« Elle m’a donné le goût de prendre un texte,de le triturer dans tous les sens pour le comprendre »

« Elle m’a donné le goût de prendre un texte,de le triturer dans tous les sens pour le comprendre »

Témoignage de Nathalie Cornet

Le 26 Juin 2004
Claude Koener, André Bayens, Luc van Grunderbeeck, Marie-Luce Bonfanti, Nathalie Cornet, André Lenaerts, dans AMPHITRYON. Photo: Marie-Françoise Plissart.
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Article publié pour le numéro
Michèle Fabien-Couverture du Numéro 63 d'Alternatives ThéâtralesMichèle Fabien-Couverture du Numéro 63 d'Alternatives Théâtrales
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En 1994, Michèle Fabi­en écrit UNE LETTRE AUX ACTEURS ?IMPOSSIBLE !, lue à Brux­elles puis à Avi­gnon par Janine Patrick qui, entre autres, avait créé JOCASTE. Quelques années plus tard, après une longue tra­ver­sée des textes de Michèle Fabi­en, Nathalie Cor­net reprit, le temps de quelques représen­ta­tions, le rôle de Jocaste.
Dans sa let­tre, Michèle Fabi­en évoque sa dif­fi­culté à com­mu­ni­quer, à par­ler méti­er et théâtre avec les acteurs, les actri­ces surtout, celles et ceux qui avaient inter­prété ses textes. C’est à présent Nathalie Cor­net qui nous par­le de l’écriture de l’auteur et évoque quelques grandes héroïnes de ce théâtre, réponse d’une comé­di­enne à la let­tre aux acteurs. 

J’AI D’ABORD joué Martha dans TAUSK, en 1987. Je venais d’achev­er le Con­ser­va­toire, c’é­tait ma pre­mière ren­con­tre avec Michèle Fabi­en et Marc Liebens. Je ne com­pre­nais pas grand chose, j’é­coutais, j’es­sayais de faire ce qu’on me demandait. Ce n’é­tait pas une pièce facile : un homme se penche sur son passé et con­voque les femmes qui l’ont accom­pa­g­né tout au long de sa vie ; on ne sait pas si elles vien­nent réelle­ment ou si ce sont des fan­tômes. La femme que je jouais, Martha, était une femme déter­minée, forte, qui va de l’a­vant. Il y avait aus­si dans cette pièce le per­son­nage de Lou-André Salomé, qui pose plus encore la ques­tion de la femme dans le théâtre de Michèle Fabi­en. Elle a en effet tou­jours com­posé des per­son­nages féminins qui pensent et réfléchissent. Toutes ses héroïnes sont déten­tri­ces d’une forme de savoir et d’une parole. 

J’ai ensuite joué Berenice dans ATGET ET BERENICE lors de la créa­tion de la pièce à Arles. Michèle Fabi­en avait été attirée par le sujet lui-même : la pho­togra­phie, et par la ren­con­tre entre la jeune améri­caine Berenice Abbott, et Atget le vieux pho­tographe. Berenice était un per­son­nage un peu dif­férent des autres, une femme plus con­tem­po­raine, plus jeune et plus légère. 

Puis, il y a eu Claire Lacombe, Cas­san­dre, Déjanire et Jocaste.
Dans CLAIRE LACOMBE, je devais jouer le rôle de Gabrielle, mais 10 ou 15 jours avant la pre­mière, j’ai dû repren­dre le rôle de Claire Lacombe. Dans cette pièce, Michèle Fabi­en redonne la parole à des femmes qui se sont battues et qu’on a oubliées, des femmes que l’histoire a ignorées. Dans le spec­ta­cle, Marc Liebens avait refusé Le cliché de révo­lu­tion­naires vio­lentes, reven­di­ca­tri­ces, qui hurlent dans les rues, le poing levé. Il n’y avait ni action, ni cri. Claire Lacombe est une femme qui réflé­chit. Elle essaie d’apporter quelque chose à l’His­toire, d’oc­cu­per une place dans l’His­toire. Ce texte et le spec­ta­cle met­taient en jeu une parole, un débat, ce que cer­tains spec­ta­teurs n’ont pas man­qué de nous reprocher. 

Plus on avance dans l’écri­t­ure ou les adap­ta­tions de Michèle Fabi­en, plus le théâtre y prend une place crois­sante. Son écri­t­ure ques­tionne et joue avec la représen­ta­tion. Elle a cher­ché une autre manière d’écrire le théâtre, par une sorte de mise en abîme. Dans CLAIRE LACOMBE, je me sou­viens de ce pas­sage où l’héroïne explique qu’elle a pris la parole pour la pre­mière fois à l’Assemblée : « Je me sou­viens, cette pre­mière fois, c’é­tait comme au théâtre, quand dans le silence on avance vers le noir, vers le trou, vers eux, ceux qui sont là mais que l’on ne voit pas ». Elle en par­le comme le ferait une actrice. C’est vrai­ment une métaphore du théâtre. 

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