STEFANO MASSINI, né en 1975, est un des plus grands dramaturges italiens contemporains. Ses textes rendent compte des articulations les plus sensibles de l’actualité politique et civile de notre société. Ils sont montés depuis plusieurs années dans le monde entier. Son dernier, très ambitieux travail, LEHMAN TRILOGY, a été traduit par Pietro Pizzuti (CHAPITRES DE LA CHUTE, Arches éditeur), mis en scène d’abord en France, à la Comédie de Saint-étienne (Lyon) par Arnaud Meunier en novembre 2013 (prix de la critique comme meilleur spectacle), et a débarqué au Piccolo de Milan en janvier 2015, mis en scène par Luca Ronconi, qui en a signé aussi la très belle préface de l’édition italienne (chez Einaudi).
En Belgique, Lorent Wanson s’apprête à le monter au Rideau de Bruxelles (mai 2016).
L’histoire dans l’histoire : génération capitalisme
Tout commença par le débarquement au quai numéro quatre du port de New york d’un fils de marchand de bêtes bavarois, henry Lehman, juif pratiquant, au petit matin du 11 septembre 1844. Henry ira s’installer à Montgomery en Alabama, ouvrira un petit magasin de tissus, et sera suivi quelques mois plus tard par ses frères, d’abord Emmanuel, puis Mayer. Ils se retrouveront rapidement à vendre des graines et des outils de travail aux propriétaires des plantations de coton, obtiendront ensuite le contrôle exclusif des chargements de cotons qui transitent du Sud au Nord, et finiront par ouvrir leur célèbre banque (au départ vraie banque « d’échanges »), à New york, qui sera à l’origine du marché international de la Bourse.
Leur vie est une recherche incessante d’augmentation du rendement. Les mariages, naissances et morts ne sont que des parenthèses de moindre importance ; tout est mis en place pour encourager l’accumulation de capitaux au fil des générations. Les hommes mènent l’action (pas de place pour la femme dans le monde de la finance) et grâce à leur flair exceptionnel et un sens des affaires hors du commun, ils bâtiront un empire économique qu’ils transmettront de père en fils, et participeront ainsi au développement des états-Unis, de la construction des chemins de fer et des trains au débarquement sur la lune, incarnant, jusqu’à leur déclin en 2008, le rêve américain du self made men.