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Entretien
Théâtre

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Entretien avec Christophe Honoré

Le 11 Avr 2010
Anaïs Demoustier et Julien Honoré dans ANGELO, TYRAN DE PADOUE de Victor Hugo, mise en scène Christophe Honoré, création au Festival d’Avignon 2009,. Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.
Anaïs Demoustier et Julien Honoré dans ANGELO, TYRAN DE PADOUE de Victor Hugo, mise en scène Christophe Honoré, création au Festival d’Avignon 2009,. Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.

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Anaïs Demoustier et Julien Honoré dans ANGELO, TYRAN DE PADOUE de Victor Hugo, mise en scène Christophe Honoré, création au Festival d’Avignon 2009,. Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.
Anaïs Demoustier et Julien Honoré dans ANGELO, TYRAN DE PADOUE de Victor Hugo, mise en scène Christophe Honoré, création au Festival d’Avignon 2009,. Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 104 - Désir de théâtre. Désir au théâtre
104

ANTOINE LAUBIN : Vous béné­fi­ciez d’une recon­nais­sance réelle en matière lit­téraire et ciné­matographique. Que vous apporte le théâtre que l’écriture et le ciné­ma ne vous appor­tent pas ? Quel manque ce désir de théâtre reflète-t-il ? 

Christophe Hon­oré : Il ne s’agit pas vrai­ment d’un manque. C’est lié à l’adolescence : j’avais créé une troupe de théâtre ama­teur. À seize ans, j’avais mon­té LA MUSICA de Duras. Ça nous intéres­sait de pro­pos­er autre chose que ce que fai­saient les troupes de patron­age. Dès cette péri­ode, je suis allé au théâtre avec beau­coup d’intérêt. Mais cet intérêt n’était pas pro­fes­sion­nel puisque je savais que je voulais être cinéaste. Ensuite j’ai écrit une pièce de théâtre, LES DÉBUTANTES et ça m’a plu. L’envie de mise en scène aujourd’hui est née de la frus­tra­tion dans la rela­tion aux acteurs lors des tour­nages. J’avais envie de temps avec les acteurs et la réal­ité tech­nique d’un tour­nage en pro­pose peu.

A. L. : Dans vos films, comme dans ANGELO, les motifs ludiques, procé­dant d’un décalage face au désir du spec­ta­teur, sont nom­breux. Dans des reg­istres dif­férents, on peut citer le face caméra inau­gur­al de DANS PARIS, la danse folk­lorique dans NON MA FILLE TU N’IRAS PAS DANSER ou le traite­ment des sbires dans ANGELO. À quel désir cela cor­re­spond-il ? 

C. H.: Je me suis aperçu que c’était con­sti­tu­tif de ma manière de faire : je souhaite remet­tre le spec­ta­teur à sa place de spec­ta­teur. J’aime racon­ter des his­toires, j’ai de moins en moins peur du réc­it, de jouer avec l’identification, mais je con­sid­ère aus­si de plus en plus la présence du spec­ta­teur, la pos­si­bil­ité de m’adresser à lui. À mes débuts, je ne con­sid­érais pas du tout le spec­ta­teur ; aujourd’hui je joue avec son attente. Je déteste les films qui présen­tent les choses de manière uni­voque et ne replace jamais le spec­ta­teur dans sa posi­tion. J’ai besoin d’appuyer le fait qu’on est en train de mon­tr­er un spec­ta­cle. Je me suis beau­coup amusé à pro­pos­er de l’artifice dans ANGELO. Ici, l’enjeu était de met­tre en place le mélange du triv­ial et du sub­lime voulu par Hugo autrement que par l’alternance des scènes mais dans une sorte de simul­tanéité : l’inconscient des per­son­nages est traité de manière grotesque par les sbires, dans les étages.

A. L. : Dans vos films, les per­son­nages sont sou­vent en lutte pour le désir, ce sont des per­son­nages « désir­ant désir­er ». Ici, comme dans plusieurs de vos films, le désir est asso­cié à la fois à une pul­sion de vie et à une cer­taine ten­dance mor­tifère.

C. H.: Je m’étais aperçu de ça sur l’adaptation de MA MÈRE de Bataille. La ques­tion du désir était très lié à la mort. La mort rode beau­coup dans mes films et des per­son­nages se débat­tent face à ça. Tout ça n’est pas vrai­ment délibéré. L’idée que le désir est tou­jours lié à la vie me sem­ble un peu crétin. J’aime les per­son­nages chez qui le désir est lié à la mort. C’est assez com­plexe à représen­ter au ciné­ma…

A. L. : Dans DANS PARIS, grâce à l’opposition mise en place entre le per­son­nage de Romain Duris et celui de Louis Gar­rel, c’est assez clair…

C. H.: Oui, dès que j’ai trou­vé qu’un des deux per­son­nages serait tout le temps en mou­ve­ment et l’autre pas du tout, ça a été très sim­ple. Mais je ne suis pas si cer­tain que la fron­tière entre désir de vie et de mort soit si claire.

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Christophe Honoré
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Antoine Laubin
Antoine Laubin
Metteur en scène au sein de la compagnie De Facto.Plus d'info
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