Chaque Chilien est un volcan

Chaque Chilien est un volcan

Entretien avec Dominique Mercy

Le 12 Déc 2007
Dominique Mercy dans MASURCA FOGO, chorégraphie de Pina Bausch.
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Dominique Mercy dans MASURCA FOGO, chorégraphie de Pina Bausch.
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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 96-97 - Théâtre au Chili
96 – 97
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BERNARD DEBROUX : Com­ment s’est passé votre ren­con­tre avec Pir­ra Bausch et depuis quand accom­pa­g­nez-vous le pro­jet artis­tique de la com­pag­nie ?

Dominique Mer­cy : C’est un peu dû au hasard. C’é­tait durant une académie d’été à Sarato­ga aux États-Unis en 1972. Elle y étaie invitée par Paul Sanasar­do (lui-même en rési­dence avec sa com­pag­nie) pour don­ner des cours, remon­ter un de ses bal­lets et présen­ter elle-même un solo. Moi, de mon côté, j’é­tais invité par un de ses danseurs, Manuel Alum, ren­con­tré aupar­a­vant au Bal­let Théâtre con­tem­po­rain à Amiens où je tra­vail­lais à l’époque et ou lui-même, invité par Françoise Adret, était venu nous don­ner des cours. Nous habi­tions près du cam­pus dans la même mai­son. Ce fut une ren­con­tre très impor­tante. En suiv­ant ses cours, en voy­ant son tra­vail mais surtout en la voy­ant elle danser, je décou­vrais un univers auquel j’avais l’im­pres­sion d’ap­partenir et un lien dans la façon de bouger. Au terme de mon séjour, elle m’a par­lé d’un pro­jet qu’elle avait, pas encore très pré­cis à ce moment. Elle m’a écrit plus tard et je l’ai rejointe pour les tout débuts de la com­pag­nie à Wüp­per­chal. C’é­tait en 1973. Le pre­mier spec­ta­cle créé com­pre­nait trois pièces : RODÉOd’Ag­nès De Mill, LA TABLE VERTE de Kure Joss et FRITZ de Pir­ra.

B. D.: FRITZ, était-ce déjà à l’époque de la « danse- théâtre » ou était-ce encore de la danse con­tem­po­raine au sens habituel du terme ?

D. M.: On peut dire qu’il s’agis­sait déjà de « danse- théâtre ». Pina n’u­til­i­sait pas encore ce proces­sus de ques­tions qui se dévelop­pera par la suite mais même si nous tra­vail­lions beau­coup les mou­ve­ments, il y avait en plus une con­struc­tion de sit­u­a­tions, de scènes, d’am­biances, d’at­mo­sphères, d’une dra­maturgie.

C’é­tait un univers fan­tas­tique, étrange, vu à tra­vers les yeux d’un enfant : il y avait le père, la mère, la grand- mère. À un moment, tout cet univers s’élar­gis­sait, la grand-mère deve­nait une sorte de géante, et les murs rec­u­laient agran­dis­sant la pièce pour laiss­er place à un cortège d’é­tranges invités. Il y avait une femme-lampe, un homme avec des lèvres à la place du nom­bril, des jumeaux tenus par leur vesce, une femme à barbe, j’é­tais moi une espèce de souf­fre­teux. À l’époque, j’avais une toux un peu nerveuse et on a joué avec ça, on a fait toute une danse avec cette toux. Il y a donc eu dès le début la volon­té d’aller au-delà du sim­ple mou­ve­ment. Dans la pre­mière sai­son, le pre­mier gros tra­vail qu’on ait réal­isé étaie l’opéra de Gluck, IPHIGÉNI EN TAURIDE. C’é­tait bien sûr du pur mou­ve­ment mais déjà au ser­vice de sen­sa­tions, d’his­toires, d’at­mo­sphère. Les choses se sont enchaînées ensuite.

B. D.: C’est la pre­mière fois que vous venez au Chili ?

D. M.: La deux­ième fois. Je fai­sais par­tie du pre­mier con­tin­gent qui est venu en 1980 ..

B. D.: Entre 1980 et aujour­d’hui (jan­vi­er 2007) il n’y a plus rien eu !

D. M.: À part 26 ans, non… En 1980, nous présen­tions CAFÉ MÜLLER, LE SACRE DU PRINTEMPS et une petite pièce qui s’ap­pelait DER ZWEITE FRÜHLING (LE DEUXIEME PRINTEMPS). C’é­tait à l’oc­ca­sion d’une tournée organ­isée en Amérique du Sud par le Goethe Insti­tut.

B. D.: La danse est un lan­gage uni­versel mais même les textes, au bal­let de Wup­per­tal sont com­préhen­si­bles partout… Ici à San­ti­a­go, vous présen­tez MASURCA FOGO et l’es­pag­nol domine…

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Bernard Debroux
Écrit par Bernard Debroux
Fon­da­teur et mem­bre du comité de rédac­tion d’Al­ter­na­tives théâ­trales (directeur de pub­li­ca­tion de 1979 à 2015).Plus d'info
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