Pour un croisement des musiques et des cultures

Entretien

Pour un croisement des musiques et des cultures

Le 26 Juil 2014
Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama, répétition de Coup fatal, Kinshasa, février 2014. Photo Bernard Debroux.
Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama, répétition de Coup fatal, Kinshasa, février 2014. Photo Bernard Debroux.

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Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama, répétition de Coup fatal, Kinshasa, février 2014. Photo Bernard Debroux.
Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama, répétition de Coup fatal, Kinshasa, février 2014. Photo Bernard Debroux.
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121 – 122-123

Bernard Debroux : Com­ment as-tu été amené à par­ticiper au pro­jet Coup fatal ?

Fab­rizio Cas­sol : En 2009, nous avions clô­turé la tournée de Pitié ! d’Alain Pla­tel à Kin­shasa lors de la pre­mière édi­tion du fes­ti­val du KVS. La musique de cette pièce était une adap­ta­tion de la Pas­sion selon St Math­ieu de Bach dans laque­lle Serge Kakud­ji inter­pré­tait sym­bol­ique­ment le rôle du Christ. J’étais déjà allé à Kin plusieurs fois à la demande de Jan Goossens, j’ai eu l’occasion d’y ren­con­tr­er Serge en prospec­tant le milieu musi­cal. À dix-sept ans, il avait une force vocale indé­ni­able et une per­son­nal­ité touchante. Alain a directe­ment craqué et je lui ai pro­posé de par­ticiper à cette créa­tion. C’était un pari plutôt risqué étant don­né l’intensité du rôle, la longueur de la tournée et son manque d’expérience. Toute une syn­ergie s’est mise autour de lui pour que cela soit pos­si­ble tout en lui per­me­t­tant de suiv­re des études musi­cales de haut niveau, ce qui n’est pas pos­si­ble au Con­go.

Dans la foulée de cette aven­ture, Paul Ker­stens a pro­posé à Serge d’envisager un pro­jet qui pour­rait reli­er sa nou­velle his­toire occi­den­tale engagée dans la musique baroque (il habite aujourd’hui à Paris) et son his­toire con­go­laise.

J’ai enten­du une pre­mière étape de tra­vail rassem­blant Serge et quelques musi­ciens con­go­lais. Cette ébauche était sur­prenante et fonc­tion­nait déjà très bien comme un dia­mant brut qu’il fal­lait encore tailler patiem­ment. Nous nous sommes vus là-bas régulière­ment durant ces trois dernières années et j’ai tou­jours tenu Alain au courant de l’évolution de ce pro­jet. Dans nos ren­con­tres régulières je lui décrivais égale­ment un aspect que je n’arrivais pas à gér­er, le fait que les musi­ciens se met­tent tou­jours à danser lors de nos tra­di­tion­nelles resti­tu­tions publiques en fin de péri­ode de tra­vail. La musique l’a ému, il est ren­tré dans l’aventure et nous a rejoints à Kin en août dernier, accom­pa­g­né de Romain Guion, son assis­tant. C’était mag­nifique, les musi­ciens ont directe- ment ressen­ti son per­son­nage, sa sen­si­bil­ité, ses idées. Ils ont joué et dan­sé chaque jour presque sans lim­ite…

B. D. : Com­ment avez-vous procédé pour con­stituer cette équipe artis­tique qui se com­pose aujourd’hui de treize musi­ciens et un chanteur lyrique ?

F. C. : Paul Ker­stens et Rodriguez Vanga­ma con­nais­sent très bien la scène kinoise. Il y a eu beau­coup de péripéties parce que plusieurs fac­teurs s’entrecroisent. Les pre­miers sont la sen­si­bil­ité et la sou­p­lesse musi­cale afin d’entrer dans des con­struc­tions musi­cales très inhab­ituelles puisqu’il s’agit d’un métis­sage entre la musique baroque et con­go­laise. Ensuite la con­sti­tu­tion d’un orchestre à la fois homogène et var­ié dans son poten­tiel de couleurs et de vibra­tions expres­sives. Et puis, la sta­bil­ité des per­son­nal­ités pour vivre les tournées. L’équipe telle qu’elle est prête aujourd’hui est une com­bi­nai­son très har­mon­isée entre des per­son­nal­ités très dif­férentes. Ces musi­ciens, même si l’influence dom­i­nante reste con­go­laise, appor­tent des couleurs allant jusqu’à l’Afrique de l’ouest avec l’apport notam­ment du marim­ba.

B. D. : Ce n’est pas la pre­mière fois que tu mènes cette expéri­ence par­ti­c­ulière de métis­sage, de fusion d’univers musi­caux et cul­turels dif­férents pour arriv­er à quelque chose de nou­veau…

F. C. : C’est ma vie même ! Mon pain quo­ti­di­en ! C’est une pas­sion qui est au-delà de la musique puisqu’elle con­cerne la cul­ture au sens large avec ses aspects soci­aux et spir­ituels reliant des mémoires par­fois ances­trales. L’humain en est le cen­tre et la musique son éma­na­tion.

B. D. : L’enjeu est donc de trou­ver des musi­ciens qui ont cette capac­ité par­ti­c­ulière de pou­voir ren­tr­er dans cette démarche par­ti­c­ulière et d’assimiler cette fusion…

F. C. : …et on a beau­coup de chances dans l’équipe d’avoir Rodriguez Vanga­ma qui joue le rôle de chef d’orchestre et qui est la mémoire, la bib­lio­thèque du groupe. Rodriguez est sur scène le pili­er du groupe, un chef d’orchestre d’une nature dif­férente et gui­tariste hors- pair. J’aime beau­coup son élé­gance lorsqu’il dirige les musi­ciens. Sa sen­si­bil­ité trou­ve une place dans toutes les exten­sions musi­cales, il est prob­a­ble­ment le seul au Con­go qui puisse tenir ce rôle.

B. D. : Cette capac­ité par­ti­c­ulière néces­saire ne sig­ni­fie pas – j’ai pu le con­stater en assis­tant aux répéti­tions – qu’il faut avoir une for­ma­tion de type clas­sique et savoir lire des par­ti­tions, la majorité des musi­ciens du groupe ne lisent pas les par­ti­tions…

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Fabrizio Cassol
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