Le danger

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Théâtre

Le danger

Entretien avec Romeo Castellucci

Le 14 Mai 2013

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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 117-118 - Utopies contemporaines
117 – 118

ÉRIC VAUTRIN : Y a‑t-il une ou des raisons pour lesquelles vous avez accep­té, en 2008, d’être « artiste asso­cié » au Fes­ti­val d’Avignon ?

Romeo Castel­luc­ci : Quand j’ai reçu leur propo­si­tion, je me suis dit que ce serait sûre­ment dif­fi­cile, très lourd… et j’ai tout de suite pen­sé à la Cour d’honneur, en tant que prob­lème. Ce sont donc tous les mau­vais aspects de la chose qui m’ont attirés ! Je savais à peu près à quoi m’attendre, mais dans les faits c’était encore plus dif­fi­cile que ce que j’imaginais… J’ai ressen­ti surtout une pres­sion psy­chologique très lourde. Mais par­fois j’aime les prob­lèmes, ils per­me­t­tent de se met­tre en cause, en doute. Dans la Cour, il y a deux mille per­son­nes, c’est comme aller au stade, tout prend une dimen­sion immense, mais presque éro­tique
d’une cer­taine façon. C’était quelque chose d’excitant, juste­ment parce que dan­gereux.

É. V. : Comm ent percevez-vous ce fes­ti­val, dans lequel vous avez été pro­gram­mé régulière­ment depuis la fin des années qua­tre-vingt-dix ?

R. C. : Les lieux des spec­ta­cles changent quelque chose, c’est cer­tain. Mais aus­si le fait qu’il y ait des mil­liers de spec­ta­cles. La curiosité du pub­lic en Avi­gnon peut avoir quelque chose de mor­bide, cette avid­ité à voir, à con­som­mer, à enchain­er deux, trois, qua­tre spec­ta­cles par jour. Cela représente un dan­ger et un défi. Cela crée un agôn dra­ma­tique, une con­fronta­tion avec les autres, plus forte qu’ailleurs juste­ment parce que le théâtre devient à Avi­gnon presque une fièvre, une mal­adie. Par ailleurs, c’est un événe­ment français, mais la ten­sion qui se ressent là-bas est mon­di­ale, aux niveaux pro­fes­sion­nel et cul­turel : Avi­gnon est un lieu de pas­sage, de con­cen­tra­tion inter­na­tionale. Il y a des choses un peu pénibles, comme un cer­tain esprit touris­tique ou une par­tie du fes­ti­val Off qui me sem­ble être le pire du théâtre com­mer­cial, mais même dans ces aspects du Fes­ti­val d’Avignon, je trou­ve qu’il y a quelque chose de juste, de cohérent. Ce chaos, qui a même quelque chose de sauvage, d’agressif, est fati­gant, mais cela doit être comme ça, en tout cas je l’accepte, c’est un des aspects de la force d’Avignon.

  1. Romeo Castel­luc­ci a dirigé la Bien­nale de Venise sec­tion Théâtre en 2005. ↩︎
  2. Il est invité cette année à assur­er une par­tie de la pro­gram­ma­tion du Mal­ta Fes­ti­val de Poz­nan en Pologne, en juin et juil­let 2013 ↩︎
  3. Habi­tants de la ville de Cese­na en Émi­lie- Romagne, ville natale de Romeo Castel­luc­ci. Du 1er au 3 juil­let 1377, des troupes de mer­ce- naires bre­tons et français au ser­vice du futur Clé­ment VII mas­sacrèrent plus de qua­tre mille habi­tants qui refu­saient l’incorporation de leur ville aux États Pon­tif­i­caux. ↩︎

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Roméo Castellucci
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Eric Vautrin
Dramaturge du Théâtre Vidy-Lausanne (direction Vincent Baudriller), co-responsable du groupe de recherche NoTHx (« Nouvelles...Plus d'info
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