Ramón Oller, le saut dans le vide
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Ramón Oller, le saut dans le vide

Le 24 Mai 1996
DUÉRMETE YA chorégraphie de Ramón Oller Photo Ros Ribas
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RAMÓN OLLER, choré­graphe cata­lan, se présente à la troisième édi­tion de la Bien­nale de Charleroi avec l’une de ses dernières créa­tions, DUÉRMETE YA (Dors main­tenant), qui a été créée sur la scène du Mer­cat de les Flors de Barcelone en novem­bre 1995. La prédilec­tion du choré­graphe pour LA BELLE AU BOIS DORMANT de Tchaïkovs­ki et l’univers qui entoure le danseur de bal­let clas­sique ont été la source d’inspiration de ce nou­veau spec­ta­cle qui recrée l’univers des songes et dans lequel pal­pite dès le début un pro­fond sen­ti­ment de soli­tude.

« Avec cette créa­tion, je me libère de la ligne suiv­ie dans des œuvres antérieures. La nos­tal­gie, le boléro et la théâ­tral­i­sa­tion, sup­ports de mes précé­dents spec­ta­cles sont sur une voie de garage et je préfère miser sur un tra­vail plus physique, qui est en même temps un tra­vail de recherche. Le proces­sus de la créa­tion a duré un an », explique Ramón Oller. 

« Pour DUÉRMETE YA, con­tin­ue t‑il, la par­ti­tion de Tchaïkovs­ki est la pre­mière chose qui m’est venue à l’e­sprit. C’est une musique qui m’a tou­jours fasciné. Ensuite, au cours d’un voy­age à Cuba où j’ai eu la chance de voir danser Ali­cia Alon­so, j’ai pen­sé créer un bal­let qui serait un hom­mage au danseur de bal­let clas­sique. Une nuit où je ne pou­vais pas dormir, je me suis mis à réfléchir sur l’univers de ce type de danseurs. Je me suis demandé quels devaient être leurs rêves alors qu’ils étaient con­damnés à tou­jours inter­préter les mêmes rôles. Je me suis inter­rogé sur la grande dif­férence qui les sépare, dans cette per­spec­tive, du danseur con­tem­po­rain qui est tou­jours en con­tact avec la créa­tion. De tout cela a sur­gi DUÉRMETE YA. »

Dans ce spec­ta­cle, comme dans toutes ses œuvres, les duos ont une grande force. Il est fasci­nant de voir com­ment les danseurs se jet­tent ver­tig­ineuse­ment l’un con­tre l’autre, dans un intense dia­logue de corps à corps. « Ce dia­logue rapi­de est comme la danse, un saut dans le vide. Quand tu com­mences à créer un mou­ve­ment, tu ne sais pas où tu vas aboutir. C’est la même chose que dans les rela­tions humaines, ce sont des sauts dans le vide. » 

« La rapid­ité mar­que ma vie et ma gestuelle. Le déclencheur est l’angoisse qui me pousse à créer et à vivre à un rythme accéléré, dans une ten­ta­tive pour attein­dre l’inaccessible. Ce qui me plaît, c’est que les images que je crée pro­duisent un impact sur le spec­ta­teur et que par­fois il se sente inca­pable de digér­er tant de vitesse. Evidem­ment, dans ma choré­gra­phie, je fais altern­er le mou­ve­ment rapi­de et le geste lent, selon ce que je veux exprimer, mais la pas­sion est tou­jours rapi­de et c’est elle qui m’inspire, elle est mon moteur. » Ses sou­venirs d’enfance ont mar­qué les œuvres de Ramón Oller dès le début. Dans sa dernière créa­tion, les allu­sions à ces années ne pou­vaient man­quer. « Les danseurs, pro­tag­o­nistes de l’histoire, se com­por­tent comme les poussins de la ferme de ma mère. C’é­tait inévitable : pen­dant plusieurs années, mes créa­tions ont tourné autour de mes expéri­ences d’enfant à la cam­pagne, mais je me suis aus­si lais­sé sub­juguer par le monde urbain, comme on peut le con­stater dans LA PARADA (L’ar­rêt, 1985) et DE METROS Y METROS (De mètres et de mètres, 1986).» 

DUÉRMETE YA chorégraphie de Ramón Oller Compagnie Metros
Photo Ros Ribas
DUÉRMETE YA choré­gra­phie de Ramón Oller Com­pag­nie Met­ros Pho­to Ros Ribas

Ramón Oller est un grand con­nais­seur de l’univers des émo­tions féminines. Ses années d’enfance, qu’il a vécues entouré de femmes, occu­pent une place priv­ilégiée dans ses sou­venirs, tout comme les étés passés dans le vil­lage de sa mère en Andalousie. « J’ai tou­jours vécu entouré de femmes. Ma mère avait seize sœurs. Ses expéri­ences et ses sen­ti­ments m’ont inspiré la créa­tion de SOLA A SOLES (Seule dans la soli­tude), en 1988. Par ailleurs, les gens de la cam­pagne, les chan­sons et la vie quo­ti­di­enne du vil­lage de ma mère ont été la source d’inspiration de ; QUÉ PASÓ CON LAS MAGDALENAS ? (Qu’est-il arrivé avec les Madeleines ?)» Ces sou­venirs ont mar­qué une étape esthé­tique, entre le mod­erne et le folk­lore, de son par­cours pro­fes­sion­nel. En 1994, MENTIDES DE DEBÓ, en col­lab­o­ra­tion avec la chanteuse Mari­na Rosell et le musi­cien Mauri­ci Villavec­chia clôt un cycle com­plet dans la vie de Ramón Oller. DUÉRMETE YA est le com­mence­ment d’une nou­velle étape. 

Traduit de l’espagnol par Nadine Bucio.

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