Les projets des Tanneurs
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Les projets des Tanneurs

Le 22 Oct 2004
Article publié pour le numéro
Le théâtre dans l'espace social - Couverture du Numéro 83 d'Alternatives ThéâtralesLe théâtre dans l'espace social - Couverture du Numéro 83 d'Alternatives Théâtrales
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Entretien avec Geneviève Druet et Patricia Balletti

Bernard Debroux : Quel est le pro­jet du théâtre des Tan­neurs ?

Geneviève Druet : C’est un pro­jet mul­ti­ple. Je suis par­tie d’une vision poli­tique. En exam­i­nant le paysage théâ­tral brux­el­lois, ma ques­tion était de réalis­er quelque chose de dif­férent : je voulais don­ner une place à la danse, pro­pos­er des rési­dences et des com­pagnon­nages, pour iden­ti­fi­er artis­tique­ment Les Tan­neurs et don­ner une réponse à l’absence de pos­si­bil­ité de sig­na­ture de nou­veaux con­trats-pro­gramme, tra­vailler en créa­tions et co-pro­duc­tions plutôt que de réalis­er des accueils. Il y avait aus­si l’idée, mais qui était embry­on­naire, d’un tra­vail sur le quarti­er. Je ne voulais pas, con­traire­ment à ce qui avait été fait aupar­a­vant, que ce soit des opéra­tions ponctuelles. Je voulais que ce soit un tra­vail de fond. C’est pour cela que nous avons mis deux à trois ans à arriv­er à quelque chose de vis­i­ble. En ouvrant plusieurs fois la salle à des groupes du quarti­er (la mai­son des jeunes des Renards par exem­ple), je me suis ren­du compte de la fragilité de telles ini­tia­tives. On ne crée pas quelque chose de solide. On fait un coup… Un jour on a 120 jeunes de toutes les couleurs qui occu­pent les lieux mais sans lende­main… Mon objec­tif était plutôt de don­ner un sens à une démarche. On est ici, dans le quarti­er des Marolles et pas ailleurs. Dans cette réflex­ion est arrivé un jour un comé­di­en qui habite le quarti­er, Eti­enne Van­der­bee­len. Son pro­jet était plutôt un con­cept. Mais ce qui était intéres­sant c’est qu’il voulait tra­vailler avec les habi­tants du quarti­er de toutes caté­gories (divers­es class­es d’âge, com­merçants, métis­sage). La pre­mière étape était un tra­vail sur l’origine du nom des rues ; il s’agissait de pour­suiv­re ensuite par un tra­vail de mémoire et débouch­er sur la vie du quarti­er aujourd’hui. J’ai immé­di­ate­ment accep­té de soutenir le pro­jet. Mais il fal­lait trou­ver la place de cha­cun et d’autres parte­naires pour le porter. J’ai pen­sé à Xavier Schaf­fers, à son expéri­ence par rap­port aux publics frag­ilisés. On a débuté par des ate­liers avec les gens du quarti­er… On a envis­agé le tra­vail en nous lais­sant la pos­si­bil­ité de voir s’il allait ou non aboutir à un résul­tat « vis­i­ble », un spec­ta­cle. On s’est aus­si entouré d’un auteur, Veroni­ka Mabar­di et d’une comé­di­enne, Béa­trice Didi­er.

Patri­cia Bal­let­ti : Il a fal­lu un assez long temps de mat­u­ra­tion et de ges­ta­tion. Les ate­liers n’ont débuté que près d’un an après qu’Étienne ait ren­tré le pro­jet. Entretemps Veroni­ka Mabar­di avait déjà com­mencé à tra­vailler. La thé­ma­tique choisie était « les résis­tances ». On s’est ren­du compte, notam­ment par les inter­views des gens du quarti­er que l’histoire ici est une suc­ces­sion de luttes et de batailles. Donc Veroni­ka avait déjà une matière avant le démar­rage des ate­liers. Par­al­lèle­ment à ça nous avons mené un tra­vail de sen­si­bil­i­sa­tion des gens du quarti­er avec l’aide de tra­vailleurs soci­aux. Les infor­ma­tions cir­cu­laient par le biais du jour­nal de quarti­er ( « Le marol­lien rénové » ) et aus­si par le biais des asso­ci­a­tions. Elles sont nom­breuses, mais il y en a par­ti­c­ulière­ment deux qui ont vrai­ment soutenu le pro­jet : La Samar­i­taine, une asso­ci­a­tion qui s’occupe de loge­ments et la Mai­son médi­cale. Ces asso­ci­a­tions et les gens qui les ani­ment croy­aient en la chose artis­tique. Le moteur ce n’est que cela… L’appel se fait sur une envie de dévelop­per un tra­vail artis­tique. Ce n’est pas un out­il, l’objectif, c’est vrai­ment la créa­tion. Il y a aus­si l’annonce chez les com­merçants ; par là on touchait un autre pub­lic.

Geneviève Druet : Ce qui était essen­tiel dans la démarche, c’est qu’on a com­pris que le rôle des tra­vailleurs soci­aux avaient énor­mé­ment évolué et nos rela­tions étaient vrai­ment de l’ordre d’un parte­nar­i­at. Cha­cun a sa place. Nous sommes un théâtre avec ses mis­sions artis­tiques et les com­pé­tences que cela implique. Nous sommes implan­tés dans un quarti­er et pour ren­tr­er en con­tact avec la pop­u­la­tion, la médi­a­tion par le biais des tra­vailleurs soci­aux est cap­i­tale. Ils ont des choses à nous don­ner et nous avons des choses à leur don­ner.

Patri­cia Bal­let­ti : Le dernier parte­nar­i­at a été celui avec la mai­son des jeunes qui lui, finale­ment, n’a pas abouti. On s’est ren­du compte que les ado­les­cents, c’est un groupe dif­fi­cile à inté­gr­er avec d’autres types de pop­u­la­tions : enfants et adultes, ça marche mais ados et adultes ou ados et enfants, ça ne marche pas…

Geneviève Druet : La sit­u­a­tion des ado­les­cents dans ce quarti­er est extrême­ment dif­fi­cile. Ils sont de la 2e généra­tion de l’immigration et ils vivent des con­tra­dic­tions per­ma­nentes entre la cul­ture des Belges, qu’ils parta­gent à l’école, et dans le con­tact avec la ville, et la cul­ture de leurs par­ents encore sou­vent très con­traig­nante. Cette con­tra­dic­tion débouche sou­vent sur les explo­sions qu’on con­naît.

Bernard Debroux : Le groupe du GRAND BAL DES MAROLLES était finale­ment con­sti­tué par qui ?

Patri­cia Bal­let­ti : Il y a eu finale­ment un groupe d’une quin­zaine de per­son­nes de 25 à 80 ans, de milieux soci­aux très divers. Un peu à l’image du quarti­er, finale­ment, qui est un bras­sage de pop­u­la­tions.

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Bernard Debroux
Écrit par Bernard Debroux
Fon­da­teur et mem­bre du comité de rédac­tion d’Al­ter­na­tives théâ­trales (directeur de pub­li­ca­tion de 1979 à 2015).Plus d'info
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