Wim Vandekeybus — Entre la sécurité et la peur

Wim Vandekeybus — Entre la sécurité et la peur

Entretien avec Erwin Jans

Le 25 Avr 2005
PUUR de Wim Vandekeybus. - Photo Jean-Pierre Stoop.
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L'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives ThéâtralesL'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives Théâtrales
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ERWIN JANS : Dès votre pre­mier spec­ta­cle WHAT THE BODY DOES NOT REMEMBER en 1987, les ter­mes d’énergie physique et de risques physiques ont été asso­ciés à votre œuvre. Vous avez vous-même util­isé l’expression « cat­a­stro­phe imag­i­naire ». Quelle est la place du risque dans votre œuvre scénique ?

Wim Van­dekey­bus : Je ne con­sid­ère pas le risque comme un but en soi. Le risque, c’est avant tout une ques­tion d’investissement per­son­nel et de con­fi­ance. Quand des danseurs se font con­fi­ance mutuelle­ment, ils osent aller beau­coup plus loin dans leur engage­ment vis-à-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis des autres danseurs. Un corps qui danse doit se fier aux corps et aux objets qui l’entourent. Le risque est une notion très rel­a­tive : ceux qui descen­dent un escalier qua­tre à qua­tre courent par­fois plus de risques que mes danseurs. Quand j’ai com­mencé à réalis­er des spec­ta­cles au début des années 1980, ce n’est pas la danse qui m’intéressait. J’étais à la recherche d’une « authen­tic­ité » dans le mou­ve­ment – à l’époque, Jan Fab­re était lui aus­si préoc­cupé par la dif­férence entre quelque chose d’«authentique » et quelque chose de « faux », mais c’est surtout l’art de la per­for­mance qui l’a inspiré. Le pub­lic perce­vait un dan­ger, un risque dans ces mou­ve­ments. La scène où des briques sont lancées dans WHAT THE BODY DOES NOT REMEMBER nous en livre un bon exem­ple. Dans mon tra­vail, je voulais avant tout revenir aux gestes basiques du corps, au con­tact physique entre les danseurs, aux réflex­es et aux réac­tions instinc­tives. Nous vivons dans une société obsédée par la sécu­rité et le con­trôle. Partout nous voyons poindre la men­ace et le chaos.

E. J.: Est-ce que vous vous en libérez lorsque vous prenez un risque ?

W. V.: Dans le risque, on cherche un rap­port à l’autre, à l’incertitude. La notion de risque est sans aucun doute liée à la peur du chaos et de l’incontrôlable. Je m’intéresse moi aus­si à la maîtrise, mais j’aime met­tre en scène une pagaille : ce moment où l’on perd le con­trôle de la sit­u­a­tion, où l’on n’a plus une vue d’ensemble. On ne sait plus com­ment se dépêtr­er du chaos. Le risque a aus­si à voir avec la lib­erté : celui qui se sent libre appréhende le risque à un tout autre niveau que celui qui se sent oppressé. Plus on est libre, plus on est capa­ble de pren­dre des risques, plus on ose en pren­dre. Le risque n’est pas non plus sans rap­port avec l’air du temps : les sports dan­gereux ont la cote, les gens sont placés dans des sit­u­a­tions extrêmes… L’aspiration à la sécu­rité et la fas­ci­na­tion de la peur et du risque sont les deux faces d’un seul et même phénomène.

E. J.: Cela fait près de vingt ans que vous créez. Pensez-vous qu’il soit encore per­ti­nent aujourd’hui d’aborder votre œuvre à par­tir de la notion de risque ?

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Wim Vandekeybus
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Écrit par Erwin Jans
Erwin Jans a tra­vail­lé comme dra­maturge au KVS de Brux­elles, fonc­tion qu’il exerce aujourd’hui au Ro The­atre à...Plus d'info
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L'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives Théâtrales
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25 Avr 2005 — DAVID BERNADAS: En tant qu’artiste, comment définissez-vous la notion de risque? Christian Rizzo: Il y a cette phrase que j’attribue,…

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Par David Bernadas
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