Evelyne Lecucq : Dominique Houdart, vous avez dit qu’en découvrant l’écriture de Patrick Dubost, vous aviez senti qu’elle était faite pour le théâtre de figures. Qu’entendez-vous par là ?
Dominique Houdart : On ne peut pas déclarer à un auteur : « Voilà des marionnettes. Il faut écrire pour les marionnettes. » Il y a des auteurs qui correspondent à notre propos et d’autres pas. Nous avons, Jeanne Heuclin et moi, travaillé pendant des années avec Gérard Lépinois. Il n’avait pas spécialement envie d’écrire pour la marionnette. Mais ses textes allaient tellement dans un sens identique au nôtre que cela a motivé notre collaboration. L’an dernier, à la Chartreuse, en écoutant un texte de Patrick Dubost, lu par des comédiens, j’ai pensé que nous allions pouvoir travailler avec ce type d’écriture. Notre spectacle n’est donc pas le résultat d’une commande mais d’une rencontre. On n’écrit pas pour les marionnettes mais les marionnettistes s’emparent de textes qui peuvent leur convenir, classiques ou contemporains. Quand j’ai commencé à parler avec Patrick, je lui ai demandé de nous donner plus particulièrement ses textes injouables par des acteurs. Je pressentais que ce serait avec ceux-là qu’on pourrait aller le plus loin. Des textes qui peuvent être mis en jeu, éclairés, mis en espace, avec notre univers. C’est une alchimie assez curieuse et on ne peut pas régler si simplement la question de l’écriture pour marionnettes. Les styles de marionnettes sont différents et chaque metteur en scène a sa vision puis son attente de l’écriture. Mais, dans ce flou artistique, je dis quand même que cette écriture, avec tout ce qu’elle comporte, correspondait à notre monde et à nos marionnettes.
Evelyne Lecucq : Patrick Dubost, dans la mise en scène de Dominique Houdart, avant même d’entendre L’inventaire des théories — celui de vos textes qui donne son nom au spectacle —, nous sommes conviés à écouter votre Manifeste pour un théâtre moderne en quarante-neuf articles, qui est déjà une sorte d’inventaire ironique. Votre écriture est-elle toujours fragmentée, en forme d’aphorismes ou de listes obsessionnelles ?

