CINQ HEURES trente du matin. Un jour glauque se lève.
Un petit café dans le quartier du Midi à Bruxelles.
Ce pourrait être les didascalies d’une pièce de théâtre comme celles auxquelles Jean-Marie Piemme nous a habitués.
Non, c’est un récit qui part fort.
Un frère aime — un peu trop — sa sœur : à tout le moins il ne supporte pas qu’elle travaille dans un café.
Sa sœur, c’est Laïla qui fouette le récit de ses beaux cheveux noirs. Le frère, c’est « le Gitan » : le personnage le plus mystérieux de cette affaire. N’empêche…
Ce matin-là, il fait irruption dans le café. Brève dispute entre le frère et la sœur.
— Non, je ne m’en irai pas ! crie-t-elle. Le ton monte. Un client s’en mêle, un gros homme chauve, chemise défraîchie.
Un brave. Pensionné, mineur, passionné de cyclisme ; il tient le crachoir à propos de Coppi et Bartali.
Le Gitan plante son couteau dans le ventre du pensionné. Exit Gros homme. Mort. Il aura fait long feu.
Et Laïla de s’enfuir. Idem pour l’assassin. La police subodore dans ce crime marinai une affaire de faux passeports.
Enquête.
Ibrahim, le patron du café, n’a rien vu.
Surtout pas le Gitan.
Ibrahim tient d’une bonne poigne ce café du bout du monde dont la devise des clients est : « On est baisé de partout, mais on s’amuse encore. »
Le narrateur n’a rien vu, celui qui nous emmène dans cette aventure à la première personne. Qui est-ce ?
Que fait-il là ? Voyeur, client de passage ? Pas vraiment.
Il s’appelle Max. Se surnomme parfois Noël.
Un Noël bruxellois d’origine liégeoise.

