« L’effondrement du Parti ne laisse pas intact l’Etat »

« L’effondrement du Parti ne laisse pas intact l’Etat »

Bernard Faivre d’Arcier

Le 4 Juin 2000

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ALTERNATIVES THÉÂTRALES : Quels ont été vos pre­miers con­tacts avec le théâtre de l’Est de l’Eu­rope 

Bernard Faivre d’Arci­er : Le Fes­ti­val d’Av­i­gnon a une tra­di­tion d’invitations du théâtre russe. Paul Puaux déjà, dans les années 70, avait fait venir des met­teurs en scène de Moscou, comme Tovstono­gov qui présen­ta au Théâtre munic­i­pal, L’HISTOIRE DU CHEVAL. Suc­cé­dant à Paul Puaux, j’ai béné­fi­cié de ses con­seils et ses con­tacts, au temps de l’URSS. C’est en sa com­pag­nie que j’ai fait mes pre­miers voy­ages à Lén­ingrad, Moscou ou encore Tbilis­si. J’ai, d’ailleurs, invité dès 1980 un grand met­teur en scène géorgien, Robert Stu­rua, qui présen­ta au Palais des Papes, RICHARD III et LE CERCLE DE CRAIE CAUCASIEN, servis par des acteurs puis­sants et mag­nifiques. L’in­flu­ence de Vilar était par­v­enue jusque dans le loin­tain Cau­case. On se récla­mait beau­coup, en Union Sovié­tique, du Théâtre Nation­al Pop­u­laire. 

A. T.: Com­ment se déroulaient les négo­ci­a­tions avec les autorités de la zone com­mu­niste pour inviter les com­pag­nies ? 

B. F. A.: On le sait, le théâtre pub­lic dans les « démoc­ra­ties pop­u­laires » avait un statut bien par­ti­c­uli­er. Forte­ment sub­ven­tion­né, fondé sur un réseau de grands théâtres de réper­toire, il était aus­si le lieu d’une cer­taine pen­sée cri­tique, l’occasion pour un pub­lic très attaché au théâtre, de décrypter une cer­taine dis­si­dence de pen­sée. Il s’agis­sait pour le Fes­ti­val d’Av­i­gnon de ne pas se laiss­er impos­er une pro­gram­ma­tion, mais de rester libre de ses choix, face à un sys­tème éta­tique, cen­tral­isé, mais riche aus­si de mille intrigues et batailles intestines, surtout lorsqu’il s’agis­sait de se ren­dre en Occi­dent. 

Ceci dit, ce théâtre-là avait une grandeur, représen­tait un enjeu. De Berlin-Est à Moscou, riche était la source théâ­trale. Il faut se sou­venir du pres­tige acquis en France par Brecht et le Berlin­er Ensem­ble. Michel Batail­lon, com­pagnon du TNP de Roger Plan­chon, m’ini­ti­ait à la décou­verte des théâtres est-alle­mands et russ­es, qu’il con­naît fort bien. J’e­spère que Youri Lioubi­mov qui vient cet été à Avi­gnon (pour la pre­mière fois!) nous racon­tera cette fan­tas­tique his­toire du théâtre russe, dont il a con­nu tous les boule­verse­ments, les rup­tures, les muta­tions. À 84 ans, avec son énergie de jeune homme, il a vécu le siè­cle théâ­tral. 

A. T.: Mais quels étaient les con­tacts pos­si­bles en Europe entre les théâtres de l’Ouest et de l’Est ? 

B. F. A.: Ils étaient mal­gré tout lim­ités. Et soumis à des autori­sa­tions admin­is­tra­tives qui exerçaient un droit d’aller et venir sur les troupes de l’Est rece­vant des invi­ta­tions à se pro­duire à l’Ouest. 

Il exis­tait cepen­dant des lieux de ren­con­tre : le Fes­ti­val de Bel­grade, le BITEF, qui au temps du titisme, a joué un grand rôle à cet égard. On venait y voir une sélec­tion des pays d’Eu­rope cen­trale. Et les con­tacts se sont égale­ment mul­ti­pliés dans les années 80, grâce à des réseaux d’in­for­ma­tions, de ren­con­tres informelles. Ain­si, la créa­tion par Philippe Tiry (alors directeur de l’ON­DA, l’of­fice français de dif­fu­sion artis­tique) de l’I­ETM a eu une influ­ence con­sid­érable pour ces rap­proche­ments. Ce réseau informel du théâtre européen a très vite asso­cié à ses travaux, des pro­fes­sion­nels du théâtre et de la danse, venant de l’Est. 

A. T.: Depuis la chute du Mur, et les change­ments de régime, com­ment a évolué la sit­u­a­tion du théâtre ? 

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