE BARON
Beau­ti­ful.

MALWINA
Même qu’au­jour­d’hui c’est rauque …
( elle tente de mon­ter de plusieurs octaves, mais échoue avec le même résul­tat )

LE BARON
What a pity, my dear.

MALWINA
Ach, halt dein Maul !

ERIKA
Tu man­ques d’ex­er­ci­ce

MALWJNA
De poumons, cara mia… ( un temps )

Jamais plus Mozart ne me fera encore le même effet, jamais plus depuis ce…
( elle se tâte la poitrine )

ERIKA
Le corset te com­prime, n’est-ce pas ?

MALWINA
Si d’aven­ture il te pro­po­sait un qua­tre mains avec Mozart au pro­gramme saute sur l’oc­ca­sion.

ERIKA
Je chanterai aus­si.

MALWINA
Oui, mais seule­ment s’il te le demande.
( elle rit en se com­p­ri­mant la poitrine, elle rit de plus en plus fort, son rire est entre­coupé de spasmes )

LE BARON
Ach ! die Schmerzen wieder.

ERIKA
Con­tin­ue comme ça et tu vas t’é­touf­fer.
( elle se lève, s’ap­proche tout près de Mal­wina )

MALWINA
C’est sa tête qu’il pres­sait con­tre mes seins qui m’empêchait de respir­er …
( elle rit encore, reprend son souf­fle pour par­ler:)
Chaque fois que mon chant s’él­e­vait mon diplo­mate exul­tait, son vis­age sévère en deve­nait radieux.

ERIKA
Tu chan­tais sou­vent ?

MALWINA
( écla­tant de rire:)
Lieber Gott !

LE BARON
What’s the mat­ter, my dear ?
ERIKA
Ma … Ma !

MALWINA
Écoute-la, Putzi, écoute-la donc ! Pourquoi Mozart a‑t-il écrit sa musique ?

LE BARON
Pour qui Mozart a‑t-il écrit sa musique ?

MALWINA
Quand si peu de gens pos­sè­dent les moyens de s’ex­tir­p­er de leur médiocre per­son­ne, qu’il leur faut des notes suaves pour pren­dre quelque hau­teur, notre fille, Putz zu Stern, en est tou­jours à se deman­der pour qui Mozart a écrit sa musique.

LE BARON
Für wen hat Mozart seine Musik geschrieben ?

ERIK
( la voix dés­in­volte 🙂
Tu tiens vrai­ment à ce que je porte la même robe ?

MALWINA
( du même ton que si elle par­lait affaire 🙂
Sans la robe blanche de la diva ce serait une mas­carad

LE BARON
Si. Si.

ERIKA
Un jour tu dis qu’il voit, un autre jour tu dis qu’il est aveu­gle, et un troisième qu’il nous sur­vivra tous car il joue la comédie.

LE BARON
( à l’or­eille de Mal­wina 🙂
L’or­dre …

MALWINA
Schweig. ( un temps )
Sans la robe l’idée de la bicy­clette serait d’un vul­gaire achevé.
Dan­thès ne mol­lit jamais si bien que lorsqu’un con­traste le touche dan sa sen­si­bil­ité d’artiste.

LE BARON
( même atti­tude 🙂
L’or­dine … ( en ital­ien )

MALWINA
Oh, thank you, Putzi.
( à Eri­ka:)
Il veut dire un cer­tain ordre mais sans apprêt, l’har­monie du chif­fon, la poésie des boule­verse­ments légers.
Surtout pas de cam­bouis sur les jambes, hein. De la chair nue, certes, mais tout juste ce qu’il faut.

ERIKA
( elle remet ses lunettes noires)
Oui.

LE BARON
( à l’or­eille de Mal­wina 🙂
Das Gesicht …

MALW1NA
Ja … Natür­lich … Point trop luisant le vis­age, un peu de rouge … l’é­mo­tion et très vite, très vite un sourire.

LE BARON
( à l’or­eille de Mal­wina 🙂
Schnell …

MALW1NA
Quick­ly, but inno­cent… Eri­ka… vieni qui.
( la jeune fille obéit)
Surtout n’ou­blie pas ce dernier con­seil… Mais est-ce que tu m’é­coutes ?

( elle enlève les lunettes noires d’Eri­ka d’un geste nerveux:)
La com­plic­ité jamais. Ne cède pas là-dessus. Il ten­tera sa chance. Tiens bon.
C’est la famil­iar­ité qui tue une pas­sion. Et les sen­ti­ments de Dan­thès sont si frag­iles.

ERIKA
( la voix inex­pres­sive:)
Oui, Ma.

Scène 2

(Dan­thès et Eri­ka)
Le cli­mat sonore de l’e­space vert va en dimin­u­ant et se mélange bien­tôt avec celui de la por­tion d’au­toroute. Eri­ka est tombée de bicy­clette et est éten­due sur l’as­phalte. Dan­thès un genou à terre est penché sur le corps inan­imé de la jeune fille. Vrom­bisse­ment des moteurs de voitures, qui s’ap­prochent ou s’éloignent. Très assour­dis la chan­son de marche « Eri­ka » et les pas cadencés de sol­dats.

DANTHÈS
Made­moi­selle ! … made­moi­selle !
( il effleure le vis­age d’Eri­ka)
( la jeune fille ouvre les yeux, sourit:)

Made­moi­selle … Ras­surez-moi, n’est-ce pas que vous n’avez rien ?

ERIKA
( elle se redresse avec un mou­ve­ment gra­cieux:)
Soyez donc ras­suré. ( un temps)
J’ai tout bête­ment per­du l’équili­bre. ( un temps)
Oh ! ma robe… comme ce serait dom­mage si ma robe..

DANTHÈS
Ravis­sante votre robe. Vous ressem­blez à une étoile. Quelle chance est la mienne de vous trou­ver ici. Tant pis si on vous réclame là-haut, je vous a décou­verte le pre­mier et je vous garde.
( Eri­ka éclate de rire, d’abord cristallin son rire finit par ressem­bler à celui de sa mère, étouf­fé, presque rauque )

Scène 3

(Jarde et Dan­thès)
Dans le salon XVI­I­Ie siè­cle, Dan­thès est debout der­rière son bureau, il remue quelques papiers. Jarde est con­fort­able­ment engoncé dans un fau­teuil piv­otant. Le cli­mat sonore de l’au­toroute aura été en dimin­u­ant Jarde fait piv­ot­er le fau­teuil. Le bruit de son pied sur le par­quet lisse.

DANTHÈS
( avec une pointe d’a­gace­ment dans la voix 🙂
Mon fau­teuil vous amuse, hein ?

JARDE
( il ralen­tit la rota­tion du pied, reni­fle l’air à plusieurs repris­es, et tout en cxtrqyant une petite bouteille de sa poche 🙂
Faut-il vous dire que l’in­som­nie inter­vient pour beau­coup dans ces obses­sions qui vous inquiè­tent ?

DANTHÈS
Mais est-ce vrai que j’in­quiète ?

JARDE
( tout en reni­flant 🙂
J’ai dit que l’in­quié­tude était en vous-même

DANTHÈS
Des gens m’in­ven­tent. Je deviens un matéri­au entre leurs mains. Un dou­ble dont l’ex­is­tence m’échappe …
(Jarde a man­qué éter­nuer)

JARDE
C’est bien ce qui me gêne.

DANTHÈS
( il com­mence à arpen­ter le salon 🙂
J’ai la sen­sa­tion d’être gom­mé …
( un court silence que Jarde met à prof­it pour se met­tre des gouttes dans le nez )

JARDE
Peut-être avez-vous peur que ce dou­ble ne vous soit aus­si étranger que vous le voulez croire.

DANTHÈS
Ai-je dit que je le croy­ais, doc­teur Jarde ?

JARDE
( reni­flant encore mais plus à l’aise )
Mais ce dou­ble qui fiche le camp si loin de vous, ce n’est ..

DANTHÈS
Qu’il s’en aille où bon lui sem­ble !

JARDE
Facile, Dan­thès, si facile… ( un temps )
Vous embel­lis­sez votre anx­iété, cher ami.

DANTHÈS
( der­rière son bureau les mains appuyées sur le bois ; le corps penché en avant:)

J’ai dit qu’on me manip­u­lait de l’ex­térieur, que c’est moi qu’on manip­u­lait. Il m’ar­rive de plus en plus sou­vent de ressen­tir une sorte d’ef­face­ment, de perte d’i­den­tité.
(Jarde ouvre la bouche pour répon­dre, mais Dan­thès se redresse et recom­mence à arpen­ter le salon 🙂
Je ne souf­fre pas de sur­me­nage. J’ai beau­coup de loisirs, Jarde.

JARDE
Pourquoi me coupez-vous tout le temps la parole ?

DANTHÈS
Sans doute parce que dans votre art tout est banal : il vous faut un dou­ble, une névrose réductible comme une frac­ture, des rêves qui ne soient le pro­duit que d’un sur­me­nage pro­fes­sion­nel. ( un temps )
J’ai le sen­ti­ment d’être l’hal­lu­ci­na­tion de quelqu’un d’autre, le sen­ti­ment d’être inven­té, imag­iné par un tout autre per­son­nage que moi-même.

JARDE
Vous tenez donc absol­u­ment à ce que ce soit quelqu’un. d’autre. Curieux que vous abdiquiez aus­si aisé­ment ce pou­voir que nous avons tous de nous inven­ter

DANTHÈS
Ah ! Je pen­sais bien vous décevoir.

JARDE
Vous tirez les ficelles, mon cher ambas­sadeur, et si ce n’é­tait leur nom­bre qui vous embar­ras­sait, vous n’au­riez jamais songé à faire appel à moi.

DANTHÈS
(penché sur Jarde 🙂
Des ficelles, oui, des tares secrètes… pro­fondé­ment enfouies, intimes, très per­son­nelles, oui, très per­son­nelles, sinon le diag­nos­tic ris­querait d’en pâtir.

JARDE
Si ce baron vous invente …

DANTHÈS
Vous aimeriez me prou­ver que j’in­vente le baron, Jarde.

JARDE
Jarde, doc­teur Jarde, mon­sieur l’am­bas­sadeur
( il réprime un éter­nue­ment)
Ne m’in­ven­tez pas, je vous en prie.
( il se lève, s’éloigne de quelques pas)

DANTHÈS
Quel âge avez-vous ?
(Jarde a un hausse­ment d’é­paules 🙂

JARDE
Pour quelle rai­son Putz zu Stern vous inven­terait-il ?

DANTHÈS
Ce n’est pas tant le baron que la jeune fille qui vous intéresse. Vous lui êtes d’un excel­lent con­seil, j’imag­ine.

JARDE
En effet, ni le baron ni la mère d’Eri­ka n’ont eu recours à mes ser­vices.

DANTHÈS
En quoi donc son cas serait-il plus pas­sion­nant que le mien ?

JARDE
Vous n’êtes pas mon cas, je doute même que vous en soyez un. Il y a des mal­adies qui n’en finis­sent pas d’é­clore. Certes sommes-nous tous des malades en puis­sance, mais vous par­lez de vos mal­adies avec délec­ta­tion. En cela vous espérez sans doute appa­raître comme un cas excep­tion­nel.

DANTHÈS
Vous n’êtes pas objec­tif, et c’est dom­mage.

JARDE
Je suis médecin.

DANTHÈS
Voyons, il vous arrive bien de temps à autre d’avoir des faib­less­es pour un malade … beau­coup plus que pour sa mal­adie. C’est humain.

JARDE
Avouez que c’est unique­ment de cette jeune fille que vous vouliez m’en­tretenir.

DANTHÈS
Vous seriez plus objec­tif si elle ne fai­sait par­tie de votre pra­tique.

JARDE
Aus­si, me bornerai-je à dire qu’il est préférable que vous la laissiez tran­quille.

DANTHÈS
C’est donc qu’à vos yeux je suis malade, doc­teur Jarde.

JARDE
( il reni­fle, se frotte le nez avec insis­tance )
Ce n’est pas tant du baron que vous avez peur, mais de la mère d’Eri­ka.

DANTHÈS
( tout près de lui 🙂
Suis-je malade ?

JARDE
(excédé:)

Malade ?… Pourquoi pas •? Mais surtout très sat­is­fait de vous-même.

DANTHÈS
Asseyez-vous …
( il résiste un peu, mais Dan­thès l’en­traine )
Il ne sert à rien d’élever la voix ici. Ces salons ont une acous­tique mer­veilleuse. Asseyez-vous, Jarde.
( ce dernier se libère douce­ment de l’étreinte de Dan­thès )
Vous devez penser que je me sous­trais à cette vague de matéri­al­isme qui men­ace de tout emporter depuis la fin de notre guerre. ( un temps )
Mais quel âge avez-vous donc ?

JARDE
Je suis peut-être trop jeune pour avoir passé par Dachau, Excel­lence.

JARDE
Ni juif, ni ex-résis­tant, ni ex-déporté.

DANTHÈS
En tant que juif, vous auriez vécu avec beau­coup plus d’in­ten­sité. Un juif développe une énergie con­sid­érable car il a tou­jours à lut­ter.

JARDE
N’é­tant pas juif, c’est sans espoir.

DANTHÈS
( citant de mémoire et d’une voix ironique:)
Donc, je suis un mal­heureux, et ce n’est ni ma faute ni celle de la vie.
( il répète en ital­ien la dernière par­tie de la phrase:) E non è ne mia col­pa ne quel­la del­la vita.

JARDE
On dirait que vous regret­tez de n’être pas né Juif.
( court silence)
( il rit douce­ment 🙂

Votre baron est tombé à l’in­térieur de lui-même, il est détru­it par l’al­cool. C’est un indi­vidu par­faite­ment inex­is­tant.

DANTHÈS
Je recon­nais à votre ton que cette jeune per­son­ne vous aura dit que sa mère et moi avions un passé com­mun ?
(Jarde se rassied) ( avec hési­ta­tion 🙂
Mal­wina von Ley­den…

JARDE
( en faisant piv­ot­er son fau­teuil:)
Oui, l’amie de Casano­va, la con­fi­dente du comte de Saint-Ger­main, la com­plice de Cagliostro dans !‘Affaire du col­lier de la Reine … (puis riant:)
Ma…
( il rit plus fort, se soulève à moitié de son fau­teuil, comme s’il voulait gliss­er une con­fi­dence à l’or­eille de Dan­thès, ce dernier se penche:)
Ma n’a qu’une enne­mie mortelle …

DANTHÈS
( riant de même, le vis­age tout près de celui de Jarde 🙂
Oui, Ma n’a qu’une enne­mie mortelle …

JARDE
… la réal­ité.

DANTHÈS
… la réal­ité.
( il rit tou­jours )

JARDE
( le vis­age et la voix soudain trans­for­més:)
Tu vois les sit­u­a­tions sous leur aspect théorique, Dan­thès, et guère sous celui de la souf­france
( il tire l’or­eille de Dan­thès avec une cru­auté apparem­ment démente )

DANTHÈS
( étouf­fant un cri de souf­france 🙂
Ma… Ma le sait-elle, Jarde ? Le savez-vous ce que Ma…

JARDE
( il repousse Dan­thès avec une vio­lence sin­gulière, et reprenant son apparence nor­male:)
Les hommes sont ter­ri­fiés par le pou­voir de pro­créa­tion des femmes.

DANTHÈS
( il frotte machi­nale­ment son oreille meur­trie, et d’une voix plain­tive 🙂
Mal­wina von Lty­den a tenu le plus grand bor­del d’Eu­rope à la fin de la guerre.

JARDE
( souri­ant, les mains jointes sous le men­ton :.)
Les femmes sont beau­coup plus libres que nous le sommes d’ex­primer leur envie des acces­soires mâles et des rôles mas­culins.

DANTHÈS
( tou­jours d’une voix plain­tive:)
Une maque­relle qui débute à la cour des Médi­cis, qui se fait pass­er pour une juive de Ros­tock en 1940 afin de se gag­n­er les faveurs du prince von Kreutzen et vivre à ses cro­chets dans son château à Sig­marin­gen.

JARDE
( avec un sif­fle­ment admi­ratif:)
Eine aussergewôhn­liche Frau …
Vous êtes un homme d’une immense cul­ture, mais face à toutes ces femmes qui sont plus libres que nous … et qui vous ter­ri­fient par leur pou­voir de pro­créa­tion … n’est-ce pas ? Mais n’ayez aucune inquié­tude, le prob­lème se pose tôt ou tard à cha­cun de nous … Que de temps per­du néan­moins au nom de la cul­ture quand la vie con­siste à se con­stituer une mai­son en s’at­tachant à une femelle, n’est-ce pas ?
( il reni­fle l’air, se frotte le nez déli­cate­ment)

DANTHÈS
( avec une curiosité qua­si enfan­tine 🙂
Vous l’avez tâté son corset orthopédique ?

JARDE
L’é­tour­dis­sante Mal­wina que vous avez con­nue et aimée vit dans un fau­teuil <l’in­firme depuis vingt ans.

DANTHÈS
( très posé­ment:)
Ain­si, cette jeune per­son­ne vous aura dit que sa mère et moi avions un passé com­mun.
(Jarde se lève, il glisse son bras sous celui de Dan­thès, ils marchent tous les deux, avan­cent de front très lente­ment puis d’un ton enjoué:)

JARDE
Cette excen­trique … cette pau­vre femme … cette … oh, com­ment exprime-t-on ces choses …

DANTHÈS
Bah … une cour­tisane qui rivalis­erait en beauté et effron­terie avec la superbe Impe­ria soi-même …

JARDE
( avec un rire grivois 🙂
L’au­riez-vous aimée chaste, Dan­thès ?
( ils avan­cent tous les deux de front, mais leur pro­gres­sion se fait au ralen­ti — comme celui qu’on utilise au ciné­ma )

DANTHÈS
Elle m’aimait sans …
( il hésite)

JARDE
Sans ?… ( il rit) sans que vous ayez jamais l’im­pres­sion de pren­dre l’ini­tia­tive, n’est-ce pas ? C’est elle qui vous procu­rait du plaisir. C’est de votre ter­reur qu’est née la putain.

DANTHÈS
Elle m’aimait…
(Jarde reni­fle:)

JARDE
Pro­cur­er du plaisir est en soi une œuvre méri­toire. Aujour­d’hui vous avez l’im­pres­sion que cette mal­heureuse infirme vous per­sé­cute. Curieux que vous pen­siez tou­jours que les femmes vous trou­vent irré­sistible …
( la musique de Mozart défer­le soudain allè­gre, joyeuse )
Mozart … Oumm … j’aime …

Scène 4

( Dan­thès et Eri­ka )
Sans tran­si­tion le pas résolu mais léger d’Eri­ka dans le même salon XVI­I­Ie siè­cle. Dan­thès se lève pour aller à sa ren­con­tre, l’in­vite à s’asseoir. Elle prend place dans le fau­teuil piv­otant. Dan­thès retourne s’in­staller der­rière son bureau. Un silence. Il sem­ble embar­rassé, remue quelques papiers pour se don­ner con­te­nance.

DANTHÈS
Vous… ( un temps ) vous ressem­blez éton­nam­ment à votre mère, made­moi­selle.

ERIKA
Je suis heureuse de savoir que vous vous sou­venez enfin de ma mère, mon­sieur l’am­bas­sadeur … Votre pre­mière let­tre…
( nou­veau silence, Dan­thès recom­mence à remuer quelques papiers )

DANTHÈS
J’ai beau­coup vécu, depuis, et, vous savez, ma mémoire … ( il a un geste vague )

ERIKA
Bra­vo. Voilà qui est vrai­ment facile et qui remet ma mère à sa place.

DANTHÈS
Je me sou­viens par­faite­ment d’elle.

ERIKA
Mon­sieur l’am­bas­sadeur …

DANTHÈS
Allons, lais­sez cela. ( un temps )
Com­ment va-t-elle ?

ERIKA
Voilà une ques­tion qui a mis près d’un quart de siè­cle à faire son chemin.
( Dan­thès est debout der­rière son bureau, il la regarde ami­cale­ment )

DANTHÈS
C’est fou, com­plète­ment fou. Votre dernière let­tre m’a con­va­in­cu, parce qu’une telle absence de tout rap­port avec la vérité ne pou­vait provenir que d’une blessure vraie, authen­tique.

ERIKA
Vous êtes vrai­ment passé maître dans l’art de vivre avec vous-même, mon­sieur… Ça doit être dif­fi­cile.

DANTHÈS
Vous lui ressem­blez éton­nam­ment…

ERIKA
Voyez-vous, mon­sieur, ce qui m’in­téresse, c’est … Com­ment fait-on ça ? Com­ment fait-on pour avoir en soi de telles ressources d’in­hu­man­ité ?
Je suis venue vous voir parce qu’il y a des années que j’en­tends par­ler de vous, et que cela deve­nait intolérable … Je vous imag­i­nais trop, vous pre­niez trop de place dans ma vie, par votre absence …

DANTHÈS
von Ley­den.. Mal­wina von Ley­den …
( d’une voix automa­tique:)
N’est-ce pas le nom d’une célèbre sor­cière brûlée à Got­tin­gen au XVIe siè­cle ?

ERIKA
( d’une voix trem­blante, presque inaudi­ble 🙂
Salaud …

DANTHÈS
( se méprenant, très bas:)
Vous pleurez ?

ERIKA
Je vous demande par­don, je ne…
( pen­dant les trois dernières répliques, la sur­face de jeu con­tiguë au salon XVI­I­Ie siè­cle a été envahie par des per­son­nages ‑fig­urines, hommes et femmes en habit de cour du XVI­I­Ie siè­cle ; une moitié des fig­urines est vêtue de blanc, l’autre moitié de noir ; elles sont à peu près au nom­bre de vingt, égale­ment partagées entre les deux camps ; les per­son­nages-fig­urines représen­tent donc les pièces du jeu d’échecs : pio­ns, tours, rois, dames, cav­a­liers, fous ont investi la sur­face de jeu dans un piétine­ment gra­cieux au rythme d’une musique allè­gre de Mozart )

DANTHÈS
Il n’y a hélas ni dia­ble ni sor­cière pour acheter notre âme… Une suc­ces­sion d’e­scrocs, d’im­pos­teurs, de tricheurs et de petits mar­goulins qui promet­tent tou­jours mais ne livrent jamais.

ERIKA
Vous étiez amoureux de ma mère.

DANTHÈS
Au pire, le fas­cisme ou le stal­in­isme, avec leurs offres de bon­heurs inouïs, en échange de votre âme…

ERIKA
Vous étiez son amant.

LES FIGURINES
( en se dan­d­i­nant sur la musique de Mozart )
Au mieux la cul­ture, l’art …

DANTHÈS
( éle­vant la voix comme s’il voulait cou­vrir le chœur des fig­urines 🙂
Au mieux la cul­ture, l’art …

ERIKA
Vous deviez l’épouser, l’emmener avec vous en poste à l’é­tranger ..

LES FIGURINES
( comme précédem­ment:)
Il n’y a pas d’a­cheteurs pour notre pau­vre petite camelote …

DANTHÈS
( comme précédem­ment 🙂
Il n’y a pas d’a­cheteurs pour notre pau­vre petite camelote.

ERIKA
( mor­dant à la fois sur les fig­urines et sur la « répéti­tion » de Dan­thès )
… et, au lende­main de l’ac­ci­dent dont vous étiez respon­s­able et qui l’a ren­due paralysée, vous l’avez aban­don­née, vous vous êtes enfui avec hor­reur, et…
( elle s’est dressée man­i­festf­ment furieuse) ( en même temps, dans l’e­space vert:)

MALWINA
Joue, joue Putzi !
( le baron s’est glis­sé der­rière les fig­urines blanch­es ; martelle­ment de talons, bruit de cla­que­ttes, blancs et noirs ont gag­né leurs posi­tions respec­tives )

DANTHÈS
(fasciné par le baron et tour­nant le dos à Eri­ka à laque­lle il con­tin­ue néan­moins de s’adress­er 🙂
Votre mère a accom­pli sur mon dos une œuvre d’imag­i­na­tion qui mérite le plus grand respect. C’est pourquoi je vous ai invitée à venir me voir.
Ce n’est pas une sim­ple curiosité … Mais c’est quand même assez boulever­sant non ? que depuis plus de vingt ans une femme vous invente avec tant de haine, au nom d’un très grand amour qu’elle n’a jamais vécu et d’une vile­nie qui ne fut jamais com­mise …
( les fig­urines con­tin­u­ent à se dandin­er sur la musique de Mozart)

ERIKA
Vous étiez son amant !

DANTHÈS
( tou­jours obser­vant le baron fau­filé entre les fig­urines blanch­es et qui pousse un cav­a­lier)
( dans une sorte d’af­fole­ment:)

Est-ce qu’elle a vu un psy­chi­a­tre ?
( Eri­ka sur­prise se laisse retomber dans le fau­teuil, éclate de rire, un rire cristallin, qui tient de l’en­fance, et, à cer­tains moments, sem­ble accom­pa­g­n­er la musique de Mozart )

LE BARON
( dans le même temps presqu’en cati­mi­ni, d’une voix basse:)
Cgl-f3.
( on dis­tingue mieux à présent Mal­wina assise dans son fau­teuil d’in­firme, au cen­tre de l’e­space vert plongé dans la pénom­bre )

DANTHÈS
( le regard fixé sur la sur­face de jeu )
J’ai ren­con­tré votre mère. ( un temps )
Je l’ai vue sou­vent, mais je i’ai très peu con­nue.
( le rire d’Eri­ka un instant sus­pendu recom­mence plus musi­cal que jamais )
Oui, nous avions eu une… pas­sade. Un soir, alors que nous étions à une récep­tion à Ver­sailles, elle m’avait pro­posé de me ramen­er à Paris dans sa voiture. En ce qui con­cerne mes respon­s­abil­ités … banales, (…)
( en même temps 🙂

MALWINA
( avec un rire rauque et assour­di:)
C’est la pre­mière fois au cours de ta car­rière, Putzi, que tu t’en­gages dans un gam­bit de la Dame.

DANTHÈS
(…) Je vous dirai ceci : c’est elle qui con­dui­sait …

(puis la voix altérée et quit­tant des yeux la suiface de jeu 🙂
Est-ce qu’elle a vu un psy­chi­a­tre ?

ERIKA
( d’une voix soudain mécon­naiss­able, chaude, envoû­tante, cares­sante comme celle d’une hôtesse à la récep­tion d’un aéro­drome inter­na­tion­al:)
La plu­part des hommes très vir­ils répug­nent, non seule­ment aux sup­pos­i­toires, mais jusqu’à la prise de leur tem­péra­ture anale lorsqu’ils ont la fièvre.

DANTHÈS
(fix­ant de nou­veau la suiface de jeu, et tout en s’adres­sant à Eri­ka 🙂
… C’é­tait l’au­to de votre mère et c’est elle qui tenait le volant, lorsque ce mau­dit camion apparut soudain de nulle part … Je fus à peine blessé, votre mère eut la colonne vertébrale brisée.

ERIKA
( avec la même voix que précédem­ment, mais en accen­tu­ant encore si pos­si­ble le côté “charme-pub­lic­i­taire “, et avec une inten­sité dans le regard comme si Dan­thès était tou­jours en face d’elle 🙂
Il faut au con­traire, pour qu’une femme — chez qui tout est plus petit ‑pos­sède pleine­ment son corps qu’elle sur­passe l’an­goisse vitale éveil­lée par la peur de la péné­tra­tion.
( Dan­thès s’est fau­filé entre les fig­urines noires et pousse la Dame)

DANTHÈS
d7-d5.

MALWINA
(presqu’en même temps en bat­tant des mains, avec un rire rauque et bref:)
Ce sera le gam­bit, Putzi…

DANTHÈS
J’ai été stupé­fait par vos let­tres.
( il a man­qué trébuch­er entre les fig­urines, qui con­tin­u­ent à se dandin­er sur la musique de Mozart)
Je ne com­pre­nais pas pour quelle rai­son votre mère avait éprou­vé le besoin d’in­ven­ter cette his­toire.

ERIKA
( même atti­tude et même voix que précédem­ment 🙂
Je sais qu’on a pré­ten­du que l’in­flu­ence per­tur­ba­trice de la civil­i­sa­tion en Europe tendrait à effémin­er les hommes comme à mas­culinis­er les femmes.

DANTHÈS
( tou­jours empêtré dans la suiface de jeu:)
Je crains que mon méti­er un peu … con­ven­tion­nel, un peu déshu­man­isé et où l’on cal­cule beau­coup, ne m’ait touché de cette sécher­esse de notaire qui demande tou­jours des comptes pré­cis …

ERIKA
( d’une voix rede­v­enue nor­male:)
D’après vous, seules les femmes sauvages devraient être nor­males ?

DANTHÈS
Oui, j’ai cher­ché la rai­son … Je vous avoue franche­ment que j’ai fait faire une enquête sur votre mère.

A

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dans le numéro
Kalisky-Couverture du Numéro 29-30 d'Alternatives Théâtrales
#29 – 30
mai 2025

Kalisky

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Par Marc Quaghebeur
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