Les Afriques de Peter Brook
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Les Afriques de Peter Brook

Le 19 Juil 2006
TIERNO BOKAR de Amadou Hampaté Bâ, mise en scène Peter Brook, Théâtre du Nord, Lille, 2004. Photo Marc Enguerand
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TIERNO BOKAR de Amadou Hampaté Bâ, mise en scène Peter Brook, Théâtre du Nord, Lille, 2004. Photo Marc Enguerand
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Dans l’œuvre de Peter Brook une présence con­stante et à la fois invis­i­ble émerge : l’Afrique, ou mieux les Afriques, du moment où ce con­ti­nent est grand, partout dif­férent et dif­fi­cile à soumet­tre à des général­i­sa­tions. Le par­cours artis­tique de Brook tra­verse la vaste région de l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Sud avec son triste passé d’apartheid. Brook est le pre­mier (et l’unique) met­teur en scène qui part à la décou­verte de l’Afrique à l’époque où la plu­part des hommes de théâtre recher­chaient en Asie les secrets du théâtre. 

En 1972 il entre­prend son pre­mier voy­age en Afrique avec le Cen­tre Inter­na­tion­al de Recherche Théâ­trale ; pen­dant trois mois un groupe d’acteurs, de tech­ni­ciens et de col­lab­o­ra­teurs, par­tis d’Alger, par­courent le Sahara jusqu’au Niger, ils arrivent au Benin et revi­en­nent à Alger en retra­ver­sant le désert. Pourvus seule­ment d’un tapis, ils jouent partout où ils en ont l’occasion, sur les marchés, les places, dans les vil­lages déser­tiques. Il s’agit d’un voy­age d’expérimentation sur la rela­tion acteur-pub­lic. Une quête très pra­tique sur les lois de la per­cep­tion théâ­trale (espace, rythme, durée, rela­tion physique). L’Afrique devient une sorte d’école pour le groupe du Cen­tre, un lieu d’apprentissage lié à la recherche des con­di­tions idéales pour une com­mu­ni­ca­tion directe et effi­cace entre gens provenant de dif­férentes références cul­turelles. 

En Afrique, Peter Brook ren­con­tre une com­plexe struc­ture de liens soci­aux fonc­tion­nels. Cet univers de social­ité touche à la recherche qu’il mène sur la néces­sité de tra­vailler en groupe, de fonder une sorte de com­mu­nauté et de trou­ver un dia­logue réel avec une autre com­mu­nauté en con­tact rap­proché avec les acteurs : le pub­lic. Ce voy­age mar­que d’une manière indélé­bile la car­rière et la poé­tique du met­teur en scène. Ses nom­breux voy­ages suiv­ants lui con­fir­ment la néces­sité de ren­dre une image loin de tout cliché, posi­tif ou négatif, de cette terre d’Afrique con­nue et mécon­nue par l’Europe. 

Brook, en effet, rend claire­ment avec son art la richesse d’Afrique, dans toutes ses formes. Cette vision est, en quelque sorte, con­traire aux stéréo­types cul­turels qui con­sid­èrent encore ce con­ti­nent comme lieu géo­graphique de la spon­tanéité, espace tem­porel de l’inachevé où demeure une civil­i­sa­tion cristallisée dans le passé. Au lieu de s’extérioriser à tra­vers des formes matérielles – à savoir l’édification de mon­u­ments, la fab­ri­ca­tion d’objets artis­tiques, et la pro­duc­tion de textes écrits –, cette cul­ture sub­tile­ment sophis­tiquée s’est exprimée à tra­vers la con­struc­tion sym­bol­ique d’un univers invis­i­ble de signes et de con­nex­ions avec le monde suprater­restre, trans­mis par la pra­tique de la trans­mis­sion orale. Cette flu­id­ité et la non-fix­ité pro­pre à la pra­tique de l’oralité sem­blent bien cor­re­spon­dre au tra­vail théâ­tral de Brook.

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Écrit par Rosaria Ruffini
Rosaria Ruffi­ni enseigne l’histoire du théâtre à l’U­ni­ver­sité de Venise. Elle est actuelle­ment doc­tor­ante à l’Université de Paris...Plus d'info
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18 Juil 2006 — À FORCE de la fréquenter, Brook a érigé l’Afrique en un monde à soi. Il s’y sent bien, il aime…

À FORCE de la fréquenter, Brook a érigé l’Afrique en un monde à soi. Il s’y sent bien, il aime cette com­mu­ni­ca­tion qui s’installe autour d’une nat­te, cette organ­i­sa­tion sim­ple qui fait de l’ar­bre situé…

Par Georges Banu
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