Entre spectres et cadavres

Entre spectres et cadavres

Le 2 Nov 2008
INFERNO, auteur et mise en scène Romeo Castellucci, compagnie Societas Raffaello Sanzio, cour d'honneur du Palais des Papes, Festival d'Avignon 2008. Photo Pascal Gély, Agence Bernand.
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INFERNO, auteur et mise en scène Romeo Castellucci, compagnie Societas Raffaello Sanzio, cour d'honneur du Palais des Papes, Festival d'Avignon 2008. Photo Pascal Gély, Agence Bernand.
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Couverture du nUméro 99 - Expérience de l'extrême
99
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– À quel moment un cadavre devient-il un cadavre his­torique ?
– Com­bi­en d’années faut-il pour qu’un car­nage appar­ti­enne à la lit­téra­ture ?

Peter Brook, L’Espace vide.

« Lais­sez donc un sur­sis à la terre. Qu’elle dise la vérité, toute la vérité. […] Il y a des morts qui som­meil­lent dans les cham­bres que vous bâtirez. Des morts qui vis­i­tent leur passé dans les lieux que vous démolis­sez. Des morts qui passent sur les ponts que vous con­stru­irez. Il y a des morts qui éclairent la nuit des papil­lons, qui arrivent à l’aube pour pren­dre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les aban­don­nèrent. Lais­sez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous don­nent lec­ture des con­di­tions de paix avec les vivants… »1

Telle est l’injonction que nous adresse le poète pales­tinien Mah­moud Dar­wich dans Le dis­cours de l’homme rouge : inviter les morts par­mi nous, leur faire place dans nos vies, leur per­me­t­tre d’être des passeurs pour l’avenir. Une injonc­tion à laque­lle auteurs et met­teurs en scène de théâtre aujourd’hui parais­sent avoir répon­du pos­i­tive­ment, même si c’est par des voies très dif­férentes. Didi­er-Georges Gabi­ly, dans une let­tre adressée à Mah­moud Dar­wich, lui a même explicite­ment répon­du : « J’ai fait place aux morts depuis longtemps à ma table. »2

De fait, comme l’analyse Monique Borie dans Le Fan­tôme ou le théâtre qui doute3, la scène de théâtre a pu être, dès l’Antiquité, le lieu des morts, de leur sou­venir ou même de leur retour. On pense à l’ombre du roi Dar­ius dans Les Pers­es d’Eschyle ; à l’Alces­te d’Euripide, où Hér­a­clès réus­sit à arracher à Thanatos la vertueuse épouse du roi Admète qui a accep­té de don­ner sa vie pour sauver celle de son mari ; aux spec­tres de Tan­ta­le et de Thyeste qui, encore souil­lés de crimes abom­inables, sur­gis­sent des Enfers au com­mence­ment des tragédies de Sénèque.

Après l’Antiquité, il faut atten­dre la Renais­sance et l’âge baroque pour voir de nou­veau se lever spec­tres et cadavres sur la scène. L’œuvre de Shake­speare en four­nit un mod­èle dra­maturgique essen­tiel, avec la fig­ure spec­tac­u­laire du mal-mort venu réclamer vengeance (Ham­let) ou bien hanter la con­science et peu­pler le som­meil de son meur­tri­er (Mac­beth, Richard III). Toute­fois, la for­tune du mod­èle shake­spearien ne doit pas éclipser la présence de revenants sur les scènes européennes du XVIIᵉ siè­cle. S’il est peu courant de trou­ver une pièce française qui en recèle – à l’exception de « L’Ombre », qui ouvre la Tragédie mahométiste anonyme de 16124 –, il ne faut pas oubli­er, par exem­ple, que les tragédies baro­ques d’Andreas Gryphius regor­gent d’apparitions spec­tac­u­laires de fan­tômes qui dia­loguent, maud­is­sent ou prophé­tisent (Car­o­lus Stu­ardus, 1649), voire de cadavres brusque­ment ran­imés : dans Car­de­nio et Celinde (1657), un mort exhumé clan­des­tine­ment se redresse, lançant des impré­ca­tions con­tre les vio­leurs de sépul­ture avant de regag­n­er son tombeau.

Il est dif­fi­cile d’expliquer la place si impor­tante alors accordée aux morts sur la scène théâ­trale : influ­ence des tragédies de Sénèque ? Con­tre­coup des con­flits religieux et des débats théologiques du temps ? Reflet d’une époque han­tée par les mas­sacres des guer­res civiles et les épidémies meur­trières ? La ques­tion est trop com­plexe pour être ici débattue. Cepen­dant, force est de con­stater que le statut de ces ombres et spec­tres change pro­gres­sive­ment.

Ils ne se con­tentent plus d’exposer l’action (à la manière de Thyeste au début de l’Agamemnon de Sénèque) ou de l’expliquer (ce que fait Dar­ius dans Les Pers­es), de lancer une impré­ca­tion lim­i­naire (comme au début des Euménides d’Eschyle, où Clytemnestre réveille les Erinyes pour qu’elles ne lais­sent pas s’échapper son meur­tri­er). Ils ten­dent à envahir le cœur de l’œuvre et à se mêler réelle­ment aux vivants, devenant le déclencheur de l’action dra­ma­tique (tel le spec­tre du père d’Hamlet), voire l’élément qui pré­cip­ite le dénoue­ment (l’intervention du mort, dans Car­de­nio et Celinde, provoque immé­di­ate­ment le repen­tir et la con­ver­sion des deux pro­fana­teurs de tombe).

Mais les spec­tres baro­ques se sont éclip­sés de la scène théâ­trale, chas­sés par les règles de bien­séance et de vraisem­blance, puis par l’esthétique réal­iste. À quelques excep­tions près – celles, par exem­ple, des fan­tas­magories de Robert­son, dont les spec­ta­cles macabres rem­portèrent un vif suc­cès sous la Révo­lu­tion française, ou, un siè­cle plus tard, des pre­miers drames de Maeter­linck et des derniers d’Ibsen – il faut atten­dre la sec­onde par­tie du XXᵉ siè­cle pour assis­ter à la résur­gence des morts, non plus vrai­ment sous la forme des spec­tres qu’affectionnaient le théâtre élis­abéthain et jacobéen ou le théâtre baroque alle­mand, mais sous des aspects plus var­iés et bien plus prob­lé­ma­tiques. Dif­férente de ce qu’elle fut dans les spec­ta­cles baro­ques, la présence du mort sur la scène théâ­trale con­tem­po­raine l’est d’abord en ce qu’elle n’affecte pas seule­ment les textes dra­ma­tiques, mais se décline dans la mise en scène, et plus large­ment dans la pen­sée du théâtre. S’enracinant, entre autres, dans les con­cep­tions de Maeter­linck – qui voudrait que le théâtre soit un lieu où « ce sont des morts qui vien­nent nous par­ler »5 – et de Craig, qui aspire à saisir « cette vie mys­térieuse, joyeuse et superbe­ment aboutie que l’on appelle la Mort »6, opérant fréquem­ment par une relec­ture de la ques­tion du spec­tre shake­spearien, mais dans une atten­tion de plus en plus grande aux événe­ments du monde con­tem­po­rain, cette pen­sée con­naît des développe­ments mul­ti­ples, de Régy à Nova­ri­na, de Mes­guich à Bond, et tant d’autres pistes que ce dossier tente de dessin­er.

La prin­ci­pale dif­férence qui sur­git entre ces usages con­tem­po­rains et ceux qui les ont précédés réside vraisem­blable­ment dans leurs moti­va­tions : si la fig­ure du mort, quelle que soit la forme qu’elle prend, fait aujourd’hui retour avec une telle acuité et une telle fréquence sous la plume des dra­maturges, mais aus­si dans le dis­cours et la pra­tique des hommes de théâtre, les proces­sus de mas­si­fi­ca­tion ou d’industrialisation de la mort (camps d’extermination, mas­sacres géno­cidaires, bombe atom­ique ou bien cat­a­stro­phe nucléaire) qui ont mar­qué l’histoire du XXᵉ siè­cle n’y sont sans doute pas étrangers.

Par ailleurs, ce phénomène se trou­ve aus­si prob­a­ble­ment ren­for­cé par le proces­sus d’éviction des morts qu’on observe dans la société occi­den­tale au fur et à mesure de son évo­lu­tion. Les travaux de Philippe Ariès7 ont en effet mon­tré com­bi­en la société d’aujourd’hui s’efforçait de can­ton­ner les morts à des espaces spé­cial­isés et soigneuse­ment délim­ités (l’hôpital, la morgue, le funérar­i­um) et d’en réserv­er la prise en charge à des pro­fes­sion­nels (per­son­nel médi­cal, ser­vice des pom­pes funèbres). Peut-être le théâtre devient-il dès lors l’un des rares lieux du monde où le sou­venir et le souci des morts peu­vent se repli­er pour mieux se déploy­er ? Terre d’accueil pour ceux qui ne sont plus, la scène con­tribuerait à leur ren­dre une écoute et une vis­i­bil­ité publiques, réaf­fir­mant par là même son pro­pre lien con­sub­stantiel à la mort.

Le théâtre, cet art funéraire

Puisque le théâtre sem­ble être au moins en par­tie rede­venu le lieu des morts, qu’est-ce que le texte dra­ma­tique sinon une parole de mort(s), et que sont les per­son­nages sinon ces morts aux­quels on fait une place ? Jouant à désign­er, sem­ble-t-il, cette fonc­tion essen­tielle du théâtre, des dra­matur­gies aus­si dif­férentes que celles de Daniel Danis ou de Valère Nova­ri­na font inter­venir leurs per­son­nages au « présent de réap­pari­tion »8 pour pro­duire le réc­it de leur vie depuis l’outre-tombe. Par un proces­sus d’anamnèse (« Au début de l’histoire, le drame a déjà eu lieu »9, pré­cise la didas­calie ini­tiale de Cen­dres de cail­loux), par l’imbrication de plusieurs tem­po­ral­ités brouil­lant notam­ment le partage entre vie et mort (Celle-là), et par des espaces chargés de mys­tère (la présence-absence des chiens dans Le Langue à langue des chiens de roche), les effets de présence des per­son­nages-nar­ra­teurs de Danis devi­en­nent d’autant plus vac­il­lants que ceux-ci rela­tent leur pro­pre mort à la fin de la pièce, de la même façon qu’ils ont aupar­a­vant racon­té leur vie.

Puisque le per­son­nage est un revenant, une présence spec­trale, l’acteur qui doit s’en res­saisir a donc à « faire revivre et remourir le mort »10, pour repren­dre les ter­mes de Genet, et l’auteur dra­ma­tique peut jouer de cette fonc­tion, la met­tre en abyme, comme Nova­ri­na s’y emploie avec humour dans L’Opérette imag­i­naire en annonçant l’« Entrée de deux acteurs dont l’un devient plus vite que l’autre un cadavre aux yeux d’autrui »11, ou bien en faisant dire au Mor­tel (!) : « Je suis le mort qui ne s’exprime qu’en chan­sons. »12 Le tra­vail de l’acteur con­siste à faire le mort (« l’acteur tou­jours comme un mort qui m’apparaît »13, écrit Nova­ri­na), ce qui implique, bien plus que de faire le vide en soi, de pass­er en imag­i­na­tion par le néant.

Que la représen­ta­tion se change en danse macabre, en opérette des morts-vivants ou qu’elle se prête à des expéri­men­ta­tions poten­tielle­ment plus angois­santes, dans cer­tains spec­ta­cles de Romeo Castel­luc­ci par exem­ple, l’espace théâ­tral appa­raît comme dévolu aux morts et assigne donc à l’acteur (ou plus générale­ment à l’artiste) un rôle de passeur. En ouver­ture d’Infer­no, présen­té en juil­let 2008 dans la cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon, Romeo Castel­luc­ci s’avançait vers le pub­lic, décli­nait son iden­tité avant de s’entourer des pro­tec­tions néces­saires à l’attaque de plusieurs berg­ers alle­mands lancés sur lui dans une mise à mort sym­bol­ique. Cette per­for­mance lim­i­naire accom­plie, la porte du monde des morts pou­vait s’ouvrir, avec son fleuve de corps agglu­tinés et ondoy­ant en un même mou­ve­ment, sa longue file de damnés aux couleurs bigar­rées ou ses essaims de morts aux mou­ve­ments coor­don­nés et répéti­tifs.

Si l’artiste est un passeur, le spec­ta­cle est un pas­sage : les rangées de spec­ta­teurs d’Infer­no devaient aider de leurs bras à éten­dre un immense tis­su de soie blanc juste au-dessus de leurs têtes, de façon à recou­vrir pen­dant un moment l’ensemble des gradins. Sous les grandes vagues blanch­es de ce drap, le pub­lic se trou­vait pour ain­si dire de l’autre côté, peut-être pris dans ce lac de glace que décrit Dante arrivé au fond du puits de l’Enfer, peut-être tout sim­ple­ment comme des corps sous leur linceul, en tout cas dans un rap­port de con­ti­nu­ité avec le lieu des morts, comme pour rap­pel­er aux vivants qu’ils sont des morts en devenir ou pour rassem­bler mal­gré tout les morts et les vivants.

Cette place des morts par­mi les vivants, enfin, Romeo Castel­luc­ci a tenu à la ménag­er de manière plus explicite encore en inté­grant dans son spec­ta­cle, grâce à un jeu de pro­jec­tions col­orées sur la façade du Palais des papes, les noms des comé­di­ens défunts de la Socìe­tas Raf­fael­lo Sanzio, trans­for­mant la représen­ta­tion théâ­trale en lec­ture d’une gigan­tesque épi­taphe.

Un an plus tôt, égale­ment dans la cour d’honneur, L’Acte incon­nu de Nova­ri­na avait ren­du lui aus­si un dernier hom­mage à un acteur décédé peu de temps avant, Daniel Znyk, changeant la scène en un « tombeau d’où la parole appel[ait] les morts »14, selon la for­mule de Mar­i­on Chéneti­er-Alev. Celle-ci donne la mesure de cette très belle céré­monie funèbre :
« Alors que s’achève la troisième par­tie de L’Acte incon­nu […] et que la nuit atteint enfin sa pleine noc­tur­nité (Nova­ri­na) dans la cour du Palais des Papes, le spec­ta­teur a une vision : deux comé­di­ens s’emparent de l’immense pan­tin qui gît sur un bran­card à l’avant-scène et le dressent tel un mât face au pub­lic. À hau­teur des plus hautes fenêtres de la façade fan­tôme, dans un linceul blanc qui claque au vent, ils bran­dis­sent l’effigie de Daniel Znyk dont le masque pâle repro­duit, immé­di­ate­ment recon­naiss­ables, les traits. Chris­t­ian Pac­coud déplie son accordéon et fait enten­dre la chan­son que le comé­di­en inter­pré­tait dans L’Origine rouge. Vingt-deux accordéon­istes en demi-cer­cle, de blanc vêtus, lui font suite pour enton­ner en chœur un chant d’adieu sans précé­dent dans les annales du théâtre. »15

Se met ain­si en place, au cœur de la représen­ta­tion théâ­trale, une forme de devoir de mémoire qui se man­i­festerait publique­ment, de la part des acteurs vivants envers les acteurs morts, ravi­vant d’un même élan la mémoire des spec­ta­teurs, de manière joyeuse et émou­vante à la fois. Inou­bli­able « Infi­ni romanci­er » dans L’Opérette imag­i­naire créée par Claude Buch­vald, ou bien « Sosie » dans L’Espace furieux mis en scène par Nova­ri­na à la Comédie-Française, Daniel Znyk est désor­mais l’icône de l’acteur novarinien au croise­ment du texte et de la représen­ta­tion.

Si le rap­pel du mort (ne serait-ce qu’à tra­vers une effigie ou un sim­ple nom) ravive la mémoire intime des vivants, il peut aus­si par­fois assumer un tout autre rôle lorsqu’il fait remon­ter à la sur­face le sou­venir d’événements de portée col­lec­tive : il devient alors la trace d’un passé innom­ma­ble, d’une expéri­ence ultime (dont Auschwitz con­stitue une forme de par­a­digme), qui ron­gent le présent et men­a­cent le futur.

Représen­ter l’irréprésentable, témoign­er de l’innommable

La « cat­a­stro­phe his­torique » ou bien « l’histoire comme cat­a­stro­phe inau­gu­rale »16, comme l’écrit Hélène Kuntz, qu’elle se nomme Auschwitz ou Hiroshi­ma, pour­rait bien se situer au fonde­ment du phénomène de présence de morts ou de leur retour sur la scène. C’est en par­ti­c­uli­er ce que peu­vent nous don­ner à penser les œuvres d’Edward Bond ou de Hein­er Müller. Ce dernier nous présente un monde en ruines au début de plusieurs de ses pièces, et nous y assis­tons à la résur­rec­tion des morts. De manière sig­ni­fica­tive, le temps, dans Paysage sous sur­veil­lance, sem­ble « hors de ses gonds », comme l’écrit Shake­speare dans Ham­let ; le monde des vivants y appa­raît men­acé, au point que son évo­lu­tion his­torique s’en trou­ve figée. De son côté, Edward Bond se définit lui-même comme « citoyen d’Auschwitz » et « d’Hiroshima »17, posant le principe suiv­ant : « Si j’écris sur un holo­causte, les morts d’Hiroshima, d’Auschwitz ou de Dres­de se ser­vent de moi. »18

Fausse évi­dence de la réponse de Bond, qui se présente ici comme le porte-parole trans­par­ent des vic­times. S’ériger en trau­maturge ne va pas de soi, et la démarche, loin de n’engager que l’auteur, invite à s’interroger sur le per­son­nage et sur l’acteur. En effet, cette ques­tion oblige à com­pos­er avec la spé­ci­ficité de l’énonciation théâ­trale. Qui par­le, de l’acteur ou du per­son­nage ? La dif­fi­culté est par­fois accrue par les jeux de masques énon­ci­at­ifs que per­met l’écriture théâ­trale. Ain­si, dans Ham­let-Machine de Müller, Ophélie s’identifie-t-elle dans la dernière scène à une fig­ure ven­ger­esse mod­elée (entre autres) sur Élec­tre :
« C’est Élec­tre qui par­le. Au cœur de l’obscurité. Sous le soleil de la tor­ture. Aux métrop­o­les du monde. Au nom des vic­times. »19

« Par­ler au nom des vic­times » : tel est l’enjeu par­fois posé par et pour le per­son­nage, être de fic­tion. Mais l’acteur, lui, de quel droit peut-il par­ler en lieu et place des morts, tout par­ti­c­ulière­ment de ceux d’Auschwitz, d’Hiroshima – ou, plus près de nous, du Rwan­da ou d’ex-Yougoslavie, par exem­ple ?

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Écrit par Carole Guidicelli
Car­ole Guidi­cel­li enseigne à l’Université de Caen. Sa thèse de doc­tor­at, dirigée par Georges Banu, a été con­sacrée...Plus d'info
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#99
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1 Nov 2008 — I stumbled to my feet. I rode past destruction in the ditches, with the stitches still mending 'neath a heart-shaped…

I stum­bled to my feet. I rode past destruc­tion in the ditch­es, with the stitch­es still mend­ing ‘neath a heart-shaped tat­too. Rene­gade priests and treach­er­ous young witch­es were hand­ing out the flow­ers that I’d giv­en…

Par Didier Plassard
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