Une affaire de fidélité
Non classé

Une affaire de fidélité

Le 22 Nov 2007
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 94-95 - Lars Norén
94 – 95
Article fraîchement numérisée
Cet article rejoint tout juste nos archives. Notre équipe le relit actuellement pour vous offrir la même qualité que nos éditions papier. Pour soutenir ce travail minutieux, offrez-nous un café ☕

Entre­tien avec Philippe Sireuil réal­isé par Yan­nic Man­cel

Yan­nic Man­cel : Philippe Sireuil, vous avez der­rière vous une his­toire de théâtre déjà longue et com­plexe, au cours de laque­lle vous avez expéri­men­té de nom­breuses fonc­tions et de mul­ti­ples statuts : d’abord ani­ma­teur de jeune com­pag­nie (Le Théâtre du Cré­pus­cule) puis directeur d’institution (Le Théâtre Varia, l’Atelier Théâ­tral de Lou­vain la-Neuve) et aus­si de temps à autre met­teur en scène indépen­dant — « mer­ce­naire » selon la belle et ironique expres­sion de Jacques Las­salle —  répon­dant ponctuelle­ment à la com­mande de tel cen­tre dra­ma­tique ou de tel opéra… Que représente pour vous le fait d’être aujourd’hui asso­cié au Théâtre Nation­al, auprès de qua­tre autres artistes égale­ment choi­sis par Jean-Louis Col­inet, et de par­ticiper ain­si à une nou­velle phase de l’histoire de ce lieu ? Qu’en avez-vous déjà retiré et qu’en atten­dez vous encore ?

Philippe Sireuil : Le fait d’être met­teur en scène « asso­cié » au Théâtre Nation­al est à la fois une lib­erté et une con­trainte. Une lib­erté puisque je n’ai d’autre souci que le tra­vail lié directe­ment à la créa­tion artis­tique sans avoir à me préoc­cu­per de l’intendance, de la ges­tion ni de l’administration de mes pro­pres spec­ta­cles. Le plaisir et la lib­erté s’augmentent d’un sen­ti­ment de sécu­rité et d’inscription dans la durée, puisque nous avons la garantie, réaf­fir­mée par Jean-Louis, de rester à ses côtés au moins jusqu’à l’échéance de son pre­mier con­trat qui est de cinq saisons, ce qui nous donne la per­spec­tive d’un chemin, d’un tra­jet envis­age­able avec une rel­a­tive sérénité. La con­trainte, c’est qu’en tant que pier­res angu­laires de la poli­tique de pro­duc­tion et de pro­gram­ma­tion du Théâtre, nos choix artis­tiques à tous les cinq ont du coup le devoir de s’intégrer dans un hori­zon plus large, plus vaste, puisque le Théâtre Nation­al demeure le som­met pyra­mi­dal de l’institution théâ­trale en Bel­gique fran­coph­o­ne et qu’il doit con­tin­uer d’un même mou­ve­ment à répon­dre à de nom­breuses et divers­es sol­lic­i­ta­tions, y com­pris par­fois les plus con­tra­dic­toires. C’est donc un out­il que nous cinq, pour­tant déjà très présents, devons partager avec de nom­breux autres parte­naires égale­ment prévus par les mis­sions définies dans le con­trat-pro­gramme. La deux­ième « con­trainte » est, quant à elle, plutôt pos­i­tive : elle per­met, au tra­vers de ren­con­tres for­mal­isées réu­nis­sant la direc­tion et les met­teurs en scène asso­ciés, mais aus­si de dis­cus­sions informelles entre les uns et les autres, d’échanger des idées, des réflex­ions, de for­muler des ques­tions ou des hypothès­es sur les pro­jets et les désirs de cha­cun ain­si que sur l’évaluation et l’évolution du paysage théâ­tral belge ou européen, ce qui représente un ines­timable enrichisse­ment

Yan­nic Man­cel : Y a‑t-il une part de com­mande dans les claus­es implicites ou avouées de cette « asso­ci­a­tion » artis­tique ?

Philippe Sireuil : Non, nous n’avons pas ici affaire à un directeur, comme on peut par­fois l’imaginer à l’Opéra, obsédé par un pro­jet de réper­toire qu’il entendrait impos­er à l’ensemble de ses col­lab­o­ra­teurs artis­tiques. Ici, nous venons cha­cun avec nos hypothès­es, nos méth­odes de tra­vail, nos réflex­ions, qu’il s’agisse de textes à met­tre en scène ou de pro­jets beau­coup plus libres ou sin­guliers comme ceux d’Ingrid. Cette lib­erté d’initiative est à met­tre, bien sûr, au crédit de l’institution, de sa capac­ité finan­cière et de la per­son­nal­ité de son directeur. Et puisque vous m’avez inter­rogé aus­si sur mes attentes, je dirai seule­ment que nous aime­ri­ons par­fois mérit­er un peu plus encore notre appel­la­tion d’artistes asso­ciés. Nous avons par­fois le sen­ti­ment de n’être qu’artistes invités, alors que nous souhai­te­ri­ons aus­si être con­sultés sur l’aventure insti­tu­tion­nelle, organ­i­sa­tion­nelle du théâtre dans lequel nous tra­vail­lons tous ensem­ble.

Yan­nic Man­cel : Vous souhaitiez en fait une rela­tion plus « organique » avec l’ensemble du Théâtre ?

Philippe Sireuil : Oui, j’aimerais que la notion d’association implique aus­si un partage assumé de pris­es de risques, de devoirs et de respon­s­abil­ités envers le copi­lotage de l’aventure artis­tique dont nous sommes sol­idaires. Nous ne sommes pas au « cen­tre », nous ne sommes pas le col­lec­tif artis­tique du Théâtre Nation­al, il nous manque cette « organic­ité » que fort juste­ment vous évo­quiez.

Yan­nic Man­cel : Puisqu’on a com­pris qu’il ne s’agissait pas de com­man­des, com­ment se passe le choix des pro­jets ? Mesure pour mesure, La Forêt, Le Mis­an­thrope, Jean-Marie Piemme… Com­ment ces noms et ces titres parvi­en­nent-ils con­crète­ment jusqu’à l’affiche et à la brochure de sai­son ? Com­ment se décide le bon pro­jet au bon moment en har­monie avec les désirs du directeur et sa pro­gram­ma­tion ?

Non classé
3
Partager
auteur
Écrit par Yannic Mancel
Après l’avoir été au Théâtre Nation­al de Stras­bourg puis au Théâtre Nation­al de Bel­gique, Yan­nic Man­cel est depuis...Plus d'info
Partagez vos réflexions...

Vous aimez nous lire ?

Aidez-nous à continuer l’aventure.

Votre soutien nous permet de poursuivre notre mission : financer nos auteur·ices, numériser nos archives, développer notre plateforme et maintenir notre indépendance éditoriale.
Chaque don compte pour faire vivre cette passion commune du théâtre.
Nous soutenir
Précédent
Suivant
Article publié
dans le numéro
Couverture du numéro 94-95 - Lars Norén
#94 – 95
mai 2025

Lars Norén

23 Nov 2007 — Entretien avec Jacques Delcuvellerie réalisé par Bernard Debroux Bernard Debroux: Comme naît pour toi un projet ? Est-ce au départ…

Entre­tien avec Jacques Del­cu­vel­lerie réal­isé par Bernard Debroux Bernard Debroux : Comme naît pour toi un pro­jet ? Est-ce…

Par Bernard Debroux
Précédent
21 Nov 2007 — Entretien avec Isabelle Polisseur réalisé par Bernard Debroux Bernard Debroux: Comment naissent tes projets de spectacle ? Est-ce au départ…

Entre­tien avec Isabelle Polis­seur réal­isé par Bernard Debroux Bernard Debroux : Com­ment nais­sent tes pro­jets de spec­ta­cle ? Est-ce au départ d’un con­cept ? À quel moment inter­vient le théâtre ? Isabelle Pousseur : C’est très mys­térieux……

Par Bernard Debroux
La rédaction vous propose

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements

Mot de passe oublié ?
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total