CHRISTIAN JADE : Jean-Michel Van den Eeyden, d’où vous est venue l’idée de travailler avec Paul Pourveur, un auteur flamand bilingue ?
Jean-Michel Van den Eeyden : C’est une longue histoire, presque mon autobiographie, mon rapport compliqué avec la Flandre. Avec ma grand-mère je parlais non le flamand mais le bruxellois. Mais au collège, on se moquait de mon nom flamand et j’avais un vrai blocage pour parler cette langue. Au moment où ma vocation d’acteur se dessinait, j’ai vu jouer des pièces flamandes, dont celles de la Needcompany de Jan Lauwers : un jeu physique, une autre façon de raconter et d’occuper la scène.
Puis en voyant LA MÈRE de Jacques Delcuvellerie, j’ai décidé de devenir acteur, non pas à Bruxelles, mais via le Conservatoire de Liège. J’ai alors été amené à jouer, avec la compagnie liégeoise Arsenic, ÉCLATS D’HARMS, un spectacle que nous avons joué en flamand, au Zomerfestival, en 2006, ce qui m’a redonné le contact avec la langue flamande. Enfin, entrant dans la compagnie jeune public « La Guimbarde », hébergée à l’Éden, à Charleroi, j’ai découvert le « focus flamand », ce festival de spectacles flamands, initié par l’ancien directeur du Théâtre de l’Ancre, Jacques Fumière.
Et voilà pourquoi un Bruxellois, passé par Liège et Charleroi, croit dur comme fer à la nécessité de s’ouvrir à la Flandre et au public flamand.
Alors dans MÈRE SAUVAGE, non seulement l’auteur est un Flamand bilingue, Paul Pourveur mais j’ai tenu à ce que l’actrice principale soit flamande et que les trois acteurs francophones soient bilingues ou du moins s’engagent à jouer en flamand, comme je l’ai fait avec Arsenic !
C. J. : Pour quoi avoir demandé à Paul Pourveur d’adapter cette nouvelle de Maupassant ?