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LORSQU’ELLE ouvre les yeux ce matin, des enfants meurent autour d’elle.
Elle se lève et des enfants meurent autour d’elle.
Elle va dans la cuisine, s’arrête au milieu de la pièce ; elle regarde le silence, posé sur la fenêtre, sur l’évier, à l’endroit où elle fait le café et des enfants meurent autour d’elle. Elle retourne se coucher ; il y a un tas de sable dans son lit qui fait l’amour à son absence et la couleur des femmes tombe de son corps. Elle commence à chanter des choses inconnues qui déroulent le papier peint des murs. Lorsque les murs sont nus, le chant dans sa gorge devient une pierre et il reste la fenêtre à fracasser/…)
Georges
(ton léger, naïf, illuminé, aérien…)
Je meurs sur un trottoir dans des vêtements dérisoires, allongé sur un grand carton de frigidaire épaissi de journaux humanitaires. Je fume les merdes de chien car le haschisch ne vient pas jusqu’à moi et les journées passent dans la légèreté philosophique des insectes.
On ne m’écrit pas car l’encre des journaux, bien sûr, est un gazon suffisant.
On ne me téléphone pas.
En général, j’ai le nombril à l’air car il me plaît de répondre aux élégances de la naissance. Par cet orifice noir, je réserve aux curieux l’humour d’un héritage généreux.
C’est ainsi que la rue se libère d’un rire ex-cep-ti-o-nnel.
Mon odeur, mes amis, est une magie qui promène la nuit son sexe parmi les immondices à particules, et je vous laisse à la pensée de devenir aussi célèbre qu’elle.
Ensuite le soleil se lève avec la majesté d’un rat.
Je trouve que c’est une très belle croisière. Pour la première fois mon sang est à l’extérieur de mon corps et je m’honore d’un sentiment de liberté.
Quand je serai ailleurs, dans un petit quart d’heure, macchabée macchabée mes amis, il n’est pas impossible que je regrette le bas de cet immeuble de rapport où l’on me permit de dégueulasser comme une fleur, de devenir un voyageur étonné.
Tandis qu’elle tombait, Elisabeth enterra ses deux enfants dans un pigeon endormi où l’on dit que se tient la lumière des paupières supprimées.
Georges regarda Elisabeth tomber. Il crut d’abord que c’était une pierre et pensa à s’en protéger. Pourtant, au niveau du troisième étage, lorsqu’elle enterra ses deux enfants dans une lumière, il sut que c’était une femme et se prépara à l’accueillir.
Ainsi quand la tête d’Elisabeth, lancée à pleine vitesse, explosa sur la tête de Georges, placée au centre d’un sourire, enfin un poème s’écrivit.

