« Se souvenir de l’avenir ». À propos des années 1966 – 1967 du festival d’Avignon

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« Se souvenir de l’avenir ». À propos des années 1966 – 1967 du festival d’Avignon

Le 21 Mai 2013
Jacques Téphany et du Théâtre des Idées piloté par Nicolas Truong. Et l'inauguration, ce 67- festival d'Avignon de la FabricA, lieu de répétitions et de résidence à Avignon, situé au croisement des quartiers Monclar et Champfleury. La Maison Jean Vilar et, le Festival d'Avignon sont une continuité sans fin qui va rencontrer Éric Ruf, nouveau président de la Maison Jean Vilar, comédien, metteur en scène, décorateur, et à Olivier Py, nouveau directeur du Festival d'Avignon, comédien, metteur en scène, auteur. Nous les saluons amicalement.
Jacques Téphany et du Théâtre des Idées piloté par Nicolas Truong. Et l'inauguration, ce 67- festival d'Avignon de la FabricA, lieu de répétitions et de résidence à Avignon, situé au croisement des quartiers Monclar et Champfleury. La Maison Jean Vilar et, le Festival d'Avignon sont une continuité sans fin qui va rencontrer Éric Ruf, nouveau président de la Maison Jean Vilar, comédien, metteur en scène, décorateur, et à Olivier Py, nouveau directeur du Festival d'Avignon, comédien, metteur en scène, auteur. Nous les saluons amicalement.

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Jacques Téphany et du Théâtre des Idées piloté par Nicolas Truong. Et l'inauguration, ce 67- festival d'Avignon de la FabricA, lieu de répétitions et de résidence à Avignon, situé au croisement des quartiers Monclar et Champfleury. La Maison Jean Vilar et, le Festival d'Avignon sont une continuité sans fin qui va rencontrer Éric Ruf, nouveau président de la Maison Jean Vilar, comédien, metteur en scène, décorateur, et à Olivier Py, nouveau directeur du Festival d'Avignon, comédien, metteur en scène, auteur. Nous les saluons amicalement.
Jacques Téphany et du Théâtre des Idées piloté par Nicolas Truong. Et l'inauguration, ce 67- festival d'Avignon de la FabricA, lieu de répétitions et de résidence à Avignon, situé au croisement des quartiers Monclar et Champfleury. La Maison Jean Vilar et, le Festival d'Avignon sont une continuité sans fin qui va rencontrer Éric Ruf, nouveau président de la Maison Jean Vilar, comédien, metteur en scène, décorateur, et à Olivier Py, nouveau directeur du Festival d'Avignon, comédien, metteur en scène, auteur. Nous les saluons amicalement.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 117-118 - Utopies contemporaines
117 – 118

C’ÉTAIT LE 3 août 1966, dans la Cham­bre des Notaires juste au-dessus de l’en­trée de la Cour d’hon­neur du Palais des Papes où Jean Vilar fon­da en 1947 le Fes­ti­val d’Av­i­gnon qui dure tou­jours. Dans cette Cham­bre des Notaires, mod­este de super­fi­cie, pen­dant cinq jours, de 10 h à 13 h, en présence de Vilar, une quin­zaine de per­son­nes con­cernées par le théâtre et ses créa­tions se sont retrou­vées der­rière une table en fer à cheval. Pilotés par Michel de Beau­vais, ils « dis­putèrent de cul­ture » et de l’art du théâtre. Dans le U de la table, deux ou trois douzaines de pas­sion­nés de la scène pre­naient des notes.

Ce 3 août, j’étais le con­férenci­er, recom­mandé par Paul Puaux, invité par Jean Vilar, j’exposais la poli­tique cul­turelle et artis­tique nais­sante se dévelop­pant à Aubervil­liers, com­mune de la ban­lieue nord de Paris, très majori­taire­ment ouvrière, patrie du mal loge­ment, que Prévert avait révélée à tra­vers un film d’Éli Lotar, com­mandé par le maire de la Libéra­tion, Charles Tillon, com­man­dant en chef des Francs Tireurs et Par­ti­sans.

J’ai par­lé une heure. Pen­dant la sus­pen­sion de séance, Vilar res­ta assis. « Ralite, c’est bien, peut-être auriez-vous dû ne pas excéder quar­ante-cinq min­utes. Mais c’est bien » et – avec l’ironie qu’il avait quand il con­nais­sait – « vous avez fait flot­ter le dra­peau rouge sur le Palais
des Papes ». Deux jours plus tard, il m’invitait à refaire cet exposé au Verg­er.

Les mots ont quelque impuis­sance à ren­dre l’atmosphère de ces moments de fran­chise, de courage et par­fois d’insolence. C’était comme une con­struc­tion qui se fai­sait et on la vivait, assurés de la men­er à son terme, d’autant que le Fes­ti­val s’interrogeait, et son fon­da­teur le pre­mier. Ce débat et tant d’autres, sur les spec­ta­cles, se fai­saient la courte échelle et Avi­gnon s’accordait quinze jours de plus, d’autres arts appa­rais­saient, d’autres lieux de spec­ta­cles ouvraient. Vilar enta­mait sa « per­e­stroï­ka », sa restruc­tura­tion.

Dans la séance d’ouverture de cette année 1966, la 3e année de ces pre­mières Assis­es nationales de la cul­ture, il avait déclaré : « Nous savons bien et n’oublierons pas à quel point les prob­lèmes cul­turels passent sur le plan nation­al après bien d’autres devoirs ou néces­sités civiques et – pour être plus banal, sinon plus clairs – comme quoi la cul­ture vient dans l’ordre
des urgences après le fait de nour­rir les hommes et de leur don­ner les moyens de se défendre. Paci­fique, d’esprit comme vous tous, du moins je le sup­pose, paci­fique donc, et même paci­fiste, j’admets, non sans de pro­fonds regrets, amères et acides sou­vent que Col­bert et Lou­vois dis­posent de cas­settes infin­i­ment plus rem­plies que celles du min­istre – je le dis très respectueuse­ment – des menus plaisirs. »

Mais juste­ment, depuis 1875, sinon depuis 1793, il ne s’agit plus de menus plaisirs en ce qui con­cerne « diver­tisse­ments, loisirs et savoirs » mais de « plaisirs pop­u­laires, de loisirs col­lec­tifs, de « savoirs de masse ». En ne répon­dant pas à cette expan­sion démo­graphique de la cul­ture pop­u­laire, il sem­ble que nos mul­ti­ples Frances répub­li­caines aient con­servé quelque nos­tal­gie, regret de nos rois.

« Quoiqu’il en soit – et je ne pense pas être ici irrévéren­cieux – ce qu’il est très dif­fi­cile d’admettre désor­mais, c’est un cer­tain axiome ancré dans bien des con­sciences de hauts respon­s­ables “qu’en France les artistes comme les 2e class­es se débrouil­lent tou­jours” et donc : « Pourquoi chang­er ? ».

C’était en 1966 où par­al­lèle­ment à la dis­pute vilar­i­enne de la Cham­bre des Notaires se déroulait une dis­pute poli­tique sur la lib­erté de créa­tion. Jusqu’ici, l’artiste n’avait pas cette lib­erté, même si, sous la Révo­lu­tion, Robe­spierre l’avait énon­cée dans un célèbre dis­cours. Mais en 1966, ce prob­lème de l’art était l’objet d’une dis­pute poli­tique. Que Riv­ette ait dû atten­dre un an pour pou­voir pro­gram­mer LA RELIGIEUSE, que Loren­zi se soit vu sup­primer LA CAMÉRA EXPLORE LE TEMPS, que Tréhard ait per­du une sub­ven­tion à Caen parce qu’il ne voulait pas mon­ter LES CLOCHES DE CORNEVILLE, que la ville de Bourges ait ten­té d’interdire V COMME VIETNAM à la Mai­son de la Cul­ture, etc., indique qu’il y a un prob­lème, celui de la démoc­ra­tie qui doit faire l’expérience de la cul­ture, celui de « pass­er d’un petit cer­cle de con­nais­seurs à un grand cer­cle de con­nais­seurs », celui que visait le physi­cien
Hen­ri Poin­caré en déclarant : « On fait la sci­ence avec des faits comme une mai­son avec des pier­res. Mais une accu­mu­la­tion de faits n’est pas plus une sci­ence qu’un tas de pier­res n’est une mai­son ».

Dans un côte à côte pro­duc­tif, les artistes comme Vilar et un par­ti poli­tique comme le Par­ti Com­mu­niste Français étaient sur le même front.

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Jack Ralite
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Jack Ralite
Jack Ralite est maire honoraire d’Aubervilliers et ancien ministre.Plus d'info
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