SUR UNE CHAISE RENVERSÉE (extraits)
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SUR UNE CHAISE RENVERSÉE (extraits)

Le 5 Avr 2002
Article publié pour le numéro
Voix d'auteur et marionnettes -Couverture du Numéro 72 d'Alternatives ThéâtralesVoix d'auteur et marionnettes -Couverture du Numéro 72 d'Alternatives Théâtrales
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(…)

LORSQU’ELLE ouvre les yeux ce matin, des enfants meurent autour d’elle.
Elle se lève et des enfants meurent autour d’elle.
Elle va dans la cui­sine, s’arrête au milieu de la pièce ; elle regarde le silence, posé sur la fenêtre, sur l’évier, à l’endroit où elle fait le café et des enfants meurent autour d’elle. Elle retourne se couch­er ; il y a un tas de sable dans son lit qui fait l’amour à son absence et la couleur des femmes tombe de son corps. Elle com­mence à chanter des choses incon­nues qui déroulent le papi­er peint des murs. Lorsque les murs sont nus, le chant dans sa gorge devient une pierre et il reste la fenêtre à fracasser/…)

Georges
(ton léger, naïf, illu­miné, aérien…)

Je meurs sur un trot­toir dans des vête­ments dérisoires, allongé sur un grand car­ton de frigidaire épais­si de jour­naux human­i­taires. Je fume les merdes de chien car le haschisch ne vient pas jusqu’à moi et les journées passent dans la légèreté philosophique des insectes.
On ne m’écrit pas car l’encre des jour­naux, bien sûr, est un gazon suff­isant.
On ne me télé­phone pas.
En général, j’ai le nom­bril à l’air car il me plaît de répon­dre aux élé­gances de la nais­sance. Par cet ori­fice noir, je réserve aux curieux l’humour d’un héritage généreux.
C’est ain­si que la rue se libère d’un rire ex-cep-ti-o-nnel.
Mon odeur, mes amis, est une magie qui promène la nuit son sexe par­mi les immondices à par­tic­ules, et je vous laisse à la pen­sée de devenir aus­si célèbre qu’elle.
Ensuite le soleil se lève avec la majesté d’un rat.
Je trou­ve que c’est une très belle croisière. Pour la pre­mière fois mon sang est à l’extérieur de mon corps et je m’honore d’un sen­ti­ment de lib­erté.
Quand je serai ailleurs, dans un petit quart d’heure, macch­a­bée macch­a­bée mes amis, il n’est pas impos­si­ble que je regrette le bas de cet immeu­ble de rap­port où l’on me per­mit de dégueu­lass­er comme une fleur, de devenir un voyageur éton­né.

Tan­dis qu’elle tombait, Elis­a­beth enter­ra ses deux enfants dans un pigeon endor­mi où l’on dit que se tient la lumière des paupières sup­primées.

Georges regar­da Elis­a­beth tomber. Il crut d’abord que c’était une pierre et pen­sa à s’en pro­téger. Pour­tant, au niveau du troisième étage, lorsqu’elle enter­ra ses deux enfants dans une lumière, il sut que c’était une femme et se pré­para à l’accueillir.
Ain­si quand la tête d’Elisabeth, lancée à pleine vitesse, explosa sur la tête de Georges, placée au cen­tre d’un sourire, enfin un poème s’écrivit.

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Écrit par Jean Cagnard
Né en 1955 à Colombelles (Cal­va­dos), Jean Cagnard est l’auteur d’un recueil de nou­velles, L’Hémisphère d’en face, (édi­tions...Plus d'info
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Voix d'auteur et marionnettes -Couverture du Numéro 72 d'Alternatives Théâtrales
#72
avril 2002

Voix d’auteurs et marionnettes

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