Gérard Philipe sur Jean Vilar
Non classé

Gérard Philipe sur Jean Vilar

Le 4 Jan 2006
Article publié pour le numéro
Les liaison singulières-Couverture du Numéro 88 d'Alternatives ThéâtralesLes liaison singulières-Couverture du Numéro 88 d'Alternatives Théâtrales
88
Article fraîchement numérisée
Cet article rejoint tout juste nos archives. Notre équipe le relit actuellement pour vous offrir la même qualité que nos éditions papier. Pour soutenir ce travail minutieux, offrez-nous un café ☕

Quand, en 1950, Jean Vilar me deman­da d’interpréter Rodrigue à Avi­gnon, j’ai éclaté de rire, parce que j’avais été habitué, au Con­ser­va­toire, à faire une dis­tinc­tion dan­gereuse entre le méti­er de comé­di­en et celui de tragé­di­en. Les exem­ples que j’avais eus sous les yeux tendaient à me faire penser qu’il y avait deux façons de jouer, qu’il exis­tait une « manière » trag­ique, où les gestes man­quaient de naturel, et où les acteurs se com­plai­saient dans un rythme bien déter­miné. Il y avait aus­si des façons d’entrer et de sor­tir…
Une con­ver­sa­tion avec Vilar, ses pro­pos sur le théâtre, son avis sur les pièces que je brûlais de jouer, me lais­sèrent con­quis. Une des grandes qual­ités de Vilar est sa patience. Moi, je jouais les impa­tients. Mais lorsqu’il m’eut fait lire Le Prince de Hom­bourg, je n’hésitai plus à le suiv­re, non sans être allé revoir, sur ses con­seils, le pro­fesseur au Con­ser­va­toire qui est mon maître et qui m’a beau­coup aidé : Georges Le Roy. Com­mença alors le tra­vail que je ne peux pré­cisé­ment racon­ter et qui est fait de dépres­sions, de joies, d’abattements et d’enthousiasmes. Le tra­vail, cela ne se racon­te pas. Et j’ai joué Le Cid à Avi­gnon…

Jean Vilar, Françoise Spira et Gérard Philipe pendant une répétition du Cm dans la Cour d'honneur du Palais des Papes, Avignon, 1951. Photo Agnès Varda, Agence Enguerand.
Jean Vilar, Françoise Spi­ra et Gérard Philipe pen­dant une répéti­tion du Cm dans la Cour d’hon­neur du Palais des Papes, Avi­gnon, 1951. Pho­to Agnès Var­da, Agence Enguerand.

« La ques­tion de savoir quel rôle on aimerait jouer est une ques­tion qui per­met aux acteurs d’accumuler un nom­bre con­sid­érable de répons­es, donc de rôles, car nous avons tou­jours envie de jouer presque tous les rôles du réper­toire, enfin les rôles d’une grande portée.
[…]
Je crois cepen­dant qu’il me sera impor­tant à l’avenir — quoi qu’il en soit — de con­tin­uer aux côtés de Vilar cette poli­tique du théâtre qui dépasse la poli­tique du rôle… Et puis, on n’interprète pas un rôle, mais une pièce. »

Non classé
1
Partager
Partagez vos réflexions...

Vous aimez nous lire ?

Aidez-nous à continuer l’aventure.

Votre soutien nous permet de poursuivre notre mission : financer nos auteur·ices, numériser nos archives, développer notre plateforme et maintenir notre indépendance éditoriale.
Chaque don compte pour faire vivre cette passion commune du théâtre.
Nous soutenir
Précédent
Suivant
Article publié
dans le numéro
Les liaison singulières-Couverture du Numéro 88 d'Alternatives Théâtrales
#88
mai 2025

Les liaisons singulières

5 Jan 2006 — Lorsqu’il vint me trouver dans ma loge de l’Atelier en novembre 1950 et se proposer comme interprète, il savait bien…

Lorsqu’il vint me trou­ver dans ma loge de l’Atelier en novem­bre 1950 et se pro­pos­er comme inter­prète, il…

Par Jean Vilar
Précédent
3 Jan 2006 — Luchino Visconti conçoit cinq mises en scène pour Maria Callas au Teatro alla Scala de Milan: LA VESTALE de Gaspare…

Luchi­no Vis­con­ti conçoit cinq mis­es en scène pour Maria Callas au Teatro alla Scala de Milan : LA VESTALE de Gas­pare Spon­ti­ni (pre­mière représen­ta­tion le 7 décem­bre 1954), LA SONNAMBULA de Vin­cen­zo Belli­ni (3 mars 1955),…

Par Anne-Laetitia Garcia
La rédaction vous propose

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements

Mot de passe oublié ?
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total