La singularité Genet

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La singularité Genet

Le 2 Oct 2003
Article publié pour le numéro
Choralité-Couverture du Numéro 76-77 d'Alternatives ThéâtralesChoralité-Couverture du Numéro 76-77 d'Alternatives Théâtrales
76 – 77
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« JE SUIS À PEU PRÈS SÛR qu’on ne jouera jamais mes pièces après ma mort, ni qu’on lira mes livres. Tout sera enter­ré avec moi. J’en suis de plus en plus cer­tain, mais je con­tin­ue d’écrire, comme un fou ». C’est un pro­pos de Jean Genet en 1958 dans une let­tre à Bernard Frecht­man (p. 918). Heureuse­ment, il se trompe, et il faut met­tre son juge­ment pes­simiste au rang des angoiss­es infondées. Car près de cinquante années plus tard, avec le récent vol­ume de la Pléi­ade con­sacré à son œuvre théâ­trale1, Genet nous revient comme un boulet en plein vis­age. Obscur et lumineux, vio­lent en tout cas, d’une irré­cus­able vio­lence d’être-là.

Voici donc rassem­blés, les textes de théâtre, ceux qui sont moins con­nus (SPLENDID’S, ADAME MIROIR, ELLE, LE BAGNE ) et ceux qui le sont davan­tage ici éclairés de leurs vari­antes (deux ver­sions de HAUTE SURVEILLANCE plus un état inter­mé­di­aire, deux ver­sions du BALCON, deux ver­sions des BONNES ; LES NÈGRES et LES PARAVENTS, aug­men­tés de frag­ments man­u­scrits et dacty­lo­graphiés). À quoi il faut ajouter un choix de let­tres et les grands textes théoriques qui tra­cent dans une langue remar­quable une fig­ure du théâtre comme art sacré. Chaque texte fait l’objet d’une présen­ta­tion et d’une analyse très com­plète.

On croy­ait tout con­naître de Genet. Et bien non. Si con­naître sig­ni­fie par­courir les ori­en­ta­tions par­fois diver­gentes d’un texte et de ses mots, les tours et les détours d’une écri­t­ure, beau­coup de chemin reste à faire. Genet taille et retaille son dia­mant, avec entête­ment, avec obsti­na­tion ; les ver­sions se suc­cè­dent, se cor­ri­gent, se dénon­cent ; les vari­antes se déploient, comme s’il y avait un point de réso­lu­tion qu’on approche mais qu’on n’atteint jamais. Dans une intro­duc­tion qui éclaire remar­quable­ment le par­cours et les enjeux de l’écriture chez Genet, Michel Corvin écrit : Vue sous cet angle (la recherche d’un absolu dans l’écriture dra­ma­tique), chaque pièce écrite ou en cours d’écriture est moins un palier pour accéder à un niveau supérieur qu’un écran qui gêne le dra­maturge dans une quête ontologique plus encore qu’artistique. Ce qui expli­querait aus­si que Genet com­pose en même temps ses trois pièces essen­tielles (LE BALCON, LES NÈGRES, LES PARAVENTS) comme devant, cha­cune, rester en sus­pens et provo­quer, pour ain­si dire, la suiv­ante à la nais­sance. Suiv­ante qui sera la « Vraie ». (p. XVII)

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Écrit par Jean-Marie Piemme
Auteur, dra­maturge. www.jeanmariepiemme.bePlus d'info
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Choralité-Couverture du Numéro 76-77 d'Alternatives Théâtrales
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