Attention, Travail !

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Attention, Travail !

Le 30 Nov 2007
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 94-95 - Lars Norén
94 – 95
Article fraîchement numérisée
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Ce numéro conçu en liai­son étroite et en con­nivence
avec le Théâtre Nation­al pour­rait se rassem­bler autour de la con­cep­tion que Jean-Louis Col­inet se donne de son tra­vail : un théâtre por­teur de con­vic­tions.
Voulant inter­roger la manière dont cer­tains met­teurs en scène aujourd’hui représen­tent sur scène le tra­vail, c’est tout naturelle­ment que nous avons trou­vé un ter­rain d’entente avec la pre­mière scène de Bel­gique qui a mis à l’affiche de son début de sai­son 2006 – 2007 des spec­ta­cles cen­trés sur ce thème et cette dimen­sion.
Dans le long entre­tien qu’il nous a accordé, Jean-Louis Col­inet explique com­ment il lui sem­ble indis­pens­able de don­ner à son théâtre une iden­tité forte, un pro­pos sus­cep­ti­ble de faire naître auprès du pub­lic ce désir de théâtre indis­pens­able à une vraie ren­con­tre.
Cela se traduit con­crète­ment par l’invention d’un nou­veau rap­port à la ville qui doit débouch­er sur un élar­gisse­ment social du pub­lic.
L’âme de ce théâtre de con­vic­tion c’est aus­si l’aventure menée sur une longue péri­ode avec cinq artistes asso­ciés à qui nous don­nons la parole dans
la sec­onde par­tie de cette livrai­son.

Représenter le travail

Pour Joël Pom­mer­at, faire du théâtre, c’est en même temps chercher ce qu’il est, une explo­ration de la con­di­tion humaine. Il aime con­cevoir son tra­vail comme un arti­sanat, voulant suiv­re et maîtris­er toutes les étapes qui aboutis­sent à la créa­tion d’un spec­ta­cle. Théâtre de la voix et de l’image, Les Marchands sont une réflex­ion poé­tique sur le tra­vail.
Nous avions, il y a quelques années (Alter­na­tives théâ­trales 75, 4e trimestre 2002) con­sacré un dossier à l’œuvre dra­ma­tique de Jean-Marie Piemme. L’auteur pro­lixe qu’il est, a pour­suivi un tra­vail d’écriture dont une des car­ac­téris­tiques est la mise en ten­sion, en conflit des per­son­nages. Passé maître dans l’art du dial­o­gisme, il pro­pose après Toréadors une nou­velle joute entre deux per­son­nages dans Dia­logue d’un chien avec son maître sur la néces­sité de mor­dre ses amis.
Yan­nic Man­cel mon­tre com­ment il est l’héritier de ceux qui, avant lui, ont été les précurseurs d’une approche dialec­tique des échanges : Diderot et Brecht notam­ment.
En Ital­ie, le renou­velle­ment du théâtre vient de la périphérie.
Emma Dante quitte Rome pour Palerme où elle déploie son activ­ité dans un espace qui fut un cen­tre social. Ascanio Celes­ti­ni conçoit son tra­vail à par­tir des traces ver­bales ou gestuelles issues du monde ouvri­er et paysan et Faus­to Par­a­vidi­no illus­tre magis­trale­ment com­ment le théâtre peut être un espace de respon­s­abil­ité humaine con­tre la fatal­ité trag­ique.
C’est au scalpel que Falk Richter analyse les structu­res de la société postin­dus­trielle et les rap­ports de pou­voir qu’elles entre­ti­en­nent entre elles. Le pro­jet de recherche de Richter s’attache à imag­in­er com­ment une analyse glob­ale du sys­tème peut se représen­ter sur la scène.

Cinq metteurs en scène au travail

Dévelop­pant cha­cun une démarche et une esthé­tique pro­pres, les cinq artistes asso­ciés ont en com­mun d’accorder une impor­tance pri­mor­diale à l’expérimen­tation et à la recherche.
Pour eux la créa­tion d’un spec­ta­cle doit impérati­vement venir d’une néces­sité, qu’elle soit intérieure ou poli­tique. C’est cette néces­sité qui fonde le geste artis­tique. On pour­rait dire que leurs spec­ta­cles nais­sent de « l’instinct et la néces­sité»…
Isabelle Pousseur, dont on sait le temps qu’elle con­sacre aux ate­liers, demande y com­pris dans la phase de pré­pa­ra­tion qui précède les répéti­tions, une grande par­tic­i­pa­tion des acteurs.
Pour Ingrid von Wan­toch Rekows­ki cette néces­sité du théâtre se dou­ble d’une recherche tout à fait sin­gulière qui reporte sans cesse les lim­ites de la représen­ta­tion dans ce désir de se « heurter à l’impossibilité ».
Michèle Noiret a pen­sé un temps appel­er sa com­pag­nie un ate­lier per­ma­nent de recherche choré­graphique.
Le tra­vail théâ­tral pour Philippe Sireuil est aus­si affaire de com­pagnon­nage avec un auteur. C’est lui qui avait demandé à Jean-Marie Piemme de lui écrire un dia­logue à la manière de Dia­logues d’exilés (Toréadors). Dia­logue d’un chien… sera la 12e col­lab­o­ra­tion de l’auteur et du met­teur en scène.
Jacques Del­cu­vel­lerie explique ici avec acuité com­ment on peut ten­ter d’expliquer cette néces­sité des pro­jets qu’il met en chantier. Ils nais­sent à la fois d’une vague d’émotion irré­press­ible et d’un sen­ti­ment de révolte qui doivent trou­ver une réponse dans la con­struc­tion du spec­ta­cle.

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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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