[ L’homme du coin et ses fantômes ]
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[ L’homme du coin et ses fantômes ]

Le 29 Déc 1995
Article publié pour le numéro
Kantor-Couverture du Numéro 50 d'Alternatives ThéâtralesKantor-Couverture du Numéro 50 d'Alternatives Théâtrales
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Pour Michelle Kokosows­ki qui m’a fait décou­vrir La CLASSE MORTE
et m’a appris, il y a cinq ans, la mort de Kan­tor.

UN DES CAMARADES de classe cher à Kan­tor a fait un film, LE RETOUR D’ULYSSE, en reprenant le titre du célèbre spec­ta­cle inau­gur­al don­né en 1944 par le Théâtre Clan­des­tin que le futur maître ani­mait à Cra­covie. Au terme de ce doc­u­men­taire-témoignage, dans la dernière séquence, le jeune/vieil homme se lev­ait de table et sans énerve­ment, avec obsti­na­tion, ne ces­sait de tourn­er en répé­tant seul, mais avec la con­science d’une écoute publique extérieure : « Je voulais vous dire quelque chose. Je voulais vous dire…» La caméra suiv­ait de près ce com­bat acharné. Il dura un cer­tain temps, puis Kan­tor, de l’au-delà de l’écran, mur­mure avec un sourire nar­quois : « et pour­tant c’é­tait très impor­tant ». [ronie qui rendait encore plus insup­port­able l’ef­fort de tout à l’heure pour attrap­er cette pen­sée-anguille qu’il avait saisie et ensuite égarée. Il s’appliquait, mais rien n’y fai­sait … et à un moment don­né, il deve­nait évi­dent que le temps jouait con­tre lui. Que la pen­sée-con­clu­sion s’en­fuyait au fur et à mesure du pas­sage des sec­on­des et que l’homme qui s’agitait sur place était voué à la perte. Alors, dans le dernier cadre, il se retourne pour admet­tre, en riant, la défaite : « Tant pis…», con­clut-il… Arrêt sur image. Le secret s’est dérobé à la for­mu­la­tion. L’ex­péri­ence mné­monique que Kan­tor a érigée en matière du THÉÂTRE DE LA MORT va le con­duire vers un véri­ta­ble théâtre tes­ta­men­taire. Mais mal­gré le désir de tout dire, une énigme per­siste tou­jours. Le « Rose­bud » de CITIZEN KANE. Un autre K.

L’art et la lib­erté

À tra­vers ses pre­miers spec­ta­cles, Kan­tor s’est con­sti­tué en par­ti­san de la lib­erté dans l’art, ce qui est plus que syn­onyme d’art libre. Il a débor­dé le poli­tique pour se réclamer des avant-gardes et de leur dis­cours volon­taire­ment agres­sif à l’é­gard des con­traintes et tra­di­tions. Kan­tor s’in­scrit des années durant dans cette mou­vance qui assim­i­le le renou­veau à la lib­erté dont l’artiste parvient à faire état dans son œuvre. Il se rat­tache à la rébel­lion rad­i­cale, cul­tivée avec obsti­na­tion par les artistes de la con­tes­ta­tion esthé­tique. Il n’en fut alors qu’un par­mi d’autres. Kan­tor apparte­nait à un front, mais sa présence n’é­tait pas dis­tincte.

À un moment don­né, lui-même l’avoue, il déci­da de quit­ter « l’au­toroute des avant-gardes pour emprunter le sen­tier du cimetière ». Dès lors il entend non plus libér­er l’art, mais se libér­er lui-même à force de remé­mora­tion.

L’artiste vieux

Presque quinze ans, Kan­tor s’est enfer­mé dans le THÉÂTRE DE LA MORT comme Goya dans la Mai­son du sourd : clô­ture absolue. Dans cet univers, cha­cun se posait en maître absolu qui pou­vait libér­er ses craintes, hurler ses peurs, lâch­er ses mon­stres. Tous Les deux ont décou­vert bien tard l’emprisonnement qui a con­ver­ti les artistes intéres­sants qu’ils étaient en génies de la nuit. Goya et Kan­tor s’accomplissent à la fin lorsqu’ils se livrent corps et âme à la con­struc­tion d’une prison — la leur — d’où ils ne pou­vaient plus sor­tir, certes, mais où ils par­ve­naient au max­i­mum d’incandescence de leur art.

Kan­tor entre dans « la classe morte » d’où il ne sor­ti­ra plus. Grâce à cette réserve mné­monique il va voy­ager à tra­vers des sou­venirs et il va les ressus­citer sans nos­tal­gie ni com­plai­sance. Car la lib­erté per­son­nelle ne s’accompagne pas du sac­ri­fice des acquis du dadaïsme ou du con­struc­tivisme dont il con­tin­ue à se réclamer. La force de l’artiste au seuil de la vieil­lesse con­siste à reli­er ce qui a pri­ori se présente comme incom­pat­i­ble : passé per­son­nel et avant-gardes. Le THÉÂTRE DE LA MORT est issu de ce mariage con­tre nature. Il a enfan­té l’œuvre de Kan­tor, bâtard de génie, ni tout à fait sub­jec­tif, ni tout à fait indif­férent au biographique, ni entière­ment du côté du théâtre, ni entière­ment du côté des arts plas­tiques. Cette impureté restera, pour lui, à jamais indis­so­cia­ble de la lib­erté.

C’est tar­di­ve­ment que Kan­tor a pu attein­dre l’ex­pres­sion ultime, « essen­tielle » qu’une fois acquise, il ne fait plus que mod­uler à tra­vers les derniers spec­ta­cles, telles les vari­a­tions d’un thème inlass­able­ment repris. Pareil à Gia­comet­ti ou Beck­ett, Kan­tor appar­tient à la famille de ces pris­on­niers d’ex­cep­tion.

Kan­tor, on l’a dit, a injec­té du biographique dans l’ex­er­ci­ce des avant-gardes a pri­ori réfrac­taires à toute inci­dence sub­jec­tive. Et pour notre plus grand éton­nement cette alliance tient et per­met à l’œu­vre de Kan­tor de dépass­er aus­si bien la con­fes­sion que la provo­ca­tion. Elles coex­is­tent.

Kan­tor invente un mode de nar­ra­tion du passé avec du vivant, de même que Proust élab­o­rait une tech­nique d’écri­t­ure lui per­me­t­tant d’ériger la mémoire en matière épique. Dans ce sens il est légitime de voir dans le THÉÂTRE DE LA MORT le pen­dant théâ­tral de LA RECHERCHE. Si, dès ses débuts, Kan­tor fut présent sur scène pour l’animer et per­turber, plus tard il devint « nar­ra­teur » proustien qui s’assume en tant que tel. Ain­si Wielo­pole retrou­vé acquiert la réal­ité mné­monique de Com­bray. Kan­tor et Proust, bâtis­seurs d’un art de la mémoire, sont tous deux sor­tis de la jeunesse et con­fron­tés à ce qui, com­muné­ment, s’ap­pelle la fin. C’est alors seule­ment que lib­erté et mémoire s’épousent.

Le tes­ta­ment car­nava­lesque

L’im­mi­nence de la fin et l’in­cer­ti­tude du retour. « Et puis que débar­tir me fault / Et du retour ne suis cer­tain » — poussent Vil­lon à écrire ses fameux tes­ta­ments con­sid­érés comme étant à l’origine du genre tes­ta­men­taire en lit­téra­ture. Vil­lon con­jugue sur le mode ludique la joie de vivre qui sub­siste et l’oblig­a­tion du départ sur fond de regrets brefs mais explicite­ment for­mulés. Le car­naval et la mort s’enlacent. Une dernière danse, macabre autant que provo­ca­trice, et l’on s’en va ! C’est dans Vil­lon que Kan­tor se recon­naît les dernières années puisque leurs rap­ports à la mort s’apparentent : ils l’acceptent, mais en veil­lant à ce qu’ironie et douleur coex­is­tent sans cesse en changeant les reg­istres, en déplaçant les accents, bref en refu­sant toute con­ti­nu­ité d’é­tat.

Si les autres spec­ta­cles du THÉÂTRE DE LA MORT priv­ilégient la mémoire biographique, JE NE REVIENDRAI JAMAIS est conçu comme un tes­ta­ment d’artiste. Détail impor­tant : c’est pour la pre­mière fois que dans le titre inter­vient le Je absent et dans LA CLASSE MORTE, et dans WIELOPOLE-WIELOPOLE et dans QU’ILS CRÈVENT LES ARTISTES. Une affir­ma­tion de soi se des­sine, encore plus forte­ment. D’ailleurs son spec­ta­cle inachevé ne s’intitulait-il pas AUJOURD’HUI C’EST MON ANNIVERSAIRE ? Ces deux derniers spec­ta­cles sont ani­més par un désir tes­ta­men­taire explicite. Tes­ta­ments d’artiste qui entend léguer son œuvre tout en délim­i­tant le ter­ri­toire et en rap­pelant les décou­vertes effec­tuées. Kan­tor se présente alors comme légataire d’une mémoire per­son­nelle autant que d’un acquis artis­tique. Mais mal­gré l’im­por­tance qu’il lui accorde, le maître polon­ais ne peut se dépar­tir de cette humeur car­nava­lesque qui fut la sienne. Il la ressus­ci­ta en renouant les liens avec le Moyen Âge tardif qui a con­stam­ment con­jugué mort et déri­sion.

Le nô de l’Oc­ci­dent

Le théâtre de Kan­tor ne peut se réduire, comme cer­tains le lais­sent penser, à un théâtre auto­bi­ographique. Sa force se nour­rit, par-delà la lib­erté et la mémoire, d’un autre terme, la tra­di­tion. Il rejoint, peut-être de manière for­tu­ite, mais cela compte peu, la struc­ture archaïque du nô. Il ne s’agit ni d’une greffe ni d’un emprunt, mais d’une équiv­a­lence, d’une ren­con­tre où la cul­ture éclaire la cul­ture et où le passé sert d’assise au présent. Kan­tor, en emprun­tant « le sen­tier du cimetière » a réin­ven­té le nô.… le nô de l’Oc­ci­dent. Sans le chercher, sans le pro­gram­mer non plus. Et de cette coïn­ci­dence struc­turelle on peut sup­pos­er que provient le sen­ti­ment de solid­ité du THÉÂTRE DE LA MORT.


Ici, comme dans le nô, pour citer Claudel, « c’est quelqu’un qui arrive », Kan­tor lui-même, et non plus, comme dans le drame occi­den­tal, « quelque chose qui arrive ». Kan­tor se trou­ve d’emblée sur le plateau, il attend dans une posi­tion mar­ginale, pareil au waki, per­son­nage médi­um­nique dont les pou­voirs ressus­ci­tent les héros défunts. C’est l’homme du coin. Dans le THÉÂTRE DE LA MORT, « l’homme du coin » ne réveille pas « les fan­tômes du lieu », comme dans le nô, mais ceux de son pro­pre passé. Par-delà ces dis­tinc­tions, leurs manières d’agir théâ­trale­ment se ressem­blent car, situés du côté des vivants et du présent, tous deux éri­gent la scène en ter­ri­toire d’un temps révolu qui s’actualise. Grâce à cette struc­ture pro­fonde, Kan­tor parvient à dépass­er l’aveu et pro­pos­er ce que l’on pour­rait désign­er comme étant, si para­dox­al que cela puisse paraître, un nô per­son­nel. Le seul que l’Oc­ci­dent ait réal­isé théâ­trale­ment. Cette hypothèse ne trou­ve-t-elle pas récon­fort dans une for­mule énig­ma­tique de Kan­tor qui, dans cette per­spec­tive, acquiert un sens imprévu : il dis­ait que LA CLASSE MORTE est le spec­ta­cle où « l’on voit la mort dans un coin ».

Le waki fait revenir des guer­ri­ers ou des sor­cières, des princess­es ou de jeunes héros per­tur­bés. Ce monde tient du noble et du grand qui, grâce à la mémoire de « l’homme du coin », peut de nou­veau pren­dre corps. Le waki n’y plonge pas et il regarde les dans­es des per­son­nages d’an­tan ressus­cités avec l’œil de l’e­sprit : le passé s’incarne de façon autonome devant lui. Il n’est pas tein­té de sub­jec­tiv­ité. Waki, c’est « un rôle de mémoire ».

Kan­tor adopte le même statut tout en s’affirmant, tel le « nhrra­teur » proustien, comme « être de mémoire ». C’est son passé qui se réin­car­ne, mais passé qui ne revêt point l’aspect excep­tion­nel pro­pre aux fan­tômes du n6. Il s’ap­par­ente plutôt à cet univers que Kan­tor aimait si sou­vent invo­quer : la Cour des mir­a­cles. Ici Le retour du passé n’a rien de somptueux et le nô kan­to­rien se nour­rit de « la réal­ité du rang Le plus bas ». Cette alliance de con­traires nous a per­mis de voir du nô dans la Cour des mir­a­cles.

Presque pour con­firmer le rap­proche­ment pro­posé, Kan­tor avance une déf­i­ni­tion du théâtre qui recou­vre celle du nô. Comme pour Zea­mi, pour lui aus­si, le théâtre c’est « le lieu d’un pas­sage secret, le gué entre le monde de l’au-delà et celui des vivants ». Out­re ce pas­sage, il exerce aus­si Le pas­sage d’un art à l’autre afin de débor­der les fron­tières et sub­ver­tir les pou­voirs d’un ter­ri­toire unique. Kan­tor a fait du pas­sage une voca­tion. Pour nous restera-t-il comme un Charon, passeur non seule­ment entre des univers et des pra­tiques, mais aus­si d’un siè­cle à l’autre ?

Il y a cinq ans.

Dans Tchekhov, la lim­ite qui mar­que les des­tins des humains, c’est cinq ans. Le mariage d’Ivanov dure cinq ans, Ranevska­ia ren­tre de Paris après cinq ans et s’in­ter­roge sut l’év­i­dence de ses change­ments. « Me recon­nais­sez-vous ?» s’in­quiète-t-elle. Quelque chose d’essentiel se joue dans ce laps de temps récur­rent chez Tchekhov. Quoi ?

Il y a cinq ans, Kan­tor a véri­ta­ble­ment explosé dans son pro­pre monde. Il répé­tait AUJOURD’HUI C’EST MON ANNIVERSAIRE et après deux accès de colère qui fai­saient presque par­tie de sa stratégie afin de met­tre en dan­ger à chaque instant l’équili­bre du groupe, il est mort dans son lit, à Cra­covie, au numéro 7 de la rue de Sienne. Kan­tor n’a pas quit­té le THÉÂTRE DE LA MORT auquel ces derniers temps il avait accolé un voca­ble bizarre étranger même, l’amour, et c’est là qu’il a implosé. Comme un alchimiste qui aurait trou­vé le secret tant recher­ché et dont il ne pou­vait plus se sépar­er. Bien que Kan­tor ait fait de cha­cun de ses spec­ta­cles le dernier en leur don­nant le sens d’un adieu, la mort sur­prend tou­jours et son ultime spec­ta­cle achevé, pub­lic, ne fut pas une de ces œuvres dernières habitées par le « geste tes­ta­men­taire », mais une esquisse, une ébauche, une œuvre trem­blée. Créée à Avi­gnon, à l’ini­tia­tive de l’Académie Expéri­men­tale des Théâtres, cette œuvre au titre ni orgueilleux, ni provo­ca­teur, avait un titre, déci­sion éton­nante, pais­i­ble, Ô Douce NUIT… stille nacht. Une berceuse pour la nuit de Noël sur fond de chem­inée des camps et goût des avant-gardes retrou­vées. Une œuvre où tout Kan­tor était, celui qui se trou­vait sans cesse en dia­logue avec ses morts et celui qui ressus­ci­tait ses maîtres des années 20 – 30, ses amours d’alors. Cette fois-ci, Kan­tor ne dirigeait plus le spec­ta­cle de la scène et, pareil à un père qui suit ses enfants de près, il restait à côté, accolé à l’avant-scène, inqui­et, atten­tif, enchan­té. Aujourd’hui, cette image-là reste la plus sai­sis­sante : il était passé de l’autre côté. Sur l’autre rive. de la « douce nuit ». Il n’était plus l’homme du coin.

La mort fait sens. La mort retourne ce qui pou­vait paraître sim­ple jeu en son con­traire. Ain­si, à Toulouse, lors des dernières répéti­tions de AUJOURD’HUI C’EST MON ANNIVERSAIRE, Kan­tor jouait avec son dou­ble incar­né. Ce qui sem­blait être alors une sim­ple réflex­ion sur l’art — le reflet dans le cadre du tableau —, appa­raît aujourd’hui comme le dernier jeu avec juste­ment ce qu’il allait per­dre, son ombre, son dou­ble. Dans ce spec­ta­cle inachevé, Kan­tor avait, pour la pre­mière fois, réveil­lé son dou­ble avant que les deux ne volent en éclats. Il y a cinq ans déjà.

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Écrit par Georges Banu
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