“Toute signification demeure fonction du Chaos générateur de sens.”
Pierre Klossowski, NIETZSCHE ET LE CERCLE VICIEUX
LE THÉÂTRE de Denis Marleau est une construction multiforme et polydimensionnelle. Sa dynamique n’est pas unidirectionnelle. Je me propose de prendre en considération une des dimensions de ce théâtre : celle de la manipulation de la parole.
Le parcours de la matière théâtrale par Denis Marleau frappe par sa justesse et par le courage de ses choix. Appelons-les esthétiques. Ces choix, semble-t-il, lui ont été dictés par la fidélité inébranlable à son idée du théâtre qui se fonde sur la conviction que la parole humaine est un univers complexe, théâtralement disponible, et qu’elle est scéniquement malléable. Les choix du fondateur du Théâtre Ubu ont été justes puisqu’il les a ingénieusement investis dé sa passion de communication. Que signifie-t-elle ? Denis Marleau semble affirmer que les altérités en représentation sont saisissables et exprimables bien plus par la parole que par la gestualité. Les corps sont ce qu’ils sont parce qu’ils parlent. Ou parce qu’ils se taisent. Ce qui revient au même.