Le corps christique et le scandale

Le corps christique et le scandale

Le 23 Juin 2004

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Michèle Fabien-Couverture du Numéro 63 d'Alternatives ThéâtralesMichèle Fabien-Couverture du Numéro 63 d'Alternatives Théâtrales
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Nous pub­lions ici l’in­ter­ven­tion que Michèle Fabi­en a pronon­cée au théâtre Marni en sep­tem­bre 1999, peu avant sa dis­pari­tion, lors de la man­i­fes­ta­tion organ­isée par l’A­cadémie Expéri­men­tale des Théâtres sur Pasoli­ni. 

J’AI ÉTÉ RAVIE d’en­ten­dre Lau­ra Bet­ti dire à pro­pos de Pasoli­ni : il faut tout lire. Les auteurs comme les pein­tres ou les met­teurs en scène ont des univers obses­sion­nels. Les mêmes thèmes se répè­tent mais à chaque fois trans­for­més. C’est pourquoi lire les poèmes de Pasoli­ni, par exem­ple, éclaire son théâtre, tout comme prob­a­ble­ment lire son théâtre éclaire ses poèmes. Moi, je n’ai pas tout lu. Parce que faire la dra­maturgie d’une pièce, ce n’est pas écrire une thèse de doc­tor­at sur l’œuvre de son auteur. Le tra­vail est dif­férent, d’une autre durée. Je ne suis donc pas une spé­cial­iste de Pasoli­ni, mais j’ai tout sim­ple­ment essayé, avec le met­teur en scène, Marc Liebens et les acteurs, Nathalie Cor­net et Dominique Bois­sel de com­pren­dre la pièce ORGIE que nous avons mon­tée en 1988. 

Je suis par con­tre moins d’ac­cord avec Lau­ra Bet­ti lorsqu’elle dit que son théâtre est poésie, qu’il est poésie, poésie. Je m’ex­plique : « poésie » est un mot que je trou­ve per­son­nelle­ment très ambigu. Ça peut désign­er des choses très belles, sub­limes et mag­nifiques, mais quand c’est employé par rap­port au théâtre, c’est sou­vent dans un sens péjo­ratif pour dire que le pro­pos est ver­beux ; ça sert d’alibi pour jus­ti­fi­er les inter­pré­ta­tions les plus aber­rantes, ou bien Le ton déclam­a­toire du comé­di­en.
Or je pense que le théâtre de Pasoli­ni est un vrai théâtre, un théâtre avec des enjeux, avec une parole con­crète. Que la poésie relève aus­si de l’oralité et qu’elle soit écrite pour être dite, c’est une chose, mais le théâtre est fait pour être joué, et jouer c’est — entre autres choses — intro­duire les enjeux du texte dans son pro­pre corps et les ressor­tir par la parole.
Mon tra­vail con­siste donc à trou­ver les enjeux de la parole : pourquoi est-ce qu’un per­son­nage dit ceci et com­ment est-ce qu’il le dit. 

J’ai choisi de vous par­ler du théâtre de Pasoli­ni en général en prél­e­vant deux grands thèmes — il y en aurait d’autres — qui se trou­vent dans bon nom­bre de pièces sous des éclairages dif­férents.
Mais avant de com­mencer je voudrais attir­er l’at­ten­tion sur la dif­fi­culté de class­er les pièces de Pasoli­ni dans un ordre chronologique : s’il est vrai qu’on peut dire que BÊTE DE STYLE est sa dernière pièce, — il y a tra­vail­lé très longtemps, jusqu’à sa mort —, il a écrit toutes ses autres pièces en 1964 – 65, après une mal­adie, pen­dant une con­va­les­cence. Alors com­ment savoir s’il les a écrites dans un ordre, ou s’il ne Les a pas plutôt écrites un peu toutes en même temps, les retra­vail­lant ensuite séparé­ment ?
Les exem­ples que je prendrai ne suiv­ront donc pas un ordre chronologique, mais seront appelés en fonc­tion du thème abor­dé. 

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Écrit par Michèle Fabien
Michèle Fabi­en est l’au­teur de plusieurs textes de théâtre : JOCASTE, NOTRE SADE, SARA Z, TAUSK, CLAIRE LACOMBE, ATGET...Plus d'info
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