Il aura suffi d’un seul spectacle – LE SIGNAL DU PROMENEUR1, créé en 2012 – pour imposer le Raoul Collectif au-devant de la scène francophone et au-delà. Les cinq garçons (Romain David, Jérôme De Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szezot) préparent actuellement leur nouvelle création2. Lors d’une rencontre expresse au Festival d’Avignon, trois d’entre eux tentent de définir les liens qui les unissent, dans le travail et en dehors, en mettant un point d’honneur à déconstruire le mythe en vogue du « collectif ».
ANTOINE LAUBIN : Entre la première étape du SIGNAL DU PROMENEUR au Festival de Liège en 2011 et aujourd’hui, comment ont évolué vos relations ?
Romain David : on se connaît mieux, un équilibre dans le travail s’est installé. on sait comment les uns et les autres réagissent aux propositions artistiques. Méthodologiquement, on sait comment chacun fonctionne. Je sais par exemple comment David peut compenser mes manques. on se connaît mieux politiquement aussi.
Jérôme de Falloise : Mais une part de mystère persiste. Je m’étonne encore de certains comportements que je connais pourtant.
A. L. : Qu’est-ce qui vous a réunis ?
J. d. F. : Le projet. Mais on a sans doute un flair commun, une attirance pour les mêmes sujets, des accointances.
David Murgia : on s’est rencontrés à l’école : c’est un cadre serré, où les affinités intellectuelles et artistiques peuvent se créer. Il y a de l’amitié mais pas uniquement. Certaines affinités ne se découvrent que sur le plateau.
A. L. : Aujourd’hui, vous vous considérez davantage comme des collègues ou des amis ?
D. M.: Ni l’un ni l’autre. Peut-être comme des compagnons ou des camarades.
J. d. F. : on s’entend bien mais nous ne sommes pas vraiment des potes à la base. ou, si nous sommes potes, nous le sommes devenus par le travail.
R. D.: Le chemin du travail et celui de l’amitié sont deux chemins parallèles. Si nous partons en vacances ensemble, notre relation n’est pas la même que lorsque nous travaillons.
D. M.: Nous avons aussi de longues périodes où on ne se voit pas, où on travaille chacun de notre côté, ce qui est très bon pour le groupe.