FABIENNE VERSTRAETEN : Tu as un long parcours de comédienne avant d’en venir à la mise en scène. Comment le passage s’est-il fait ? Est-ce le fruit d’une évolution personnelle, ou bien d’une rupture radicale ?
Pascale Binnert : Ma formation de comédienne a toujours été associée à un souci de mise en scène : quand nous travaillions des scènes, à l’INSAS1 ou avant cela en France, à Dijon, je prenais souvent le rôle d’œil extérieur. En sortant de l’INSAS, j’ai eu envie de faire un travail collectif avec les gens de la classe sur LA DOUBLE INCONSTANCE de Marivaux. Mais cette expérience m’a déçue :nous n’avons reçu aucun soutien institutionnel, personne ou presque n’est venu voir le travail au Théâtre de la Balsamine, et le spectacle n’a pas tourné comme je l’espérais. L’esquisse de spectacle que nous avons présentée a pourtant reçu le prix de la Cocof2 ? pour le jeune Théâtre, ex aequo avec YVONNE PRINCESSE DE BOURGOGNE mis en scène par Jean Michel d’Hoop. Ce prix nous a permis de retravailler et de présenter un spectacle achevé au Théâtre de la Balsamine. Tout de suite après cette expérience, j’ai été engagée en tant que comédienne ; j’avais perdu toute envie de me confronter seule à un projet et à tous les soucis de production qu’il entraîne. Si j’avais rencontré un partenaire qui aurait eu envie de se colleter à ces problèmes, alors là oui peut-être…