Le rêveur — Varsovie, 11 mars 2001

Le rêveur — Varsovie, 11 mars 2001

Le 22 Jan 2004
Magdalena Cielecka et Maja Ostaszewska dans LE MAGNÉTISME DU CŒUR, d’après Aleksander Fredro, mise en scène de Grzegorz Jarzyna au Théâtre Rozmaitosci de Varsovie, 1999. Photo Weronika Szmuc.
Magdalena Cielecka et Maja Ostaszewska dans LE MAGNÉTISME DU CŒUR, d’après Aleksander Fredro, mise en scène de Grzegorz Jarzyna au Théâtre Rozmaitosci de Varsovie, 1999. Photo Weronika Szmuc.

A

rticle réservé aux abonné·es
Magdalena Cielecka et Maja Ostaszewska dans LE MAGNÉTISME DU CŒUR, d’après Aleksander Fredro, mise en scène de Grzegorz Jarzyna au Théâtre Rozmaitosci de Varsovie, 1999. Photo Weronika Szmuc.
Magdalena Cielecka et Maja Ostaszewska dans LE MAGNÉTISME DU CŒUR, d’après Aleksander Fredro, mise en scène de Grzegorz Jarzyna au Théâtre Rozmaitosci de Varsovie, 1999. Photo Weronika Szmuc.
Article publié pour le numéro
La scène polonaise-Couverture du Numéro 81 d'Alternatives ThéâtralesLa scène polonaise-Couverture du Numéro 81 d'Alternatives Théâtrales
81
Article fraîchement numérisée
Cet article rejoint tout juste nos archives. Notre équipe le relit actuellement pour vous offrir la même qualité que nos éditions papier. Pour soutenir ce travail minutieux, offrez-nous un café ☕

Krzysztof Mieszkows­ki : Tu es directeur et met­teur en scène dans ton théâtre. Il sem­blerait que ce soit la meilleure sit­u­a­tion pour réalis­er tes inten­tions artis­tiques.

Grze­gorz Jarzy­na : Le bruit court qu’au Théâtre Roz­maitoś­ci de Varso­vie, nous pra­tiquons une fal­si­fi­ca­tion scénique, alors que nous tra­vail­lons sur de véri­ta­bles émo­tions. La philoso­phie du théâtre qui provient de Krys­t­ian Lupa, que nous avons con­nu à Cra­covie, con­siste à recon­naître l’acteur comme un médi­um : il n’y a, en effet, pas de dif­férence entre lui et le per­son­nage qu’il joue. Nous avons un même but : faire un véri­ta­ble théâtre, renouant avec ses orig­ines.

K. M. : Tu cherch­es donc dans le théâtre un monde dans lequel il n’y aurait pas de dif­férence entre la vie et l’art.

G. J. : La vie et l’art ne for­ment pas une unité, bien qu’ils se mélan­gent dans la même sauce.

K. M. : Je pense à une liai­son entre l’existence et l’esthétique.

G. J. : Le théâtre est une sorte de lab­o­ra­toire, dans lequel nous pou­vons expéri­menter, recréer nos com­porte­ments et nos principes de vie, les observ­er de près. Nous ne créons pas un nou­veau réal­isme, un syn­drome con­tem­po­rain. Nous ne voulons pas cal­quer la réal­ité. Nous aspirons à refléter le phénomène de l’espace éclaté.

K. M. : J’ai cepen­dant l’impression que dans ton théâtre, la per­son­ne qui décide de son aspect, c’est toi.

G. J. : Les fron­tières de mes capac­ités créa­tri­ces sont déter­minées par l’acteur. Plus il est sen­si­ble, plus il est fort, plus il pos­sède une grande per­son­nal­ité, plus vite nous nous accor­dons. Je n’ai pas le tal­ent de Kan­tor qui pou­vait tra­vailler avec un bijouti­er, un jour­nal­iste ou un pein­tre.

K. M. : Tu préfères donc avoir affaire à un acteur-tech­ni­cien, pos­sé­dant en plus des dons de médi­um ?

G. J. : Oui, je recherche un acteur qui pos­sède bien les méta­lan­gages.

K. M. : Ressens-tu le besoin de partager tes con­cep­tions sur le monde avec les acteurs ?

G. J. : Je peux tra­vailler avec n’importe qui, quelle que soit son ori­en­ta­tion sex­uelle, poli­tique, sociale ou religieuse. Je pense que le théâtre est une rampe de lance­ment qui vous envoie loin de tout le con­texte cul­turel bour­geois.

K. M. : M’intéressent tes rap­ports avec Lupa. Est-il tou­jours pour toi un mod­èle ?

G. J. : J’ai gran­di sur son con­ti­nent, et main­tenant je m’éloigne de lui, en grif­fon­nant sur une petite île. Son théâtre devient pour moi, aujourd’hui, de plus en plus exo­tique. Il provient d’un autre monde, celui de ma jeunesse. Après les spec­ta­cles que j’ai réal­isés, j’ai appris quelque chose sur le théâtre, mais je me sens tou­jours son élève. D’où peut-être ces fou­tus pseu­do­nymes.

K. M. : Dans quel but es-tu par­ti en Asie ?

G. J. : J’ai lu quelques livres. Je pen­sais qu’en vis­i­tant tous ces lieux imprégnés de théâtre, je décou­vri­rais un sys­tème théâ­tral.

K. M. : Tu te con­sid­érais alors comme un philosophe ?

G. J. : Philosophe, ça résonne pas mal… Mais je ne peux pas dire que j’ai un cerveau philosophique.

K. M. : Un homme jeune entrant dans la vie ne peut pas être philosophe ?

G. J. : Peut-être. J’étais plutôt rêveur ; j’avais besoin de voy­ager en Ori­ent, car je con­sid­érais que, là-bas, le théâtre avait con­servé sa pureté pre­mière, son essence.

K. M. : Tu as der­rière toi une expéri­ence atyp­ique pour la plu­part des Européens. Pour un artiste, ce sont des sig­ni­fi­ca­tions fon­da­men­tales.

G. J. : En Papouasie, j’ai com­pris que toutes les formes théâ­trales provi­en­nent de la peur devant la réal­ité. Elles sont un cri lancé vers toutes les forces sur­na­turelles, un appel à leur pro­tec­tion.
En Inde, Dieu m’est apparu sur la scène.
En Indonésie, j’ai vu l’illustration vivante des écrits d’Artaud : le beau, con­servé par la tra­di­tion, qui éveille l’angoisse.
Le Tibet tendait vers l’harmonie.

A

rticle réservé aux abonné·es
Envie de poursuivre la lecture?

Les articles d’Alternatives Théâtrales en intégralité à partir de 5 € par mois. Abonnez-vous pour soutenir notre exigence et notre engagement.

S'abonner
Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous pour accéder aux articles en intégralité.
Se connecter
Accès découverte 1€ - Accès à tout le site pendant 24 heures
Essayez 24h
1
Partager
Partagez vos réflexions...
Précédent
Suivant
Article publié
dans le numéro
La scène polonaise-Couverture du Numéro 81 d'Alternatives Théâtrales
#81
mai 2025

La scène polonaise

23 Jan 2004 — AGNIESZKA WÓJTOWICZ : Dans l'une de tes interviews, tu as dit : « Mon texte préféré, celui qui me suit…

AGNIESZKA WÓJTOWICZ : Dans l’une de tes inter­views, tu as dit : « Mon texte préféré, celui qui…

Par Agnieszka Wójtowicz
Précédent
21 Jan 2004 — Krzysztof Mieszkowski : Dans Uroczystosci (Cérémonies ou Festen), un citoyen honorable, le riche Helge, moleste sexuellement ses enfants. L’une de…

Krzysztof Mieszkows­ki : Dans Uroczys­tosci (Céré­monies ou Fes­ten), un citoyen hon­or­able, le riche Helge, moleste sex­uelle­ment ses enfants. L’une de ses filles vient de se sui­cider et la vie de l’ensemble de la famille est…

Par Krzysztof Mieszkowski
La rédaction vous propose

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements

Mot de passe oublié ?
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total