Jan Decorte — Cet homme nommé le sang, le loup et le diable

Jan Decorte — Cet homme nommé le sang, le loup et le diable

Le 22 Avr 2005
AMLETT de Jan Decorte et Het Toneelhuis, 2001 - Photo Dimitri Van Zeebroeck.
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Article publié pour le numéro
L'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives ThéâtralesL'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives Théâtrales
85 – 86
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L’AUTEUR, acteur et met­teur en scène Jan Decorte a joué et joue un rôle déter­mi­nant dans le théâtre fla­mand de ces trente dernières années. Peu importe que le chemin ter­ri­fi­ant qu’il a suivi avec opiniâtreté l’ait mené des hautes cimes aux abîmes les plus pro­fonds. Peu importe qu’il n’ait jamais mis le pied dans la « machine du théâtre » et qu’il soit tou­jours resté « délibéré­ment et avec bon­heur en dehors du petit monde du théâtre ». Mal­gré tout cela, son œuvre a été, et reste, une référence pour les généra­tions passées et à venir.

Il a écrit suc­ces­sive­ment des textes baro­ques, mys­tiques, il a mis en scène des textes clas­siques selon une approche dra­maturgique et scéno­graphique nova­trice. Il a ensuite fait volte-face et s’est voué à la créa­tion de pièces de théâtre d’une sim­plic­ité enfan­tine, prin­ci­pale­ment en adap­tant ou en réécrivant un matéri­au shake­spearien.

Dans les années 1980, Decorte était un met­teur en scène mar­gin­al qui ne se sou­ci­ait guère de la façon dont son tra­vail serait reçu. Par la suite, il a prêté de plus en plus atten­tion au pub­lic, cher­chant à nouer une rela­tion directe avec lui : il s’est mis en quête d’un rap­port sans jeu de pou­voir, d’un théâtre sans sacral­ité.

On peut décrire la langue qu’il utilise dans ses pièces comme un idiome très per­son­nel apparem­ment enfan­tin. Jan Decorte : « En fin de compte, le théâtre est tout à fait lié aux com­porte­ments enfan­tins, au passé, aux séjours dans l’armoire, aux mau­vais­es manières. » On pour­rait con­sid­ér­er que la quête de la plus grande sim­plic­ité pos­si­ble et de l’essence du théâtre forme le fil rouge de son œuvre : « Tu grimpes sur une petite caisse et tu dis quelque chose, et tu cap­tives ain­si les gens. »

Hormis une fas­ci­na­tion pour la langue, il se dégage du théâtre de Jan Decorte une fas­ci­na­tion pour le pou­voir et surtout pour la vio­lence avec laque­lle le pou­voir se met en place et se main­tient. Au fil de sa car­rière, il a porté à la scène plusieurs fois et dans des formes dif­férentes les his­toires de Mac­beth et de Titus Andron­i­cus, inspiré par le matéri­au que Shake­speare et Hein­er Müller ont écrit à ce sujet.

L’un de ses plus sai­sis­sants spec­ta­cles est son adap­ta­tion de MACBETH BLOETWOLLEFDUIVEL (bloed = sang, wolf = loup et duiv­el = dia­ble), en 1984. aMé­con­naiss­able avec sa tête emmail­lotée dans des ban­dages, il incar­nait lui-même ce Mac­beth, un assas­sin fou furieux qui frappe aveuglé­ment autour de lui avec sa hache, laisse des traces sanglantes sur son pas­sage et mas­sacre ses hommes une fois l’ennemi élim­iné. Un spec­ta­cle sem­blable à un cri de rage et de dés­espoir, que Jan Decorte a créé alors qu’il était en pleine dépres­sion. « Il fal­lait bien que je dis­simule mon vis­age, que je l’enveloppe dans des ban­dages afin que les gens ne soient pas effrayés. Pen­dant tout le spec­ta­cle, mon vis­age était défor­mé par une crampe. Et je ne voulais pas que les gens voient cela. C’était trop effroy­able. » Le troisième acte était inti­t­ulé « Descente aux enfers ». Et les spec­ta­teurs avaient réelle­ment l’impression d’assister à une descente jusqu’au fond du gouf­fre de la vie, une expéri­ence que l’on n’oublie pas de sitôt. Après, Jan Decorte s’est enfon­cé encore plus loin dans la dépres­sion, et n’a plus fait de théâtre pen­dant plusieurs années : « J’ai passé trois, qua­tre ans à la mai­son, assis sur une chaise. »

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Marianne Van Kerkhoven
Marianne Van Kerkhoven travaille comme dramaturge au Kaaitheater à Bruxelles et pour l’artiste Josse De...Plus d'info
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