Éditions Lieux-Dits, Strasbourg, 1999.
JE REGARDE le monde, chaque année, avec un peu plus de douceur, pour ne pas mourir. Oublier, oublier encore, ne jamais cesser d’oublier, pour ne pas mourir.
Tisser, au fil des ans, un prodigieux manteau de solitude pour ne pas mourir. Logique de se donner un dieu pour ne pas mourir.
On aime ses enfants plus que tout au monde tandis qu’au fond une petite voix murmure en grinçant que c’est pour ne pas mourir.
Aujourd’hui est un jour parfait pour ne pas mourir.
Cultiver un jardin d’erreurs pour ne pas mourir.
Nous sommes morts et morts nous parlons encore pour ne pas mourir.
Le vide, en ce qu’il contient toute chose et son contraire, est un argument parfait pour ne pas mourir.
Crier pour crier et crier encore et se démolir la gorge pour ne pas mourir.
Lire à voix haute et sans prendre sa respiration comme s’il y avait là une solution ou peut-être une clef pour ne pas mourir.
Le monde vu depuis les coulisses pour ne pas mourir. On se coiffe tous les matins pour ne pas mourir.
Extraits du Spectacle L’INVENTAIRE DES THÉORIES.

