Le Théâtre São Luiz de Lisbonne : un lieu de croisement et de rencontre parmi un vaste évantail d’expressions et de générations d’artistes portugais

Entretien
Théâtre

Le Théâtre São Luiz de Lisbonne : un lieu de croisement et de rencontre parmi un vaste évantail d’expressions et de générations d’artistes portugais

Entretien avec Antonio Costa, maire de Lisbonne

Le 21 Juil 2011
Article publié pour le numéro
Couverture du 109 - Le théâtre en sa ville
109

ALTERNATIVES THÉÂTRALES : À qui doit s’adresser le Théâtre São Luiz de Lis­bonne ? À quel ter­ri­toire (rap­ports centre/périphérie) ?

Anto­nio Cos­ta : Le Théâtre São Luiz a repris son activ­ité en 2002, après un pro­fond tra­vail de réno­va­tion du bâti­ment et depuis ses rap­ports avec le ter­ri­toire se sont pro­gres­sive­ment dévelop­pés et appro­fondis. Il y a toute­fois encore un chemin sig­ni­fi­catif à par­courir pour inscrire le Théâtre São Luiz dans des lieux plus dif­fi­ciles d’accès – notam­ment les ban­lieues et les quartiers périphériques. Nous souhaitons égale­ment ren­forcer sa notoriété au niveau région­al et inter­na­tion­al. Il s’agit donc de ren­dre la mis­sion du São Luiz plus cohérente, en le repo­si­tion­nant stratégique­ment dans la ville, qui cherche par ailleurs à s’affirmer comme ville cul­turelle, dans son dou­ble rôle de cap­i­tale et chef lieu de la pre­mière région por­tu­gaise.

A. T. : Y a‑t-il de nou­veaux publics à attein­dre ? 

A. C. : Les publics sont tou­jours, à notre sens, « à attein­dre », dans la mesure où il n’est jamais pos­si­ble de con­sid­ér­er un pub­lic défini­tive­ment acquis ; autant dire que le rap­port avec le pub­lic devra être per­pétuelle­ment entretenu. Néan­moins, nous souhaitons dévelop­per à très court terme des actions plus ori­en­tées, vers des couch­es spé­ci­fiques de pub­lic, tels que les jeunes et les per­son­nes âgées. D’autre part, il fau­dra don­ner suite au tra­vail vers les publics hand­i­capés qui a été dévelop­pé ces dernières années, notam­ment vers les malen­ten­dants.

A. T. : Quelle pro­gram­ma­tion doit domin­er, selon vous, au Théâtre São Luiz ? 

A. C. : Depuis son ouver­ture, le Théâtre s’est établi, dans son rôle de dif­fu­sion, comme un lieu de croise­ment et de ren­con­tre par­mi un vaste éven­tail d’expressions et de généra­tions d’artistes por­tu­gais. Cette diver­sité devra suiv­re son cours tout en allant vers des nou­veaux rap­ports avec la province et des liens nou­veaux avec l’international.

A. T. : Le théâtre de votre ville s’adresse-t-il à un pub­lic suff­isam­ment large ? 

A. C. : C’est avec Jorge Salav­isa, le précé­dent directeur, que le Théâtre São Luiz a dévelop­pé et con­sti­tué un pub­lic fidèle. Néan­moins ce développe­ment, comme dans n’importe quel autre théâtre, doit être entretenu et élar­gi en accom­pa­g­nant et en inté­grant les change­ments socio­cul­turels inces­sants de la ville. Lis­bonne a énor­mé­ment changé sociale­ment dans la dernière décen­nie, en devenant pour la pre­mière fois dans son his­toire récente, une ville d’immigrants d’origines très diver­si­fiées. C’est ce qui représente un nou­veau défi, au niveau de l’identité de Lis­bonne, comme ville mul­ti­cul­turelle. En out­re, cette nou­velle iden­tité la rat­tache à son passé his­torique de « Ville Mon­di­ale » aux XVe et XVIe siè­cles.

A. T. : En quoi le Théâtre São Luiz est-il dif­férent du Théâtre Nation­al ? Quelles sont ses respon­s­abil­ités par­ti­c­ulières ?

A. C. : Le Théâtre São Luiz, la salle la plus impor­tante de la ville, devra veiller à un engage­ment tout par­ti­c­uli­er avec son ter­ri­toire et à la com­po­si­tion sociale, cul­turelle et humaine de la ville. C’est dans cet engage­ment que le théâtre pour­ra dévelop­per une iden­tité sur le long terme, puis dévelop­per cela au niveau nation­al et inter­na­tion­al.

A. T. : Encour­agez-vous le Théâtre São Luiz dans le dia­logue avec d’autres « théâtres de ville » dans le monde ? 

A. C. : C’est juste­ment ce tra­vail qui reste encore à appro­fondir et sur lequel nous con­cen­trerons nos efforts dans un avenir proche. Le pro­jet sur le Fado que nous menons cette année en parte­nar­i­at avec le Théâtre de la Ville de Paris, inté­grant le cycle « Chantiers d’Europe, Chantiers du Monde » en con­stitue un seuil très impor­tant, que nous con­sid­érons comme pre­mière étape d’un rap­port plus soutenu dans l’avenir.

A. T. : Quelle place occupe le Théâtre São Luiz aujourd’hui, dans la poli­tique de la ville ? 

A. C. : Il occupe une place cen­trale dans la pro­gram­ma­tion cul­turelle munic­i­pale ; son rôle devra être artic­ulé avec la mis­sion du théâtre Maria Matos, l’autre salle munic­i­pale con­sacrée à une pro­gram­ma­tion con­tem­po­raine plus risquée. À l’instar du Maria Matos, São Luiz devra con­solid­er un posi­tion­nement basé sur une pro­gram­ma­tion plus éclec­tique et diver­si­fiée, ori­en­tée vers des publics plus éten­dus.

A. T. : Dans la poli­tique cul­turelle de la ville, sur le plan financier, le théâtre est-il une pri­or­ité ? 

A. C. : Bien sûr, et en dépit de la con­jonc­ture assez con­traig­nante que tra­verse la munic­i­pal­ité en rai­son de la crise finan­cière, São Luiz est le Théâtre Munic­i­pal qui dis­pose du bud­get le plus élevé, par­mi les salles de spec­ta­cles de la ville de Lis­bonne.

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