YANNIC MANCEL : Quelle était votre relation au Festival avant d’y être invité pour la première fois en 2004 comme metteur en scène, parmi les quatre premiers artistes associés, par Hortense Archambault et Vincent Baudriller ?
Frédéric Fisbach : J’en étais spectateur assidu depuis mon adolescence. Pour un très jeune homme qui a envie de faire du théâtre, Avignon est sinon un lieu d’enfance du moins un lieu de l’enfance de l’art.
Y. M. : Y avez-vous quelques grands souvenirs de cette époque ?
F. F. : Oui, ceux que partage toute une génération : LE MAHÂBHÂRATA à la carrière de Boulbon, même si j’avais eu la chance de le découvrir déjà en avant-première aux Bouffes du Nord, et puis surtout l’intégralité du SOULIER DE SATIN mise en scène par Antoine Vitez à la Cour d’honneur, et aussi un spectacle qu’Anne Teresa de Keersmaeker avait chorégraphié sur la PARTITA No 2 de Bach. Mais Avignon, c’est aussi un tout : de nombreux spectacles dans le Off dans lequel jouaient des camarades de cours un peu plus âgés, des conférences et des débats, et des rencontres spontanées dans la rue qui comptent beaucoup dans l’éveil et la formation d’un adolescent. Et puis, très tôt, encore au Conservatoire, j’ai eu la chance d’y être engagé dans un spectacle de Viviane Téophilidès, suivi de près par l’expérience très forte toujours en tant qu’acteur de VOLE MON DRAGON d’Hervé Guibert mis en scène par Stanislas Nordey.
Y. M. : Comment s’est faite cette rencontre avec Hortense Archambault et Vincent Baudriller qui vous a conduits au processus d’association ?
F. F. : Là encore, comme pour mon histoire avec le Festival, c’est quelque chose qui vient de loin. Vincent Baudriller était chargé de production auprès de Bernard Faivre d’Arcier et s’occupait précisément en 1993 de VOLE MON DRAGON. À partir de ce moment, il a dû voir tous les spectacles dans lesquels je jouais ou que je mettais en scène, nous sommes devenus proches. Quant à Hortense Archambault, je l’ai rencontrée quand elle travaillait à La Villette, elle aussi a suivi assidûment mon parcours. Ça veut dire que pour eux, quand ils m’ont proposé de m’associer à leur projet à partir de 2004, ce n’était ni un coup de tête ni un acte incongru, mais une décision longuement et mûrement réfléchie, issue d’un authentique compagnonnage.
Y. M. : En quelle année avez-vous pris la direction du Studio Théâtre de Vitry ?
F. F.: En 2002.