Le retour, défi du fils prodigue
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Le retour, défi du fils prodigue

Le 11 Juil 2006
Le géographe (1871), Henri De Braekeleer. Musée royaux des Beaux- Arts de Belgique, Bruxelles.
Le géographe (1871), Henri De Braekeleer. Musée royaux des Beaux- Arts de Belgique, Bruxelles.
Le géographe (1871), Henri De Braekeleer. Musée royaux des Beaux- Arts de Belgique, Bruxelles.
Le géographe (1871), Henri De Braekeleer. Musée royaux des Beaux- Arts de Belgique, Bruxelles.
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TOUTE QUÊTE D’AILLEURS est polémique. Issue d’un besoin de rup­ture et d’un scep­ti­cisme à l’é­gard du lieu d’origine. « La vie est ailleurs », adage célèbre ! Des aven­turi­ers et des artistes l’ont fait leur au nom d’un même appétit d’éloignement cri­tique dans l’e­spoir de renou­veau par la ren­con­tre avec l’Autre, dans ses accep­tions les plus divers­es. C’est pour se refaire que l’on part et l’on cherche ailleurs ! Déci­sion de vie ! Déci­sion déter­minée par soi-même et nulle­ment par des instances étrangères, poli­tiques ou économiques, déci­sion durable qui inter­dit de l’assimiler aux escapades rapi­des des touristes en manque de dis­trac­tions locales. L’ailleurs est un appel auquel ne répon­dent que les insat­is­faits rebelles. Ils avouent ain­si leur incon­fort aus­si bien que leur attente reportée sur des cul­tures et des humains qui ne leur ressem­blent pas. Ils cherchent et sou­vent ils trou­vent « la dif­férence » à même de les nour­rir. L’ex­péri­ence de l’ailleurs s’érige ain­si en sec­onde orig­ine. Sur ce socle, ils bâtis­sent leur pen­sée nou­velle ou l’œuvre pro­pre qui autrement ne se seraient pas accom­plies.

L’ailleurs est une source de renou­veau, mais il peut se con­ver­tir en piège dès que l’on souhaite s’y per­dre, se con­fon­dre avec l’autre, s’assimiler à lui. Solu­tion pour l’être ou l’artiste qui désor­mais sus­pend tout rêve de retour, con­va­in­cu d’avoir pu trou­ver réponse à l’ab­sence qui le tour­men­tait et qui, ini­tiale­ment, l’a con­duit à par­tir. Un artiste apaisé est un artiste aliéné. Son art s’en ressen­ti­ra tou­jours. La recherche de l’ailleurs n’est pro­duc­tive qu’en restant dynamique, rétive à l’immobilité et réfrac­taire à l’ou­bli de soi. Les dan­gers qu’en­courent les révoltés n’ont d’équivalent que les sat­is­fac­tions qu’ils obti­en­nent. De cette ambiva­lence, per­son­ne n’a le droit d’ig­nor­er la men­ace.

L’ailleurs n’intéresse que lorsqu’il y a retour, que lorsqu’il entraîne au départ pour mieux revenir. Et quoi de plus par­lant que la vieille parabole du fils prodigue ? Ce n’est pas en vain­cu qu’il s’agenouille devant le père, mais en aven­turi­er heureux d’embrasser ce dont il a eu jadis la force de se sépar­er, et main­tenant de retrou­ver. Le retour vaut le départ. Ils sont égale­ment indis­pens­ables. Seul ce mou­ve­ment évite tout accord défini­tif, aus­si bien avec sa cul­ture d’origine qu’avec l’autre, choisie. Ain­si, le choix de l’ailleurs ne se con­stitue pas en choix défini­tif et ne phago­cyte pas l’én­ergie indis­pens­able au chemin en sens inverse. vers le point ini­tial ! C’est en le retrou­vant après avoir procédé au détour par l’autre qu’une iden­tité s’accomplit, et qu’une œuvre se réalise. C’est le chemin des grands artistes chez qui cri­tique par « l’ailleurs » et réin­té­gra­tion des « orig­ines » se répon­dent grâce à l’in­ter­face d’un geste « dou­ble ». Vouloir par­tir et pou­voir revenir — défi du fils prodigue !

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