Débuter Aujourd’hui ?
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Débuter Aujourd’hui ?

Le 26 Oct 1998
Article publié pour le numéro
Débuter-Couverture du Numéro 62 d'Alternatives ThéâtralesDébuter-Couverture du Numéro 62 d'Alternatives Théâtrales
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Suite à la lec­ture de la retran­scrip­tion de son inter­ven­tion Jean Lam­bert-wild a souhaité nous apporter un com­plé­ment de réflex­ion que nous pub­lions ici.

« IL Y À ce point
Dont le cen­tre est un autre point
Qui con­tient le noy­au
Qui m’a vu naître. »

En préam­bule à ma réponse à ce qui n’é­tait pas une ques­tion.

En dehors des anec­dotes, qui mis­es bout-à-bout font le tracé d’une vie, mon choix du théâtre comme lieu et moyen d’écri­t­ure est dic­té par ce fait : le théâtre est une pra­tique, dont le corps est le plus sen­si­ble aux change­ments et aux per­tur­ba­tions du champ d’ac­tion de la séman­tique occi­den­tale.

Cette sen­si­bil­ité dans la théâ­tral­ité occi­den­tale con­tem­po­raine se traduit par : soit une régres­sion, soit une répul­sion, soit une stag­na­tion, soit une agres­sion.

Ces états réduisent l’orgueil con­fi­ant d’un théâtre occi­den­tal con­tem­po­rain qui veut guérir une Mal­adie générale en lui appli­quant le traite­ment de sa Mal­adie par­ti­c­ulière ; tout en ne sachant pas très claire­ment, si le patient dont le « devoir » est de guérir est Malade ou en pleine san­té.

S’il était Malade, cela n’au­rait aucune inci­dence sur l’in­ef­fi­cac­ité du traite­ment. Deux Mal­adies ne s’annulent pas, au mieux elles rel­a­tivisent leurs douleurs, au pire elles se cam­ou­flent l’une l’autre.

Beau­coup de médecine pour rien, mais c’est crain­dre une évi­dence que les femmes et les hommes de théâtre ne puis­sent s’empêcher d’être « des médecins mal­gré eux ».

Mon raison­nement n’est ici ni nihiliste ni moral­iste, mais sans doute très com­plice et un peu con­tem­pla­teur car c’est bien les Mal­adies (le terme de Mal­adie étant com­pris comme : une vari­a­tion com­pul­sive et ryth­mique d’une com­po­si­tion générale en déclin) du théâtre occi­den­tal con­tem­po­rain qui m’in­téressent.

Je suis plus par­ti­c­ulière­ment intéressé par la mul­ti­tude des formes artis­tiques et par­fois sci­en­tifiques qui trou­vent dans cette pra­tique Malade le moyen d’ex­is­ter, de se dévelop­per et de pro­lifér­er ; tout en ayant soin de tenir la pra­tique elle-même dans un état Mal­adif moyen. Ce qui en stratégie est la meilleure garantie de défense que l’on puisse espér­er.

Une méta­mor­phose est en cours. Et comme sou­vent, la méta­mor­phose n’est pas le fait de « l’or­gane » lui-même.

J’ob­serve donc cette méta­mor­phose, en m’in­téres­sant à l’évolution de toutes les formes qui y tra­vail­lent et j’ose espér­er voir sur­gir une autre pra­tique théâ­trale.

En pre­mière asser­tion à ma réponse à ce qui n’é­tait pas uné ques­tion.

Tout ce qui est de l’or­dre des réal­ités poli­tiques et économiques con­stitue des con­tin­gences extérieures présentes mais jamais des pri­or­ités pre­mières et absolues.

Ce statut peut bien sûr bas­culer si l’on cherche dans la pra­tique théâ­trale les moyens d’en­reg­istrement d’une volon­té de pou­voir (pou­voir poli­tique, religieux, économique ou social). Ce que j’ad­mets. Mais ce bas­cule­ment ne me con­cerne pas, car il ne cor­re­spond pas à la pri­or­ité de ma lutte.De plus je revendique un statut artis­tique de per­pétuel exilé, désar­mé.

Je remar­que, au pas­sage, que l’en­reg­istrement du pou­voir par les artistes de théâtre crée sou­vent des utopies effrayantes et total­isantes qui pos­sè­dent en elles des forces de jus­ti­fi­ca­tion tout aus­si effrayantes et total­isantes.

En deux­ième asser­tion à ma réponse à ce qui n’é­tait pas une ques­tion.

Je refuse d’en­vis­ager ma réponse à la façon d’un tur­fiste. Il n’y a ni ligne de départ, ni ligne d’ar­rivée dans ma lutte. La valeur d’une action ou d’un engage­ment artis­tique ne se mesure ni dans la dif­fi­culté d’une course com­péti­tive, ni dans la longueur de foulée des par­tic­i­pants, ni même dans la dureté des fers donc ils sont pourvus.

Je dirais : Là où il y a com­bat, il n’y a plus lutte !

Et il arrive par­fois que la carne la plus puante er boi­teuse porte son fardeau le plus loin.

En troisième asser­tion à ma réponse à ce qui n’é­tait pas une ques­tion.

Le temps est un matéri­au périss­able, insta­ble mais con­tinu. Mon tra­vail s’in­scrit dans cette con­ti­nu­ité. Je ne peux donc le frac­tion­ner. Tout au plus, je peux dire, en quel point de la ligne je me trou­ve.

Aujour­d’hui mon point est : l’on­du­la­tion aléa­toire des Émo­tions, leurs influ­ences sur le sys­tème cérébral, le niveau d’in­for­ma­tion et de com­mu­ni­ca­tion que l’on peut alors en dégager.

Cela dit, voilà ma réponse à ce qui n’é­tait pas une ques­tion je pour­su­is aujour­d’hui ce que j’ai pour­suivi hier et que je pour­suiv­rai demain.

Là, est la pri­or­ité de ma lutte : Me pour­suiv­re…

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Écrit par Jean Lambert-wild
Jean Lam­bert-wild dirige la Com­pag­nie 326 à Belfort.Plus d'info
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