LA SCIE PATRIOTIQUE (extrait)

LA SCIE PATRIOTIQUE (extrait)

Le 2 Avr 2002

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Voix d'auteur et marionnettes -Couverture du Numéro 72 d'Alternatives ThéâtralesVoix d'auteur et marionnettes -Couverture du Numéro 72 d'Alternatives Théâtrales
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LA fille se bal­ançait d’un pied sur l’autre. On la pous­sa un peu. Voir. Jusqu’à quel point elle se lais­sait aller. C’était pour éprou­ver sa résis­tance. Une mis­sion de sol­dat. La fille était une chose molle dans leurs bras. Ça fai­sait drôle. Elle voulait tout ce qu’on voulait. Quand ils appuyaient dessus elle bal­lot­tait. Quand elle fai­sait un écart, à peine, elle ne dis­ait jamais rien. Ils essayèrent le coup de lui tor­dre un bras dans le dos jusqu’à ce que ça s’arrête. Elle s’affaissa.
Dès qu’ils relâchaient elle repre­nait son bal­ance­ment. Attends. Ils y allèrent au bâton. Piquer-cla­quer. Elle se mit à sautiller. Impayable.
Hilaire pas­sa der­rière pour lui coin­cer les pieds, mine de rien. Il sif­flait. C’était comique. Elle gig­o­tait ; elle ne bougeait pas. On aurait dit qu’elle jouait un film. Hilaire se col­la devant elle et mon­ta sur ses pieds pour la blo­quer plus solide­ment. Après il la prit à la taille, comme s’ils dan­saient un beau tan­go. Hop, il la tor­dait en arrière, les deux pieds bien plaqués sur les siens. Il mar­quait tous les temps d’un petit coup de sif­flet, ça don­nait un air ath­lé­tique. La poupée pan­te­lait.
Hilaire finit par lui attrap­er une jambe ; il la soule­va ; il la soupe­sa. Il la mon­tra aux autres, le plus haut pos­si­ble. Un peu de silence ! ça n’était pas une jambe de bois ! Rigodon fit un craque­ment de rire.
Qu’est-ce qu’elle était potelée.
Tout le monde ne man­q­ti­ait pas, dis donc.
Les hommes venaient tâter ça, pour se ren­dre compte. Cha­cun son tour, pas deux fois de suite. Il y avait des pro­vi­sions dans ces bois.
Ils bous­culèrent la fille assez sauvage­ment. Où ? Ruée sur elle. Hilaire au pre­mier plan. Main­tenant il la fai­sait danser à coups de baffes. Où ça, la bouffe ? Manger… miam-miam… c’était où ? Il lui tordit la tête. Où, la bouffe ?
Rigodon ne bron­chait pas.

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Écrit par Nicole Caligaris
Nicole Cali­garis n’a jamais écrit de textes pour le théâtre. Out­reLa Scie patri­o­tique (Mer­cure de France, 1997), elle...Plus d'info
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1 Avr 2002 — Philippe Rodriguez-Jorda : Pour vous, qu’y a-t-il au tout début d’une envie de mise en scène ? Sylvie Bâillon: L’idée,…

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