Le Living théâtre : paroles du passé pour l’avenir

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Le Living théâtre : paroles du passé pour l’avenir

Le 25 Déc 2001
Judith Malina et Hanon Reznikov. Photo Laure Vasconi.
Judith Malina et Hanon Reznikov. Photo Laure Vasconi.
Judith Malina et Hanon Reznikov. Photo Laure Vasconi.
Judith Malina et Hanon Reznikov. Photo Laure Vasconi.
Article publié pour le numéro
Les penseurs de l'enseignement- Couverture du Numéro 70-71 d'Alternatives ThéâtralesLes penseurs de l'enseignement- Couverture du Numéro 70-71 d'Alternatives Théâtrales
70 – 71
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JUDITH MALINA : Bon­soir. Nous voici encore ici, à l’Odéon.

Hanon Reznikov : Le Liv­ing vit tou­jours. Le Liv­ing con­tin­ue. Le Liv­ing con­tin­ue, après cinquante ans de créa­tion con­tin­ue, de luttes, de joies, de mal­heurs, mais le Liv­ing est tou­jours là, et à qui nous demande : « Mais que fait le Liv­ing ? », la réponse serait celle-ci : Notre mis­sion, c’est de ques­tion­ner qui nous sommes dans l’en­vi­ron­nement social du théâtre. Défaire le noeud qui engen­dre la mis­ère. Nous met­tre en mou­ve­ment comme un tour­bil­lon qui enveloppe le spec­ta­teur dans l’ac­tion, met­tre le feu au moteur secret du corps, tra­vers­er le prisme pour en sor­tir comme un arc-en-ciel. Insis­ter sur le fait que ce qui se passe dans les pris­ons est sig­ni­fi­catif. Crier Pas en mon nom à l’heure de l’exé­cu­tion. Nous déplac­er du théâtre à la rue et de la rue au théâtre. C’est ce que fait aujour­d’hui le Liv­ing, c’est ce qu’il a tou­jours fait.

J. M. : Aujour­d’hui, nous fêtons le cinquan­tième anniver­saire du Liv­ing théâtre et c’est peut-être le moment de faire un bilan pro­vi­soire, de regarder le passé, de regarder nos racines. Et aus­si de regarder où nous sommes main­tenant.

H. R. : Oui, parce que c’est un moment très heureux pour nous. Le Liv­ing a finale­ment acquis un siège per­ma­nent en Europe. Il y a quelques mois nous avons occupé un palais du XVIIe siè­cle en Ital­ie, c’est le palais Spin­o­la à Rachet­ta Lig­ure, une petite ville dans une très belle val­lée entre Gênes et Milan. Et c’est vrai­ment la réal­i­sa­tion d’un rêve parce qu’on a un espace où créer, où tra­vailler, et en même temps nous avons la pos­si­bil­ité de loger toute la com­pag­nie, nous sommes quinze per­son­nes qui tra­vail­lons là-bas, dont un coeur de six per­son­nes comme moi qui par­ticipons à ce tra­vail depuis trente ans env­i­ron. C’est donc très impor­tant parce que, pour nous, l’in­té­gra­tion de la vie quo­ti­di­enne à la créa­tion théâ­trale, c’est juste­ment le cen­tre de notre tra­vail. Et ce cen­tre nous per­met cela. Cela ne veut pas dire qu’on aban­donne le tra­vail à New York : moi je pour­rais le faire, mais Judith non ; elle con­sid­ère comme trop impor­tante au niveau poli­tique notre présence à New York.

J. M. : Puisque nous par­lons de l’en­seigne­ment, je veux dire quelque chose sur mon maître Erwin Pis­ca­tor. Je suis élève de Pis­ca­tor. J’es­saie tout le temps, toute ma vie durant, de suiv­re sa grande expéri­ence. Erwin Pis­ca­tor est le grand met­teur en scène qui, avec Bertolt Brecht, a inven­té le théâtre poli­tique mod­erne. Il a créé une école à New York, et de Pis­ca­tor j’ai appris beau­coup, mais deux choses en par­ti­c­uli­er dont je veux par­ler parce qu’elles sont égale­ment cen­trales dans le développe­ment du Liv­ing.

La pre­mière est l’idée du théâtre total. Qu’est-ce que cela veut dire ? Pour Pis­ca­tor, cela sig­ni­fie l’u­til­i­sa­tion de tout ce que nous avons dévelop­pé dans la civil­i­sa­tion. Il a util­isé sur la scène des machines, des films, des scéno­gra­phies qui se meu­vent, l’ac­tion mécanique. Mais cela implique aus­si de dire que le théâtre est total, que le théâtre est tout le monde et tout ce qui nous fait. Que pour nous main­tenant quand nous pen­sons le théâtre total, nous pen­sons le théâtre dans les rues, le théâtre dans les hôpi­taux, dans les écoles, dans un super­marché … tout ce théâtre. Cela veut dire qu’où je suis c’est déjà du théâtre ; mais qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que le théâtre est une forme par laque­lle nous sommes élevés à un autre niveau de présence, de con­science. Quand un acteur ren­tre sur la scène, tous ses sens sont élevés, toute sa con­cen­tra­tion est quelque chose d’autre, tout con­tact est impor­tant, impli­quant plusieurs niveaux de réal­i­sa­tion. Si nous pou­vons dans la vie vivre à un plus haut niveau, c’est cela qui fait de la vie le théâtre total : être tou­jours aus­si vivants que nous le sommes sur la scène.

L’autre chose qu’a enseignée Pis­ca­tor est la néces­sité d’avoir quelque chose à dire si nous voulons par­ler. Si nous voulons être au cen­tre, nous n’avons pas le droit de dire aux spec­ta­teurs : « Atten­dez, restez silen­cieux, je par­le. Je suis très intéres­sant, j’ai une voix mer­veilleuse, j’ai une gestuelle fan­tas­tique. Je peux vous faire pleur­er, je peux vous faire rire, je suis mer­veilleux » C’est un égoïsme de merde, c’est ter­ri­ble. Ce n’est pas une rai­son pour être au cen­tre. Pis­ca­tor a dit : « Si tu n’as pas quelque chose à dire, reste sur le côté et laisse la place à ceux qui ont quelque chose à dire ». Finale­ment, c’est dire que nous avons un vrai besoin d’avoir quelque chose à trans­met­tre, de com­mu­ni­quer. Nous avons besoin d’un engage­ment, un engage­ment vrai, un engage­ment per­son­nel, un engage­ment brûlant, et s’il nous brûle, alors nous pou­vons réciter nos mes­sages. C’est ain­si que nous choi­sis­sons les acteurs, en fonc­tion de leur désir brûlant de vrai­ment com­mu­ni­quer quelque chose, de leur croy­ance véri­ta­ble en quelque chose. Cela veut dire avoir un engage­ment, une idée claire de ce que nous voulons dire, de ce que nous voulons explor­er, de ce que nous ne savons pas et cher­chons : c’est cela qui fait un théâtre qui sig­ni­fie quelque chose. Nous, le Liv­ing, nous sommes anar­chistes, paci­fistes, fémin­istes … nous avons beau­coup à dire. Nous voulons dire tout à tous, nous voulons chang­er dans chaque ren­con­tre, à tra­vers chaque per­son­ne que nous ren­con­trons. C’est cela le théâtre total, et l’en­gage­ment total. C’est cela l’en­seigne­ment que Pis­ca­tor nous a don­né.

H. R. : Ici, nous voudri­ons vous lire un petit extrait d’un livre de Julian Beck, parce qu’il s’ag­it d’une ques­tion qui reste au cen­tre de son dis­cours et de son dernier livre qui s’ap­pelle THEANDRIQUE : « Com­ment le théâtre peut-il instru­ire ? S’il est bon, il ne peut pas instru­ire. Que peut le théâtre ? Si la longue file des coeurs lacérés pro­duite par tout le XXe siè­cle ne peut pas instru­ire, que peut le drame ? ( … ) Le four­gon qui tangue fait tanguer la corde con­vul­sée, élec­tri­fiée par la tor­ture, pau­vreté des espoirs psy­chologiques, lap­sus d’amour, défail­lance men­tale, trous famil­i­aux, démonolo­gie poli­tique, fous à la barre, épaves après épaves cha­cun de nous traîné comme le corps d’Hec­tor autour de la cité en flammes, exhibant la défaite. Toute gloire réduite en perte. Si toute l’an­goisse amassée du XXe siè­cle dans son drame iné­galé ne peut pas nous instru­ire, que peut une pièce ? »

J. M. : Libéra­tion m’a demandé d’écrire quelque chose sur le futur et com­ment nous le voyons. J’ai écrit : « Le moment est venu d’e­spér­er. L’op­ti­misme du Liv­ing The­atre est d’au­tant plus grand que nous venons d’ou­vrir notre quarti­er général per­ma­nent en Ital­ie, le Cen­tra Liv­ing Europa, à Rachet­ta Lig­ure, où nous tra­vail­lons à la for­ma­tion d’une avant-garde cul­rurelle sus­cep­ti­ble de révo­lu­tion­ner le monde. Nous sommes aujour­d’hui en mesure de mieux com­pren­dre ce qui a affaib­li la vague d’én­ergie et d’e­spoir des années 60 et 70. D’abord nous n’é­tions pas prêts à met­tre en oeu­vre notre grand idéal d’un monde en paix. L’idéal mul­ti­cul­turel de cette époque est demeuré bien vivant. Mais nous étions inca­pables de met­tre partout en pra­tique notre solu­tion au prob­lème, nos mod­èles non hiérar­chiques. Social­istes et com­mu­nistes restaient enfer­més dans des mod­èles dixneu­viémistes. Les anar­chistes pro­po­saient cer­taine­ment de bonnes solu­tions, mais notre unité et notre effi­cac­ité furent dimin­uées, comme partout à gauche, par la con­fu­sion totale qui rég­nait autour de la ques­tion de la lutte armée.

Mais la jeune généra­tion sort plus sage de ces trente ans passés. Et nous affir­mons avec elle que non, nous ne sommes pas nés trop tard, que certes l’His­toire nous précède mais que de grands moments nous atten­dent aus­si, telle une page blanche où nous écrirons le réc­it poé­tique d’une belle révo­lu­tion anar­chiste et non vio­lente. Les cyniques diront que nous disions déjà la même chose il y a trente ans … Oui, c’est vrai, nom­bre de ceux qui étaient à nos côtés à Paris en mai 1968 et chan­taient en choeur « ce n’est qu’un début, con­tin­uons le com­bat » avaient bien la ferme inten­tion de con­tin­uer, et nous en avons tou­jours l’in­ten­tion aujour­d’hui. Nous avons toutes les raisons de con­tin­uer à espér­er, car nous ne sommes pas seuls : toute une généra­tion qui vient juste d’at­tein­dre sa majorité refuse de se laiss­er décourager par l’His­toire. Il nous faut bien réfléchir, car nous savons ce que nous ne voulons pas beau­coup plus claire­ment que nous ne savons com­ment par­venir à nos fins. Nous ne voulons pas de guer­res, d’armes, des pris­ons, de pau­vreté, de fron­tières, d’ar­mées, de travaux for­cés, de racisme, de faim, de cru­auté, de sex­isme, d’au­torité ou de puni­tion. Nous voulons une société égal­i­taire et libre. Nous voulons un monde d’en­traide. Nous voulons la libéra­tion par l’a­n­ar­chie dont les voies sont aus­si douces que celles de la nature, car elle fait par­tie de la nature. Et nous voulons égale­ment oppos­er à la cru­auté de la nature nos intariss­ables ressources human­i­taires.

La lib­erté totale ne nous fait pas peur, car notre vul­néra­bil­ité est notre meilleur alliée. Nos exi­gences sont folles car elles sont exces­sives, mais elles sont armées de la grandeur de l’ingé­nu­ité humaine, nous nous dirigerons vers ce que nous voulons vrai­ment attein­dre — l’ex­tase absolue pour tous, pour tou­jours. » 1

H. R. : Je vais vous lire ce qu’a écrit Julian Beck dans son pre­mier livre LA VIE DU THÉÂTRE sur l’oc­cu­pa­tion de l’Odéon :

L’oc­cu­pa­tion de l’Odéon. Par­tie I.

« Il était impor­tant d’oc­cu­per l’Odéon sim­ple­ment parce que c’é­tait le Théâtre de France où le Gou­verne­ment lais­sait à la com­pag­nie Bar­rault-Renaud la pos­si­bil­ité de jouer et Beck­ett et Adamov et Ionesco et Genet. Genet ! Parce que les étu­di­ants et leurs cama­rades refu­saient en Mai 1968 d’ac­corder au gou­verne­ment le priv­ilège de faire plaisir à la fois à lui-même et au pub­lic, en lais­sant croire que l’é­tat main­tient une avant-garde de cer­taine répu­ta­tion con­tre le sys­tème. Tout art que l’in­sti­tu­tion sou­tient, elle l’ex­ploite, tout art que l’in­sti­tu­tion sou­tient est déjà corrompu.Tant sont puis­sants les ger­mes de la cor­rup­tion. Nous nous bat­tons con­tre une peste. L’oc­cu­pa­tion de l’Odéon représen­tait la ten­ta­tive d’oc­cu­per un des mécan­ismes de coop­ta­tion.

Il a été impor­tant de trou­ver un moyen écla­tant pour mon­tr­er que nous savons que tout art fait pour le priv­ilège d’une classe (ceux qui peu­vent pay­er le prix d’en­trée) tra­vaille con­tre l’autre classe. Nous n’a­ban­don­nons pas à la bour­geoisie le priv­ilège d’aigu­is­er son enten­de­ment de Genet et de Beck­ett aux dépens des pau­vres qui sont privés de l’al­i­men­ta­tion décente qui per­me­t­trait la crois­sance biologique nor­male du cerveau ain­si que celle des néces­sités de base d’or­dre social et cul­turel.

Il était impor­tant de dire que les théâtres — même les meilleurs — devaient être au ser­vice du peu­ple là où le peu­ple pou­vait se rassem­bler, non pour regarder se jouer les vies de leurs supérieurs mythiques, mais pour faire le rit­uel du drame de la révo­lu­tion, là où chaque spec­ta­teur par­ticipe à faire les plans et à créer les change­ments révo­lu­tion­naires qui puis­sent mod­i­fi­er le cos­mos.

Un théâtre pour qui est dans la rue a plus de valeur qu’un théâtre pour recevoir Shake­speare, Claudel, Gide et Genet. Tout le pou­voir au peu­ple.

Ce qui a eu lieu la nuit du 15 mai 1968, à l’Odéon, a été la plus belle des choses que j’aie jamais vues dans un théâtre.

L’oc­cu­pa­tion de l’Odéon avait tous les élé­ments d’un grand théâtre : une somme de per­son­nages ful­gu­rants, de grandes tirades poé­tiques, de con­flits d’idées ; le choc d’idéolo­gies puis­santes, une réal­ité dépas­sant les inven­tions des dra­maturges, l’émer­gence du peu­ple comme héros, et la fin qui est venue un mois plus tard comme une tragédie malen­con­treuse avec l’in­va­sion de la police, trag­ique comme toute l’his­toire de France en mai, comme l’Es­pagne, comme Kro­n­stadt, comme tous les grands drames anar­chistes.

L’essence de la tragédie : tout juste quand le héros a tout com­pris, le il et le elle du cela, le dedans et le dehors, la vérité, tout juste quand il est le plus près à vivre, à agir, il meurt, poignardé par la civil­i­sa­tion, vic­time inutile de notre arti­fi­cielle des­tinée.

L’oc­cu­pa­tion de l’Odéon. Par­tie II.

« Dans une révo­lu­tion ratée on prend les folies-bergère et on leur fait jouer Ionesco
dans un coup d’é­tat fas­ciste la Comédie-Française ne peut jouer ANTIGONE ou LES BACCHANTES !
dans une révo­lu­tion social­iste en France les recherch­es de Bar­rault seraient encour­agées parce qu’elles sig­ni­fieraient pres­tige clans le pays et à l’é­tranger
mais une posi­tion poli­tique devrait tou­jours être voilée.

Mais ce qui se pas­sait en France en mai 1968 n’é­tait pas une révo­lu­tion anti­stal­in­i­enne
c’é­tait une révo­lu­tion con­tre le kap­i­tal et ses affec­ta­tions de bien­fai­sances

La révolte française de 68 a frap­pé tout le monde parce que l’i­dole de l’Ouest — la France — l’ar­ti­cle d’ex­po­si­tion le plus pur du cap­i­tal­isme (plus pur qu’aux U.S. parce que plus « cul­tivé ») était con­testé par ses pro­pres citoyens, son pro­pre peu­ple hurlait et pas­sait à l’ac­tion. Ils dis­aient nous voulons le mir­a­cle : par­adise now !
et ils rêvaient que cela arriverait
et ils ten­taient de faire exis­ter le rêve …

11 000 000 de grévistes dans une pays de 50 000 000 d’habi­tants — et il était clair que pour chaque per­son­ne en grève on pou­vait compter 2 — 3 sym­pa­thisants en plus — plus de la moitié du pays planait, vrai­ment planait, à l’idée que le mir­a­cle des mir­a­cles allait arriv­er : qu’une fois finie la vie d’in­jus­tice et de dégra­da­tion, une nou­velle phase du développe­ment de l’hu­man­ité com­mencerait.

Avec un pro­fond cha­grin, nous en vîn­mes à appren­dre que nous, le peu­ple, n’é­tions pas pré­parés. Mais tous, y com­pris la police, et les min­istres, ont fait dur­er le temps autant qu’ils ont pu parce que chaque incon­scient humain voulait que le deus ex machi­na, l’im­pos­si­ble, arrive ; qu’une France non pré­parée puisse se débar­rass­er tout d’un coup du cap­i­tal­isme en évi­tant les mal­adies infirmes du Social­isme d’É­tat et devi­enne une société com­mu­nau­taire pro­duc­tive dans laque­lle tous don­neraient et recevraient en fonc­tion de leur capac­ité et de leurs besoins.

Le théâtre de ce print­emps en France a été la chose la plus grisante et la plus ascen­sion­nelle que les Français de ce siè­cle aient expéri­men­tée : ils jouaient, jouaient de grands rôles.

C’é­tait clair à l’Odéon. Le drame se pas­sait dans la salle, pas sur la scène, mais dans le théâtre où les spec­ta­teurs étaient devenus les pro­tag­o­nistes et jouaient la Tri­bune de la Révo­lu­tion, un grand drame en 30 jours. Tout dis­cours ter­ri­ble qui durait une demi-heure d’é­coute ennuyeuse a été plus impor­tant dans l’his­toire de nos âmes immortelles et de nos corps mor­tels que les grandes tirades célèbres de Racine et de Corneille.

Ces drames étaient écrits dans le Livre de Vie. Amen.

Le jeu-du-rôle : cha­cun était en transe et dans la transe se jouait une pièce divine d’un auteur sacré, ver­tig­ineuse­ment impliqué vers sa pro­pre libéra­tion. Les élé­ments théâ­traux de la cul­ture pro­po­saient des formes d’ac­tion, grande impro­vi­sa­tion. La vie devint impor­tante, chaque moment lumineux, planant, pas un drame fatigué ou déca­dent, mais plus haut, au-delà du rit­uel de la mort. » 2

J. M. : Dans PARADISE NOW, Julian cri­ait « Le théâtre est dans la rue ». Nous descen­dons dans la rue, et nous avons com­mencé il y a beau­coup d’an­nées à jouer dans la rue ; dans les théâtres aus­si, mais tou­jours dans cet espace ouvert de la rue. Et aujour­d’hui, depuis six ans, nous faisons un spec­ta­cle de protes­ta­tion con­tre la peine de mort. Il y a actuelle­ment 13 000 per­son­nes con­damnées à mort aux États-Unis, et chaque semaine on en exé­cute un, deux, ou trois, et nous descen­dons sur la plus grande place de New York, Time Square, au cen­tre de la ville, et, sans la per­mis­sion de la police, sans autori­sa­tion, nous faisons cet acte artis­tique con­tre la peine de mort. Nous par­lons et nous le faisons à l’heure de l’exé­cu­tion, ce qui veut dire que le spec­ta­cle com­mence quand le con­damné est encore en vie, nous par­lons de sa vie, faisons le doc­u­men­taire de sa vie : ce qu’il a été, ce qu’il a dit, son avo­cat, sa mère, le juge, l’ac­cu­sa­tion, le procès … Au milieu, le con­damné est tué et nous faisons une plainte, puis nous essayons de bris­er le cycle de la vengeance, le cycle de la vio­lence. Et nous le faisons avec les spec­ta­teurs dans la rue. C’est un pro­gramme qui n’est pas annon­cé, et ce sont des per­son­nes qui passent à Time Square qui le voient — ils ont beau­coup de réac­tions très hos­tiles envers nous parce qu’à New York on con­sid­ère que la peine de mort pro­tège les gens de la plus grande vio­lence.

Mais nous appro­chons ces spec­ta­teurs, nous dis­ons « Nous voulons bris­er ce cycle ». Com­ment pou­vons-nous le faire, quand c’est une chose aus­si anci­enne, telle­ment anci­enne, telle­ment pro­fonde, dans toutes les cul­tures ? Nous par­lons de Caïn et Abel, d’une par­tie de la cul­ture anci­enne, nous par­lons des Irènes ; c’est très pro­fond ce cycle de la vengeance. Com­ment pou­vons-nous le bris­er ? Nous com­mençons avec nous-mêmes, bien sûr, mais nous avons besoin des autres. Et nous appro­chons une per­son­ne qui nous a enten­du en pas­sant dans la rue et nous dis­ons : « Main­tenant nous voulons bris­er ce cycle », et je le fais comme ça : je touche cette per­son­ne, chaque acteur va vers un spec­ta­teur et le touche — c’est déjà tabou dans Time Square de touch­er des étrangers, c’est une part de la peur de la ville. Nous les tou­chons et nous dis­ons : « Je veux bris­er main­tenant le cycle de la vengeance, et je peux jur­er que je ne tuerai jamais. C’est pos­si­ble pour toi comme pour moi de le promet­tre ». Si la per­son­ne dit « Oui », nous déclarons que nous avons fait le pre­mier pas pour bris­er ce cycle, parce que nous avons mon­tré qu’il est pos­si­ble pour l’in­di­vidu de refuser ce cycle, de rompre cette tra­di­tion et d’aller vers un nou­veau ter­ri­toire où cette vengeance ne compte plus. Et c’est cela que nous faisons main­tenant dans les rues de New York, en Ital­ie, et j’e­spère que nous n’au­rons pas besoin de con­tin­uer et que cette bar­barie sera un jour finie.

H. R. : Nous tra­vail­lons actuelle­ment avec un groupe de par­tic­i­pants à la résis­tance pen­dant la sec­onde guerre mon­di­ale. La petite région où nous vivons, en Ital­ie, est une val­lée où la résis­tance était très forte, il y a même eu une République par­ti­sane pen­dant un an, et les vieux habi­tants ont une mémoire essen­tielle. Nous cher­chons à tra­vailler sur cette mémoire pour en com­pren­dre le con­tenu — même, vrai­ment, au niveau spir­ituel, comme je le dis­ais. Je pense que dans le théâtre on a besoin de nour­rir aus­si l’e­sprit et que c’est très dif­fi­cile.

J. M. : L’en­seigne­ment arrive de façon inat­ten­due. Un jour quand j’é­tais petite, j’avais peut-être dix ans, je jouais dans le parc de Wash­ing­ton Square à New York, un grand camion fer­mé est arrivé, un camion étranger : c’é­tait un camion du Fed­er­al The­atre. Le Fed­er­al The­atre était une mer­veilleuse expéri­men­ta­tion de Franklin Roo­sevelt, sous la direc­tion d’une grande femme de théâtre, Har­ry Flana­gan. Durant les sept ans de la dépres­sion économique, on a essayé de don­ner du tra­vail à tous ceux qui étaient au chô­mage, y com­pris les artistes, y com­pris des acteurs. Pour le théâtre, on a créé le Fed­er­al The­atre, le Théâtre Fédéral, qui présen­tait du théâtre sous toutes ses formes, des expéri­ences théâ­trales divers­es : en plusieurs langues, théâtre pour les per­son­nes hand­i­capées, théâtre de mar­i­on­nettes, danse … Et l’une des réal­i­sa­tions de ce pro­jet était ce camion qui allait en divers lieux et jouait Shake­speare. On dis­ait aux enfants : « Ce soir, sur l’herbe, regardez cette pièce de Shake­speare ». Je ne me sou­viens pas de la pièce de Shake­speare, mais je n’en oublierai jamais le pro­logue, parce que cela m’a beau­coup touchée. En pro­logue, un acteur avec un cha­peau haut-de-forme est allé sur la scène du camion, il a ouvert un rouleau et a par­lé d’une voix très comique ; il a dit : « Mes­dames, Messieurs, nous sommes le Fed­er­al The­atre, et nous deman­dons : gue veut le pub­lic ? »; et der­rière nous il y avait un vendeur de bon­bons, de choco­lats, de glaces, et quand l’ac­teur a demandé « Que veut le pub­lic ? », il a crié : « Ice cream ! ». J’ai pen­sé que cet acteur et ce vendeur étaient com­plices, et cela a été le début des recherch­es que je con­tin­ue aujour­d’hui avec l’aide des leçons de Pis­ca­tor, de Piran­del­lo et d’autres qui ont cher­ché à par­tir de cette ques­tion : « Qui sommes-nous ? Qui sont les acteurs ? Quelle est la réal­ité du théâtre ? ». Cette recherche con­tin­ue, et j’e­spère que nous pour­rons la con­tin­uer jusqu’au point qu’il n’y ait plus de sépa­ra­tion et que les spec­ta­teurs aient un rôle créatif comme nous. Et nous cher­chons dans tous nos spec­ta­cles une forme, pour essay­er de bris­er cette sépa­ra­tion et de com­pren­dre ce qu’est la réal­ité.

H. R. : Il faut con­tin­uer sur cette recherche qui pour nous est fon­da­men­tale, la quête de la par­tic­i­pa­tion du pub­lic. En par­tant de PARADISE NOW il est dif­fi­cile de com­pren­dre ce qu’on peut faire d’autre pour don­ner un rôle max­i­mal au pub­lic. Pour­tant, pour nous tout est encore à décou­vrir. Je crois que cette recherche en est, vrai­ment, seule­ment à son début. Elle n’a de sens que si on cherche à utilis­er cette présence, cette co-présence des deux groupes, spec­ta­teurs et comé­di­ens, acteurs et pub­lic. S’il n’y a pas d’échange entre ces deux groupes, pour moi il n’y a plus de sens à réalis­er un spec­ta­cle sur cela. Et donc, avec chaque spec­ta­cle que nous créons, nous nous posons tou­jours la même ques­tion : « Et le rôle du pub­lic ? Com­ment peut-il être act­if au max­i­mum ? ». Un autre cas de par­tic­i­pa­tion toute par­ti­c­ulière du pub­lic était celle de la police à la fin de PARADISE NOW.

J. M. : À la fin de PARADISE NOW, Julian écrit :
« Le théâtre est dans la rue et nous descen­dons dans la rue, et dans beau­coup de cas nous gênons la police et parce que nous sommes à demi nus, pas totale­ment nus, demi-nus, nous sommes fréquem­ment arrêtés. Et cela mène à la nou­velle fin du spec­ta­cle. J’ai dit à l’a­gent qui m’a arrêté : « C’est ça la dernière scène de notre spec­ta­cle, main­tenant toi et moi nous sommes les acteurs et je suis le pris­on­nier, tu es l’a­gent », et il a dit — c’é­tait dif­fi­cile pour la police de ressen­tir cela — « Je ne fais pas par­tie de votre spec­ta­cle » ; et j’ai dit : « Ah, quel grand acteur, vous avez dit cela par­faite­ment » et c’é­tait pour lui insup­port­able, une rage de frus­tra­tion. Pourquoi ? Parce que nous avions changé de rôles. Nous avions pris de lui le pou­voir, et on avait fait une scène dans laque­lle il était acteur, et il n’é­tait plus le pou­voir de la police mais dans l’é­tat d’ac­teur. Et ce moment de change­ment de rôles nous a don­né un grand moment de sat­is­fac­tion, et à la police, mal­heureuse­ment, une grande frus­tra­tion ».

H. R. : Ensuite, nous avons con­tin­ué à chercher à décou­vrir un vrai rôle créatif pour le pub­lic. Par exem­ple nous avons créé, il y a vingt ans déjà, un Prométhée. PROMÉTHÉE AU PALAIS D’HIVER, un texte de Julian Beck. Au début du spec­ta­cle, le pub­lic entre et décou­vre les quinze acteurs du spec­ta­cle enchaînés dans les fau­teuils, dans les places réservées du théâtre, alors il doit chercher à com­pren­dre com­ment faire. Nous ne par­lons pas. Il faut qu’ils com­pren­nent que le spec­ta­cle n’au­ra pas lieu s’ils n’in­ter­vi­en­nent pas pour libér­er les acteurs. C’est une leçon très con­crète, et on a dû atten­dre par­fois vingt min­utes, mais à la fin on a tou­jours été libéré. Et puis, à la fin de ce spec­ta­cle, on invi­tait le pub­lic à venir avec nous à la prison du quarti­er pour une médi­ta­tion silen­cieuse de dix min­utes ou une demi-heure — cela dépendait des cir­con­stances — sur la des­tinée des pris­on­niers qui sont les Prométhées d’au­jour­d’hui. Et c’est bien une autre forme de par­tic­i­pa­tion.

On a créé un spec­ta­cle qui s’ap­pelait ANARCHIE, et à un cer­tain moment, pen­dant le spec­ta­cle, les acteurs lançaient des pier­res au pub­lic, et autour des pier­res il y avait des mes­sages écrits sur du papi­er. On y décou­vrait un mes­sage per­son­nel d’un per­son­nage du spec­ta­cle au spec­ta­teur qui le trou­vait, un mes­sage qui expli­quait qu’un peu plus tard dans le spec­ta­cle il y aurait un atten­tat ter­ror­iste et que ce per­son­nage-là allait mourir si le spec­ta­teur ne mon­tait pas sur la scène pour le sauver. Il pré­ci­sait le moment où et com­ment le recon­naître, com­ment faire, et chaque per­son­ne qui trou­vait le mes­sage fai­sait son choix ; le spec­ta­cle finis­sait donc dif­férem­ment chaque soir. Il y en avait par­fois qui sur­vivaient à la fin, et par­fois ils mour­raient tous, c’é­tait vrai­ment de la respon­s­abil­ité du pub­lic de déter­min­er la fin du spec­ta­cle. Pour nous c’é­tait vrai­ment le but, parce que le théâtre, après tout, est un mod­èle de com­porte­ment social. C’est un art social et nous pen­sons que nous pou­vons trou­ver beau­coup de façons d’u­tilis­er ces pos­si­bil­ités.

Nous voudri­ons con­clure avec un texte de Julian Beck, extrait de LA VIE DU THÉÂTRE, et ce sont des ques­tions. Pour nous il est impor­tant et néces­saire de con­clure avec des ques­tions.

Ques­tions. 1963.

« je ter­mine par des ques­tions parce que je n’ai pas de répons­es.
quelle est la dif­férence entre les ques­tions et les répons­es les inter­ro­ga­tions d’ham­let sont-elles sa gloire Ou sa tragédie
pourquoi vas-tu au théâtre
est-il impor­tant d’aller au théâtre
est-il impor­tant de lire
les gens qui vont au théâtre sont-ils dif­férents des gens
qui n’y vont pas
que t’ar­rive-t-il si tu vas au théâtre
quand tu quittes le théâtre as-tu changé bien sûr
que par la marche du temps tu es naturelle­ment dif­férent dans l’e­space de trois heures mais je veux dire as-tu changé réelle­ment
veux-tu chang­er réelle­ment
es-tu sat­is­fait
est-il bon de chang­er
est-ce que tout va bien sans change­ment
de quoi suis-je en train de par­ler
vas-tu au théâtre pour y trou­ver des répons­es
as-tu des ques­tions à pos­er
com­bi­en dure le temps de vivre
est-ce que ce qui se passe est impor­tant
est-ce que le temps qu’on a à vivre est impor­tant
est-ce que la façon dont on vit a de l’im­por­tance
pourquoi est-ce que je pose ces sim­ples ques­tions que cha­cun doit se pos­er tout le temps est-ce que c’est parce que je pense
que tu ne te pos­es pas ces ques­tions
qu’ est-ce qui nom arrive
qu’est-ce qui se passe au théâtre
vas-tu au théâtre pour y décou­vrir la vie
est-il plus facile d’ob­serv­er la vie au théâtre ou dans la rue
as-tu ren­con­tré la joie au théâtre
as-tu ren­con­tré la joie dans la rue
qu’ est-ce qui te fait plaisir
as-tu été l’ob­jet de sen­sa­tions sen­suelles au théâtre
vas-tu au théâtre pour te stim­uler sex­uelle­ment
aimes-tu te frot­ter à la per­son­ne qui est près de toi
vas-tu au théâtre pour te stim­uler intel­lectuelle­ment
vas-tu au théâtre pour déchiffr­er le déroule­ment de l’ac­tion
vas-tu au théâtre parce que tu pour­rais y trou­ver la vérité
y a‑t-il quelque chose qui soit la vérité
les jour­naux dis­ent-ils la vérité
les auteurs dis­ent-ils la vérité plus que les édi­teurs
les jour­naux mentent-ils les auteurs mentent-ils les acteurs mentent-ils
les acteurs ou les édi­teurs ou les acteurs mentent-ils délibéré­ment
vas-tu au théâtre pour voir com­ment un acteur peut entr­er
dans la peau de son per­son­nage
pens­es-tu que les acteurs peu­vent attein­dre l’é­tat de per­fec­tion
qu’est-ce que la per­fec­tion
un acteur peut-il te la com­mu­ni­quer
un acteur peut-il te don­ner l’im­age de la per­fec­tion seule­ment en jouant faust
qu’ est-ce que la vue intérieure
te sers-tu de ta vue intérieure
est-il facile de pos­er des ques­tions
qu’est-ce qu’Aris­tote dit de la cathar­sis
metis vas-tu au théâtre pour pren­dre une purge
te sou­viens-tu avoir jamais pris une purge au théâtre
vas-tu au théâtre dans l’ex­pec­ta­tive et dans l’e­spoir
le théâtre est-il un chemin pour appren­dre ce que tu ne sais pas
à quoi sert d’ap­pren­dre
es-tu sûr de toutes les répons­es
est-ce que tout se vaut
est-ce que n’im­porte quoi à de la valeur
est-ce qu’il est bien de tuer quelque­fois
quelle est la dif­férence entre un éléphant et un mou­choir de poche
est-ce que tu tuerais quelqu’un pour défendre ta pro­priété
met­trais-tu les gens en prison
te moques-tu des homo­sex­uels
pens­es-tu que les noirs soient des êtres légère­ment inférieurs
pens­es-tu que les blancs soient en déca­dence physique et men­tale
mens-tu
men­tir a‑t-il de l’im­por­tance
com­bi­en de fois mens-tu par jour
pens­es-tu qu’il faille men­tir pour vivre dans ce monde
te plait-il que je repose la ques­tion
te com­pletis-tu avec n’im­porte quoi
es-tu sat­is­fait sex­uelle­ment
je veux dire aimes-tu fetire l’ amour
en as-tu assez
est-ce que tu sais aimer
est-ce que tu aimes
est-ce que tu es aimé
est-ce que tu sais haïr
est-ce que tu hais
pourquoi ai-je choisi de faire un théâtre qui dérange plutôt qu’un théâtre agréable alors que j’aime faire plaisir aux gens
qui sommes-nom d’où venons-nous uù allons-nous. gau­guin.
qui sont les rois aux yeux de dia­mant fauchant et gri­maçant par­mi nos pro­pres ombres. bark­er.
devons-nous nous aimer les uns les autres ou mourir. auden.
quelle est la ques­tion. shake­speare. stein.
sais-tu que je suis descen­du dans mes entrailles et que je les ai
éparpil­lées sur la scène en forme de ques­tions
sais-tu que je ne sais pas quoi faire d’autre
sais-tu que j’eu besoin de toi que je suis en train de mourir
et que je mour­rai sans toi
qu’est-ce qui est utile
qu’est-ce qu’une bonne ques­tion
com­ment trou­ver les répons­es
qu’est-ce qui fera tomber les murs des pris­ons
quel est le chemin
quel est le rap­port entre l’ac­teur et le spec­ta­teur
qu’est-ce qu’un dis­cours
qu’est-ce que l’in­for­ma­tion cap­i­tale
Avons-nous le temps de nous pos­er toutes les ques­tions
lesquelles veux-tu pos­er
veux-tu les pos­er main­tenant
de quoi avons-nom besoin
com­ment l’obtenir
com­ment com­mu­ni­quer
com­ment faire pour cela
com­ment faire un théâtre d’amour d’amour main­tenant
com­ment faire un théâtre qui soit à la hau­teur de la vie

de ses spec­ta­teurs
com­ment faire un théâtre quand nous ne con­nais­sons aucune réponse quand nous avons seule­ment quelques vagues idées de com­ment pos­er la ques­tion
je ter­mine avec des ques­tions, parce que je n’ai pas de répons­es
mais ce que je veux ce sont des répons­es »
3

Créé par Julian Beck il y a 50 ans, le Liv­ing The­atre est codirigé aujour­d’hui par Judith Mali­na et Hanon Reznikov. Tout en main­tenant leur activ­ité à New York, ils se sont instal­lés aus­si à Rachet­ta Lig­ure en Ital­ie.

  1. Traduit de l’améri­cain par Ninon Vin­son­neau, pour le sup­plé­ment « A quoi pensez-vous ? » de Libéra­tion du 31 décem­bre 1999. ↩︎
  2. Julian Beck, LA VIE DU THÉÂTRE, traduit par Fanette et Albert Van­der, Gal­li­mard, 1978, pp. 236 – 239. ↩︎
  3. Ibid., pp. 32 – 38. ↩︎
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